vendredi 22 août 2008

Opti Miss


Déja ti-bout de cul le terme me paraissait abject : Le club
« optimiste ».

Ce que j’avais appris de l’adjectif n’avait rien à voir avec les petits vieux qui se saoûlaient à Noël ou qui peuplaient les barbecues communautaires. J’imaginais un club de bienheureux plein de pensées positives aveuglément confiant en l’avenir même si de nous montrer leur ronflante silhouette et d’exhiber leur limité vocabulaire démontrais systématiquement souvent le contraire. Je suis certain qu’André Moreau et Jean-Marc Chaput y ont d’abord séjourné avant d’amorcer leurs carrières de communicateurs.

L’optimisme pour moi étais associé aux quelques heures avant un référendum, à l’avant-match d’un match Canadiens/Nordiques, à une pré-entrevue pour un emploi d’été, à un flirt dont on attendrais les échos. Un niveau d’attente excitant et plein de promesses heureuses quoi!

Il y avait deux types d’optimisme, l’optimisme appris à l’école qui me demandait d’être plein d’espoir et celui des petits vieux et petites vieilles que l’on confondais souvent avec les Lions ou les Chevaliers de Colomb. Plus jovialistes et orientés vers le bol de punch. Par une malheureuse association sonore le « Colomb » se transformais de nom propre en adjectif quand les soirées paroissiales devenaient trop arrosées. Quand un plus gris que les autres faisait honte à ses enfants en terminant les soirées souvent avec un discours tout ce qu’il y a de plus incohérent.

Mais probablement optimiste.

Hier mon fils m’a demandé pourquoi Céline Dion reçevait un diplôme en Musique de l’Université Laval :

« Pourquoi elle reçoit un diplôme, elle est allée à l‘école là ? »
« Euh…non fiston elle n’a même pas fait l’école secondaire… »
« Mais alors pourquoi le diplôme ? »
« ben…parce que…ben…parce qu’elle a réussi quand même dans la vie. Et très bien à part de ça car on la connait partout dans le monde de par son talent et…et….ses enfants ne manqueront jamais de rien …enfin… y vont manquer de nouvelles choses mais pas des choses qu’on pourrait complètement comprendre… »
« Comme quoi ? »
« De tranquilité, de petits bonheurs, de choses simples… »
« pourquoi ça va leur manquer ? »
« Parce qu’ils sont très très riches et ils sont probablement habitués à de très très grand bonheurs… et leur vie étant largement publique ils doivent maintenant composer avec les mouches beaucoup… »
« Pourquoi le diplôme si ils ont déjà réussi d’abord ? »
« euh…ben…pour faire prestigieux j’imagine…maintenant que Céline a réussi big time l‘Université essaie de s’associer à son nom pour réussir big time elle aussi. C’est comme un échange de services qu’ils se font »
« ..comme de la publicité papa ?…»
« Oui. Ce sont des putes »
« Elle habite Québec ? »
« Non. Los Angeles mais a grandi à Charlemagne…c’est pour les festivités du 400ème… »
« Le 400ème de Québec...Mais pourquoi donc si elle a jamais habité là ni été à l'école ?... »
« Laisse-faire Monkee tu as 9 ans, les putes tu comprendras plus tard »

Et là Céline a fait son discours. Un discours plein de pauses (et de poses)à des endroits incongrus, un discours aux mots chancelants et dont les gestes affectés auraient pu donner la nausée. Je suis devenu hyper inconfortable devant un « modèle » qui n’en étais pas un du tout. Pas de réussite scolaire en tout cas. Tout son texte trahissait qu’elle n’aurais jamais pu aller à l’Université . Pas même aujourd’hui. Pas avec cette tête à penser. Je me suis tourné vers mon fils et lui ai dit qu’il faisais déjà mieux qu’elle. Il m’a souri convaincu que je lui mentais. Son merveilleux regard aux yeux pers tout allumé. Sans pose affectée.

Tout juste avant de fermer la télé (parce que là ça devenait de plus en plus obscène) j’ai compris pourquoi on avait donné un diplôme à Céline.

Par optimisme.

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