samedi 10 octobre 2009

Projeter du rêve


À 5h55 AM nous étions quelques valeureux parents dans les gradins de l'aréna Duclos.

Un samedi. Faut aimer nos enfants en...

J'en écoutais quelques-uns coacher des gradins.

"Backcheck Michael!!! Keep your head up!! Patine!!!"

"Ton bâton à terre Fabrizio!!! Stick down!!"

La plupart hurlent leurs recomendations à leur enfant sur glace en pleine pratique. Un peu comme un parent crirait par la fenêtre sa propre version des propos d'un professeur à l'école. Je voyais surtout plusieurs parents faire de la transposition de rêve. De la pure projection de leur propre aspirations. Pour au moins un de ses jeunes joueurs de 10 ans c'est un handicap car il cherche perpétuellement le regard de validation de son père dans les estrades. Après à peu près chaque geste qu'il fait sur la glace.

C'est fou la pression qui est mise sur petites bêtes.

Sur certaines grosses bêtes aussi.

Hier on a donné le prix Nobel de la paix à un président qui n'a encore réussi à mener à terme aucune de ses réformes, et dont le pays est empêtré dans deux guerres à l'issue pour le moins incertaine. Un homme plein de bonne intentions, c'est vrai, mais qui ne les as pas accomplies. Désarmement nucléaire, lutte contre le réchauffement climatique, dialogue entre les peuples et les religions, la paix au Proche-Orient, le rapatriement des troupes d'Afghanistan, la création d'emplois en sol Étatsuniens, relance de l'économie de par le monde, voilà autant de projets sur lesquels Barrack Obama compte plancher (et planche déjà un peu peut-être)mais qui n'ont pas du tout de gage de réussite.

Pas encore du moins.

Et ce n'était pas non plus une anéée de vache maigres. Il y avait de très bon candidats. Un médecin qui soigne des victimes de viol au Congo ; un ancien alpiniste qui combat l’islamisme en construisant des écoles ; une avocate colombienne qui plaide pour un dialogue avec les FARC, kidnappée (puis libérée) par des paramilitaires ; un électricien chinois qui a fait de la prison pour s’être opposé au régime…

Le comité Norvégien qui sélectionne les gagnants de ce prix (qui a perdu un peu de son prestige hier) fantasment fort. Un peu comme ses parents qui voient leur fils dans la LNH un jour, en lui offrant le bonbon avant l'accomplissement ils obligent maintenant Barrack à gagner ses batailles. Obama est forcé de réussir et jusqu'à maintenant on ne peut pas dire qu'il ait eût la main haute ne serais-ce que sur ses propres réformes internes.

Comprenons nous bien, on souhaite tous que la paix soit installée au Moyen-Orient for good. La plupart souhaitent aussi le retrait des troupes étrangères en sol Arabe. Troupes qui ne régleront rien. Comme les Russes des années 70-80 n'ont rien réussi à faire au même endroit. On souhaite tous que Barrack soit le bon bougre, la colombe couleur café qui unira le monde.

Mais le récompenser maintenant c'est un peu comme de donner à Radiohead le prix du meilleur album parce que le prochain album à enregistrer et lancer sur la marché est annoncé comme époustoufflant. Ou comme parler des séries pour les Nordiques alors qu'un nouvel aréna n'est même pas annoncé dans la vieille capitale.

On a récompensé des promesses hier. Et on connait tous les promesses de politiciens.

Ça commence comme du beau glaçage sur un gâteau et souvent plus la lumière est accentuée sur le produit, plus le glaçage fond. Jusqu'à ne plus exister.

Espérons que les espoirs du comité de sélection du prix Nobel ne soient pas les mêmes que ceux des North Stars du Minnesota qui avaient repêché au tout premier rang Brian Lawton en 1983.

Des espoirs déçus.

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