mardi 14 octobre 2008

L'américain que nous voulons


Consommer les livres de Paul Krugman sans modération ne présente aucun danger pour la santé. Ils contiennent : une bonne dose d’analyse sur l’histoire de la polarisation politique américaine, une louche de propositions de réforme de la protection sociale aux Etats-Unis, des extraits de diverses substances actives contre les inégalités, le tout donnant un cocktail fortement neurostimulant, particulièrement recommandé pour tout Américain de plus de dix-huit ans qui dispose encore de son droit de vote.

Krugman vient tout juste de se mériter hier la prix Nobel d’économie. On lui doit entre autres œuvres la nouvelle théorie du commerce international, qui repose sur le commerce intra-firme et intra-industrie, les effets de réseau, et les situations de concurrence imparfaite. Krugman s'est fait surtout connaître du grand public par ses ouvrages de vulgarisation publiés depuis la fin des années 1980, où il s'attaque entre autres aux contre-sens économiques colportés par les think tanks, et grâce à son anticipation de la crise asiatique de 1997. Il est devenu réellement célèbre depuis son entrée au New York Times, dans lequel il écrit un éditorial deux fois par semaine ; il s'y est illustré comme l'un des critiques les plus virulents de George W. Bush et de l'accroissement des inégalités des revenus et des fortunes. Il s’agit d’ailleurs de toute une économie (jeu de mots volontaire) que de pouvoir le lire gratuitement sur le web en ces eaux économiques turbulentes.
Krugman a estimé récemment que la décision du gouvernement américain d'injecter 250 milliards de dollars dans le capital des banques s'apparentait à une redécouverte de Franklin Roosevelt, plutôt que de Karl Marx. Identifié à gauche, Krugman critique de longue date la politique de l'administration Bush en se rapprochant souvent du point de vue de l'opposition démocrate. Il a salué une politique qui "répudie" le libéralisme "dur".


Ce prestigieux prix international, le prix Nobel, est un appui supplémentaire à l’égard de ceux et celles qui s’opposent ouvertement aux politiques de l’administration Bush. Pour le peuple Américain il s’agit à la fois d’une bonne et d’une mauvaise nouvelle. Bravo le lauréat vient de chez nous mais Ouch! Ses travaux critiquent massivement notre économie de l’intérieur et pire! Le marché financier lui donne raison!
Sur les Républicains il applique un discours qui pourrait s’appliquer à nos conservateurs :
« Il y a deux ans, les gens parlaient encore d'une domination permanente de l''aile droite sur la politique américaine. Mais depuis, les Américains ont compris les conséquences du règne des ¬ultra-conservateurs. Ils les ont vus entraîner le pays dans une guerre qui n'aurait jamais dû avoir lieu. Ils les ont vus laisser se noyer l’une des plus grandes villes d''Amérique; ils ont vu la corruption gangrener la vie politique; ils ont vu l'hypocrisie de ceux qui nous font la morale. Et ils leur ont dit non. Tout simplement »
J’espère très fort que la fin de cette journée d’élection se clôturera par un échec Conservateur.
Il est possible de lire Krugman sur son site du NY Times, sur le site de l’université de Princeton où il enseigne l’économie et au travers de ses ouvrages ici listés :



-L'économie auto-organisatrice 1998, 128 p
-L'âge des rendements décroissants 2000, 206 p
-La mondialisation n'est pas coupable : vertus et limites du libre-échange,2000,218p
-Pourquoi les crises reviennent toujours 2000, 213 p
-L'Amérique dérape, 2004, 493p
-Économie internationale 2006 , 713 p,
-L'Amérique que nous voulons 2008, 354 p

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