lundi 17 novembre 2008

Les limites (assez)


“J’ai des limites comme tout le monde, c’est juste que les miennes arrivent toujours un peu plus vite”

C’est Yvon Deschamps qui nous disait ça la première fois.

C’est le nerf de la guerre entre l’amoureuse et moi quand vient le temps de parler ménage. Je peux vivre beaucoup plus longtemps avec une assiette dans l’évier ou avec un pantalon sur une chaise qu’elle. Ses limites d’intolérance sont atteignables pas mal plus rapidement à la maison que moi.

Quand j’ai entendu la triste ex-juge Ruffo la semaine dernière qui y allait d’un passionné plaidoyer pour que les enfants soit aimé à domicile (parce qu'envoyer un enfant en garderie ce doit être l'avoir en aversion...) j’ai eu un malaise. Le mot «déconnectée » m’est venu à l’esprit. Elle s’opposait vivement à la mission du PQ de faire un enfant = une place en garderie. Que l’on attaque le PQ sur la faisabilité de la chose c’est correct, il n’est vraiment pas certain que cela soit réalisable. Mais que l’on attaque sur le « mal » que représente une garderie me met tout à l’envers. Mes deux enfants ont été en garderie le premier à l’âge de 8 mois et la seconde à l’âge de 1 an.

Mathématiquement ça ne pouvait pas être autrement. L’amoureuse perdait 700$ de salaire par mois à rester à la maison (car le gouvernement ne rembourse que moyennant un certain plafond)et mon salaire de crève-faim dans le milieu de la télé ne pouvait se permettre d’être coupé de moitié.

il n’y avait tout simplement pas d’autres avenues.

Et avec nos salaires d’aujourd’hui je referais fort probablement la même chose.

Jamais il ne me serais venu à l’esprit de m’en trouver coupable et je ne pourrais jamais m’excuser d’avoir agit ainsi. Question de salaires, question de survie. Notez le “s” au mot “salaire” Parce que nous travaillons tous les deux et qu’une vie , malheureusement, ça se paye en 2009. On a une splendide relation avec nos deux enfants et ils ont une fantastique capacité d’adaptation avec les autres comparée à ses enfants laissés dans les jupes de maman ou papa pendant 1 ans, 2 ans 3 ans. Je ne dis pas qu’ils sont tous ainsi; mais un peu comme les garçons côtoient les filles en société il est donc important de les mélanger ensemble à l’école; le plus tôt les jeunes sont mis en interrelation entre eux le mieux ils savent se comporter en société.

Quand j’ai exposé ceci on m’a dit que je n’aurais jamais dû faire des enfants si j’étais en mode survie…quel raisonnement douteux. Faire 4 enfants, 5 enfants je dis pas mais un seul ? On a bien la survie qu’on peut supporter. A 27 ans ce n’étais pas un grand luxe d’avoir un garçon. A 31 avoir une fille non plus. Si j’avais pu j’aurais essayé de les avoir bien avant mais voyez-vous la vie ne nous fait pas de cadeau et si il avait fallu que j’attende que le marché du travail m’ouvre grand les bras là où je voulais qu’on m’attende, je serais aujourd’hui sans enfants. Je ne peux quand même pas attendre que j’ai « assez » d’argent pour subvenir aux besoins de mes enfants. Pourquoi? Parce que c’est combien « assez » ? Bernie Ecclestone ne le sait pas, les grandes pétrolières ne le savent pas, les banques encore moins. Alors vous ? vous le savez ?

Le plus bel acte de subversion que l’on peut faire à notre société qui ne parle de que profits et de crédit en 2009 EST de faire un enfant.

Freiner les élans professionnels de toute une génération c’est une chose mais les élans familiaux ? y a des limites.

Ce week-end j’ai côtoyé beaucoup de gens de 60 ans et plus. Ça m’a frappé comme une tonne de brique que mes parents, les parents des mes amis étaient maintenant des ainés. Avec leurs limites. On ne peut pas se parler de Ipod ou d’ordinateur excessivement longtemps. Ils se répètent beaucoup, écoute moins qu’ils ne vont au fond de leur pensée. Pensée qui bien souvent se rattache à des repères anciens. Des anecdotes d’antan comme si le temps s’achevait et qu’il fallait se rappeler. Un réflexe naturel de vouloir fouler des sentiers connus, déjà empruntés. Comme si le monde qui les entourait étais devenu si étranger à leurs repères qu’il leur fallait se raccrocher à un « avant » plus facile à comprendre mais surtout à accepter.

Je n'ai pas connu mes grands-parents, je découvre donc les limites des ainés.

Ruffo parle d’un autre âge, celui ou madame ne travaillait pas.
Ce n’est pas du tout 2009 son discours.
Ça colle bien à l’ADQ.

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