vendredi 24 juillet 2009

Les marches du palais


"Hey pourquoi vous ramassez jamais ce qu'il y a dans les marches?" a demandé la reine à ses disciples.

"Duh?" ai-je bêlé, extirpé de mon (fabuleux) roman écrasé dans la verrière comme seuls les vendredis-fin-de-journée-chaude-et-humide le commandent.

"Vous attendez que je le fasse?" a-t-elle rajouté.

Il faut savoir que je suis un giga-expert du saut d'obstacles dans les marches d'escalier. Un véritable champion. Quand on offre à des amis le gîte et qu'ils viennent dormir chez nous des soirs de semaines, moi qui me lève aux aurores et qui prépare les déjeuner des mousses avant de quitter, je le fais avec une dextérité et un pas silencieux qui relève pratiquement de la ballerine. J'oserais dire que c'est un art. Humblement, j'ai été beaucoup félicité sur ma discrétion sans jamais que quiconque ne comprenne que les meilleurs amants savent se pousser en se confondant avec les murs. Mon talent est méconnu et visiblement incompris.
Quand il vient le moment de monter ou de descendre les marches je ne fais que pousser l'élégance de mon entrechat et le transforme presque en arabesque. Nureyev me regarde du ciel et rougit je vous jure.

Je dirais qu'une fois sur trois c'est parce que j'ai déjà les mains pleines. Je dirais que la seconde possibilité c'est que j'ai le nez dans un livre et que je danse mon chemin dans les marches un peu à l'aveugle (avec agilité et talent toutefois). La troisième option c'est que je n'en ai tout simplement pas envie. Un petit voyage les mains vides de temps à autre, que ce soit en haut ou en bas, ça fait du bien des fois.

"Chérie je sais juste pas si tu veux que je monte le stock ou si il faille que je le descende, alors au lieu de te le demander tout le temps ou si t'es pas proche..."

Ah oui quatrième option: je peux être d'une lâcheté malveillante aussi.

Mais là faut savoir.

"Les sacs de camps de jour des enfants vont en haut?"

"Oui tes parents viennent en fin de semaine pour le reportage sur ton oncle véreux et je ne veux pas que les sacs trainent dans l'entrée."

"Vont où en haut?"

"Mets-les dans la chambre des enfants"

"Et...Et les verres et le pichet? Ça va dans le sous-sol?"

"C'est de la marde ce pichet là, c'est ma grand-tante qui me l'avait donné pis y verse tout croche, quand on le penche toute coule partout, les verres c'est les verres qui allaient avec: vidanges"

J'ai de la misère à jeter du encore valide. Ces verres là en plastique prétenduement trop gros sont juste le bon format pour mes sangrillas autour de la piscine.

J'ai donc confiné tout ça dans le garage dans le coin où je garde mes vieux vinyls de Genesis et mon miroir taillé en forme du signe des Nordiques de Québec.

"T'as jeté tout ça hein?"

"oui, oui" ai-je menti.

Un ange avec une enclume sur le dos a survolé le salon.

"Un jour je vas te vider ça ton miroir des Nordiques pis tes cochonneries..."

Elle me connais trop cette chipie...

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