vendredi 24 octobre 2008

Le Président et les savons


C'étais la visite du grand président de la compagnie.

Celui que l'on voit seulement cinq ou six fois par année. Celui qui a le plus beau et le plus gros bureau mais qui n'y est jamais car il fait le tour du monde tout le temps. Celui que l'on voit à la télé et que parce qu'il passe à la télé a comme installé une sorte de filtre non officiel entre le simple employé ordinaire et lui-même. Il ne se la joue pas tellement big shot et semble même un peu seul au sommet. C'est à cause de son titre qui intimide ceux et celles qui n'ont que ça des patrons. Lui c'est le patron des patrons comment on l'aborde? Comment on le triche? Peut-on lui faire la blague du moine tout nu chez les nonnes?

Il essaie très fort de s'intégrer. Mais toujours plutôt mal. Comme l'autre fois quand il a demandé à une jeune fille ce qu'elle écoutais dans son IPod. A la fois pour faire un contact franchouillard avec une subalterne, à la fois pour être vu et aimé comme le patron sympathique et surement secrètement aussi pour se donner une raison de regarder librement un décolleté porté plutôt bas. Ce que son visage rougissant fortement trahissait grandement. Quand elle lui a répondu qu'elle écoutait de la musique latino qu'elle aime beaucoup, déjà à court de répartie tout ce qu'il a trouvé à lui dire fût: "oh c'est bien c'est bien...on mettera ça tantôt pour écouter tous ensemble..." a -t-il dit de plus en plus timidement avant de retraiter vers ses quartiers. Sa phrase ne faisait aucun sens, étais-ce un reproche? où voulait-il bien que l'on écoute cela tous ensemble? comment? et surtout pourquoi? pour danser la samba dans les bureaux? Inconfort. Y a un mot en anglais pour ça "Awkward".

Dans sa vidéo-conférence matinale, un récent matin, il nous as communiqué ses craintes mais surtout ses solutions afin de contrer la crise financière mondiale actuelle. Des solutions superbement simplistes comme la cessation des formations externes comme les formations sur des nouveaux programmes informatiques, les formations sur le leadership des gérants de division etc. La fin du perfectionnement quoi. Décourageant de savoir que ça arrive trois semaines trop tard alors que j'excelle en Excel et je sais maintenant faire des tartes et des graphiques déprimant après avoir subi pendant deux jours des formations tristes à tuer. Le moment fort de sa vidéo-conférence:l'aplomb mou de son "we are on ze side of the winners and we vill be strong in that crisis because we have a powerful team" dit avec son gros accent Allemand et en baissant le regard comme la femme battue avant la gifle. Quelques mots soulignants les bons coups récents de la compagnie ont suivi, lus car il serait impossible pour lui probablement de se les rappeller autrement.

Voilà qu'aujourd'hui on allait présenter la nouvelle ligne de produit 2009 qui devrait révolutionner le monde autant que Janet Jackson a révolutionné le nichon en sillicone exposé. Après pas mal de crêmage, beaucoup de poudre aux yeux, quelques mannqueins aérobiques qui nous ont fait bouger mais surtout fait pesner à la blague du moine nu et de la nonne, voilà la présentation du dit maladroit président.

Président qui fût à la hauteur du joggeur s'engouffrant dans les sables mouvants.

Après un discours au sourire sympathique mais au propos technique qui a engourdi tous ceux qui venaient de se dégourdir il a enchainé avec une délicieuse bourde qui a rallumé les singes.


Faisant référence au numéro 2 de la compagnie, le patron du patron du patron des deux patrons qui sont mes patrons-un homme extrèmement timide, fort important pour la compagnie et aussi très obèse il a pondu ce bijou de mauvaise interprétation:

"Bon...Vous connaissez tous Bill Delisle...Je n'oserais pas lui demander de venir sur scène...Ce serait trop lui demander..."
L'explosion de rire fût unanime et si spontannée et bruyante que je crois qu'on a fait trembler la plafond. Bien qu'il eût voulu faire référence à l'extrème timidité de Bill, on a tous choisit de comprendre qu'il fasse référence à son obésité. Le fou rire ne finissant plus dans la foule en délire, le président, habituellement toujours souriant mais maintenant insulté par la plèbe et rouge comme une tomate multipliant les phrases sans verbes ponctué de "No...No..." avaient dans les yeux l'envie de la cassette vidéo de la vie que l'on recule.

C'est là qu'il aurait dû raconter la blague du moine nu et de la nonne. Il a plutôt choisit de réinventer l'ennui au point de faire passer L'Auberge du Chien Noir pour du divertissement.

La blague du moine nu et de la nonne? Bon puisque TVA vous offre encore des textes signés Stéphane Laporte je vous l'offre tout à fait gratuitement (puisqu'ici aucun achats n'est requis)

Deux moines prennent leur douche. Le premier dit au second:
"Zut il n'y a plus de savon va en chercher au bout du couloir dans la penderie mais organise-toi pour ne pas te faire voir."
L'autre moine part tout nu dans le couloir (car les serviettes avaient toutes été réquisitionnées par les pêcheurs qui s'auto-flagellais avec) et va récupérer deux savons. Sur le chemin du retour bien entendu trois nonnes se pointent. Cerné, le moine nu se place le long du mur et pose afin de feindre d'être une des statues bordant le couloir.
L'une des soeurs remarque la nouvelle statue.
"mais non!" dit l'autre en tirant sur son pénis et faisant ainsi tomber un des savons "Tu vois bien c'est un distributeur à savon!" La troisième fait de même lui secoue le bambou et force ainsi un second savon à tomber de l'autre main. Quand la première, qui voulait un savon elle aussi a secoué, secoué, secoué, secoué, secoué, secoué elle fût surprise de ce qui se déversa du robinet
"...aaaaaaah c'est aussi une distributrice de shampooing!"

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