samedi 28 novembre 2009

Gilles Carle (1929-2009)


C'était la fierté de Maniwaki où il est né.

Élevé à Rouyn-Noranda en Abitibi-Témiscamingue, il déménage à 16 ans à Montréal pour étudier le dessin à l'École des beaux-arts puis à l'École des arts graphiques de Montréal. Après avoir étudié en Lettres à l'Université de Montréal, il participe dans les années cinquante à la création de la maison d'édition l'Hexagone qui publie notamment à l'époque les oeuvres de poêtes comme Gaston Miron. Après avoir travaillé comme graphiste à Radio-Canada à partir de 1955, il joint l'Office National du Film du Canada en 1960 où il est d'abord recherchiste, puis scénariste avant de réaliser plusieurs documentaires.

Son premier long métrage de fiction est un détournement de mandat. Chargé de tourner un documentaire sur le déneigement et les équipes de déneigement à Montréal il demande au comédien Guy L'Écuyer de se pacter la fraise et de se méler aux vrais déneigeurs en se faisant passer pour un patron des opérations. Carle tourne quelques scènes de fiction avec Paul Hébert pour mettre de la chair autour de l'os de son film qui deviendra le classique La Vie Révée de Léopold Z. Il quitte l'ONF en 1966 pour les Productions Onyx avec lequel il scénarise et réalise Le Viol d'une Jeune Fille Douce (1968), Red (1970) et Les Mâles (1971) qui sont d'indécrottables reflets de l'époque au Québec.

Gilles Carle est l'un des premiers cinéaste/auteur au pays-qui-refusera-deux-fois-d'en-devenir-un.

Les années 70 offrent La Vraie Nature de Bernadette, La Mort d'un Bûcheron et la Tête de Normande St-Onge. Chaque film semble faire naître un talent inavoué chez ses interprêtes. Le premier film met au monde Micheline Lanctôt, le second révèle Willie Lamothe, l'acteur même si c'est la Filiatrault qui vole toutes les scènes dans une perfomance extraordinaire. Le dernier film nous fait découvrir pas seulement la tête de Normande St-Onge mais aussi le corps de Carole Laure, sa muse de l'époque. Les deux Pilons lui doivent aussi toute leur carrière n'étant de leur propre aveu "que deux bums cherchant la bataille qui ont maintenant la chance de le jouer à l'écran" entre les mains du magicien Carle.

Les années 80 sont cruelles pour les héros des années 60. Carle adapte Roger Lemelin avec Les Plouffes puis Louis Hémon avec Maria Chapdelaine. Ensuite il plafonne.

Doué pour la scénarisation et la création de personnages complexes mais authentiques à leurs réalités culturelles, l'œuvre de Gilles Carle est celle du conte, de la fantaisie, de la fable sociale amusée. Il est un incontournable du cinéma d'ici.

Depuis 1991, il est atteint de la maladie de Parkinson, une maladie dégénérative, qui paralyse peu à peu ses mouvements et le rend inapte à parler et à marcher.

Ce n'étais qu'une question de temps avant que le ciel ne le rappelle à l'ordre.

C'était la fierté de Maniwaki où il est né.
Et où il est décédé entouré de ses proches dans la nuit d'hier.

Encore chanceux sommes-nous qu'il ait immortalisé notre Québec en quelques 30 films.

Pour toujours et à jamais.

Aucun commentaire: