lundi 8 décembre 2008

Dimanche entre amis lointains (et une souris morte)


"Donnes-moi donc un sac s'il-vous plait mon amour" m'a demandé l'amoureuse du haut des escaliers.

"Un sac de quoi?"

"Un sac de cochonneries"

Je lui ai donné sa sacoche. Elle n'a pas ri. Elle tentait d'assembler un meuble pour Punkee mais ne pouvait quand même pas me tenir rigueur de ne pas l'aider. Je ne peux être tenu responsable de son incapacité à occuper un temps libre un dimanche. Elle doit aimer assez fort ce qu'elle fait la semaine au boulot pour tenir à se faire chier les week-ends ainsi. Connaissant moi-même la valeur d'un dimanche je lisais de bout en bout mon journal comme il se doit restant collé aux pages artistiques plus longtemps qu'à l'accoutumée.

Page 6 un ami qui lancait un nouveau film et qui s'attirait les éloges des critiques même si le public ne sera assurément pas au rendez-vous. Du moins pas les foules. Les grands ne sont jamais 100% populaires de toute façon. Page 9 une chanteuse qui s'était amourachée de ma personne en 1992 mais dont la lettre d'amour qu'elle m'avait envoyée étais bêtement et platement restée sans réponse. Elle lance ce mois-ci un album inspiré de Noël. Elle est restée belle. On aurait pu faire un bout de chemin ensemble. Je lui avait fait des aveux, elle aussi.
On s'étais laissé sans suite (a moins qu'elle n'ai écrit ceci pour moi un an plus tard mais j'en doute absolument.).
Page 12 un livre-dvd des laboratoires du Docteur Crête duquel j'ai toujours trouvé la folie contagieusement délirante. Et amusante, et agréable et baba-cool et merde je me dois d'aller me chercher ce livre-dvd c'est un condensé de folie dont je doit me nourrir. Je me pointe chez mon libraire préféré et en me saisissant du journal VOIR qui trainait tout près je découvre une autre amie en une de journal pour y faire la promotion du livre culinaire qu'elle a mis en valeur de par son excellente photographie (DOUM you ROCK!). En scrutant le dvd accompagnant le livre du Docteur Crête, je m'apperçois que le documentaire a été tourné par une amie, ancienne collègue de banc d'école.

Décidément...

Croiser autant d'amis du regard sans même qu'ils croisent le mien.
34.95 Les Laboratoires du Docteur Crête
24.95 le livre de cuisine de l'amie Doum...Ça me fais bien 60$ avec les taxes...

Je passe mon tour. On est en crise, j'en ferai des prises de potentiels certificats cadeaux du temps des fêtes.

Le cellulaire vient brimer mon remord de ne pas aider mes 'zamis 'zartiss. C'est l'amoureuse.

"Quand tu rentrera les pneus d'été dans le cabanon tantôt t'en profiteras pour rentrer la passe de la piscine"

Tristement 450. Qu'es-ce qu'elle ne sait pas occuper un dimanche. Faudra que je lui montre.

De retour bredouille (mais pas complètement quand même) avec Coeur de Pirate qui me chatouille l'oreille, je vais chercher la passe de la piscine qui doit geler dehors accotée sur la clôture au fond du terrain juste avant la dompe depuis au moins un mois. Pourquoi je l'avais laissée là donc? En la saisissant je me rapelle. En fait quand la souris morte, parfaitement conservée par le froid, tombe à mes pieds. Je pousse alors un cri de fille et fais deux pas de danse qui m'aurait valu le sobriquet de "fifi" facile si on m'avait vu. J'avais gardé le specimen (trouvé il y a plus d'un mois finalement) dans le skimmer de la piscine afin des tester si l'amoureuse n'a effectivement pas peur de ses petits rongeurs comme elle le prétend. Une chose est certaine, moi j'en perds le peu de virilité qui m'habite.
Même morte une souris me fait trembler comme une faute de français fait faire dans sa couche Denise Bombardier (et elle est à TVA??? Kamikaze va! OUF!) J'ai beau essayer de reprendre la souris avec la passe je ne réussi qu'a la pousser. J'ai l'air d'une mémé qui pousse un balai de curling pour la première fois.
Je finis par réussir un lancer du poignet dans la lucarne d'un arbre du terrain de la dompe. La petite souris morte reste prise entre une branche et le tronc.
Couchée sur le dos.
Endormie au soleil.
Misère je l'aurai en pleine face tous les matins.

La petite neige vient lui faire une barbe. Je reste tout bête devant le monstre qui dort. Je me penche doucement pour lui voir la bette, pour voir si elle est bien morte
Ma belle me crie quelque chose à ce moment et je sursaute échappant un cri rauque d'esclave dominé par le fouet.

"T'as tu besoin d'un sac de cochonneries pour des affaires qui trainent dehors ?" me fouette-t-elle.

"En fait, passe-moi ta sacoche..."

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