vendredi 6 février 2009

Inexistant


C'étais 1976.

Papa et maman riaient beaucoup en regardant les films de Louis de Funès et comme il en aimait le son (loo-wee)et que fiston inspirait le rire autant que de Funès, papa et maman décidèrent de la baptiser Louis.

Personne ne se doutait encore qu'à ses 6 ans son nom ne lui appartiendrais plus.
Après 13 ans comme coureur cycliste international et le titre de champion canadien en poursuite individuelle, un ancien cycliste professionnel lançait sa compagnie portnat son nom. Comme il partageait le même nom de famille que Louis, ce qui étais amusant pendant une dizaine d'année est devenu un cauchemar pour Louis de Sept-Iles.

Élevé devant la télévision, Louis et sa soeur cadette savaient tous deux très tôt qu'ils ne resteraient pas à Sept-Iles toute leur vie. Pas si ils voulaient que papa et maman les voient de dedans leur télévision. Si la soeur de Louis étais la "belle" du village, Louis n'avait pas été terribelement gâtén par la nature. Un drôle de nez, tout en jambes et un tronc minuscule, et une voix au vocabulaire, disons restreint... Des tels atouts de comiques que l'on s'attendait perpétuellement à ce qu'il fasse rire. Ce qu'il faisait, bien souvent malgré lui et pour les mauvaises raisons. Parce qu'il chantait "I Love the Tiger" au lieu de "Eye of the tiger" parce qu'il disait un "bidet" au lieu de "pichet", parce qu'il le renversait sur ses amis avec ses bras trop longs et les tables trop petites à l'adolescence.

Sa soeur a quitté la première pour Montréal. Pour l'école de théâtre où elle a eu toutes le facilités du monde. Parce qu'elle étais jolie, avenante, et inspirante. Louis pour sa part avait été recalé à son auditon pour l'école de l'humour. Après un certificat d'un an en communication dans la grand' ville il avait choisit d'opter pour Joliette et l'école de journalisme.

Là il a connu se plus belles années. A faire la fête, à s'amuser, à apprendre. Le métier de journaliste télé, appprendre le rejet aussi. Tout le monde couchaient avec tout le monde entre étudiants. Mais pas Louis et sa drôle de tête. Son poignet restait sa plus stable partenaire. Et ce pour la vie.

Une fois gradué, il avait envoyé ses curriculums vitae dans la grand ville. TQS, le prenant pour l'autre, lui avait signalé qu'il ne prendrait pas un homme d'affaires sans expérience pour le transformer en journaliste. TVA avait fait pire en le refusant poliment, aussi sans le rencontrer, tout en lui signalant par écrit qu'il était un peu étrange de la part d'un homme d'affaires ayant connu le succès de se proposer comme journaliste. Visiblement personne ne s'était donné la peine de visionner son démo visuel. Ne serais-ce que pour démystifier le lui de l'autre Louis.

Radio-Canada avait fait ses devoirs. Après avoir constaté avec effroi que la tête de Louis ne serait pas vendable à la société d'état, avec un peu d'aide de sa soeur qui tournait régulièrement dans les studios de la SRC et avec succès, Louis se trouva un job.

On le renvoyait toutefois à Sept-Iles. Et à la radio. Comme journaliste à la pige.


Avec la triste impression de se faire renvoyer chez ses parents parce que trop "junior", Louis s'est quand même acquitté de sa tâche à coup de un reportage par mois, puis un aux deux mois. Sept-Iles n'étant pas une ville grouillante d'actualités.
Se parents le prenant en pitié, voyant la plus jeune fleurir sur leur écran cathodique et le plus vieux manger son pain noir, ont payé à Louis un voyage tout payé dans le sud. Avec grande maladresse quand même puisque son séjour à Cuba couvrait la période des élections qui donnaient à Sept-Iles 9 reportages dans la même semaine. Quand il est revenu. Plus brûlé que bronzé, il a dû se battre pour reprendre son rang parmi les journalistes. Une fois choses faite, son premier reportage semblait sans vocabulaire, incertain, confus et disons-le, amateur.

Comme si les mots le fuyaient.

Sur la 138, un soir de pluie de juillet, Louis s'est tué en voiture.

TQS a annoncé la mort de l'homme d'affaires et ancien champion cycliste puis s'est ravisé. TVA a non seulement annoncé la mort de l'homme d'affaires et ancien cycliste en continu tout un samedi, mais a même forcé l,autre Louis à faire une conférence de Presse afin de spécifier qu'il n'avait pas trépassé. TVA a fait des excuses sans jamais détailler la réèlle identité du défunt. Journaliste à une station concurrente de toute façon.

Vivant il aura été pris pour l'autre.
Mort il n'aura même pas la chance d'exister davantage.

Même les deux Felix Séguin, journalistes, n'ont pas eu de pensées pour lui.

Qui n'aura peut-être jamais existé complètement.

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