jeudi 22 janvier 2009

Cheveu


Il est né en Jones dans le froid sur un air du groupe Chicago en 1972.

Color My World.

Duvet, il ne se doutait pas que le titre de cette chanson allait incarner les attentes existentielles face à son prochain de celui qui l’hébergerait toute sa vie. Pas plus qu'il ne se doutait d'être lui-même coloré au sens propre 36 ans plus tard.

De plus en plus peuplé de confrères du haut du crâne, Cheveu en a bavé. De fonds de casques de hockey en fond de casquette en bandeau gypsy mais rare en coup de peigne, il a vu son maitre sacrer avec rage devant des miroirs de plus en plus enclins à faire naitre la frustration chez son vis-à-vis. Lui ne s’en faisait guère. Il restait fin et même un peu à plat.

Indomptable, sec et même bien souvent rebelle, il a goûté à l’eau aussi souvent qu’il a pu. Même lorsque certaines piscines municipales forçaient son propriétaire à porte un étouffant casque de bain. Son propriétaire se plongeait la tête dans le creux et « perdait » son casque le temps que l’eau épouse ses racines qui obligeait le devoir de fraicheur de l’eau dans la crinière. Son propriétaire étant aussi rebelle que certains de ses collègues de crâne qui se tenaient en couette, il a souvent été négligé jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Ayant connu leur heure de gloire groupée vers 1987-1988 le temps, incontrôlable variable, est venu faire du ménage dans les troupes.

Lentement et avec beaucoup de subtilité les voisins de crânes se sont éparpillés. Probablement déçus par les aléas de la vie, quelques-uns ont fui par le trou du bain. D’autres ont péri sous les coups du grand peigne faucheur. D’autres n’ont averti personne et se sont poussé en cachette dans les draps ou ailleurs.

Si bien que la tête du propriétaire n’a plus jamais été la même. D’autant plus que celui-ci eût gonflé substantiellement épousant la lourdeur de la banlieue et du bureau. Se reconnaissant de moins en mois dans le terrain devenu trop vague du crâne qui le logeait il a bien tenté de se réinventer dans la couleur avec la complicité de son tuteur. Ça l’a ravi. Il s’est senti tel un born again hirsute pendant un bout de temps. Mais à force de se fendre en quatre perpétuellement il a vieilli prématurément. Ses amis du bas-de-la-tempe ont blanchi. La totale dans les voies d'accès.

La sagesse dans les yeux de certains, les yeux doux chez certaines femmes, un certain regard affolé chez ceux que l’on ne voit pas souvent. Un accord visuel relatif entre là où il logeait (dans le jaune pâle) et le bas-de-la-tempe, désormais pâle aussi. Une envie d’unifier tout ça par le gris de la part du propriétaire, rappelé à l’ordre par sa délicieuse partenaire. Partenaire qui elle, n’a tellement pas ce problème que, telle un dirigeant de Rio Tinto,elle se permet de limoger à grand coup de séchoir des trentaines de cheveux par matin.

N’est-ce pas merveilleux être riche à ce point à ce niveau ? se disait le cheveu Jonesien.

Jusqu’au jour où il en eu assez de vivre dans le misérabilisme désertique. Il s’est dit avec justesse que tout étais une question d’attitude dans la vie. Qu’il fallait foncer sans penser à hier et en préparant demain. Mordant dnas le maintenant. Avec ardeur. Toujours. Là, tout de suite L'intensité n'avait jamais manqué dans le 5 pieds 10 plus bas de toute façon.

Au diable la finesse éternelle. Si les autres pouvaient quitter sans tracas le crâne pour le grand monde libre d’attache et tromper le balai ou l’aspirateur qui assureraient la vie en dépotoir, pourquoi lui ne tenterait-il pas sa chance ? Les menaces de son propriétaire de se les arracher ou lorsqu’il le faisaient tout simplement dans des situations de plus en plus corsées au bureau en seront venus à bout des ambitions de cheveu.

Il plongea dans le vide le 22 janvier 2009.

Directement dans la soupe.

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