mercredi 16 décembre 2009

Mourir d'inutilité


"Ha papa!!! je mourridshow" a dit Punkee prise en pain dans habit de neige.

"quoi?"

"Zé trop chaud!"

"Peanut, c'est "je meurs de chaleur" qu'il faille dire pas Jmouridshow"

"Ze meurs de saleur d'abord"

"T'es encore jeune mais ça ne te donne pas le droit de parler comme Benoit Brunet, jeune brebis"

Mouridshow...

C'est quand même beau. On dirait un nom d'arrondissement en Mauritanie. Ma fille fait souvent semblant de parler en anglais et ça donne des mots de la sorte qu'elle invente. Mourridshow, yabitchasé, lovyplanchi, mekondontsé.

Inutile mais bon, comique.

Je me souviens plus jeune, quand j'avais à peu près 7 ans, je traduisais les noms des chanteurs ou des groupes de musique pour le plaisir et je chantais les paroles de leurs chansons en français sur le chemin de l'école. Ainsi Supertramp devenait SuperClochard et leur chanson Breakfast in America devenait "Déjeuner en Amérique"

"Jette un regard à ma blonde,
C'est la seule que j'ai trouvée,
Pas grand chose comme blonde,
Toujours l'air un peu écoeurée...
"

Bon sang que je devais être détestable. Presque aussi détestable que celui qui a inventé le mot "gourgane" (je ne sais pourquoi mais ce mot me met hors de moi).
Avoir eu 15 ans j'aurais voulu taxer le petit cul qui se trouvait fin à traduire les chansons du genre si je m'étais croisé.

C'est ce qu'un ado d'à peu près 15 ans a voulu faire en me croisant. Il m'a entendu chanter comme un imbécile en coupant sur le terrain des pères Jésuites et a voulu me faire un mauvais parti. Comme j'étais effectivement plus rusé que lui je l'avais battu de vitesse et m'étais faufilé en courant à toutes jambes vers la rue Vauquelin derrière. Ce faisant j'avais passé très près de me faire frapper par une voiture sorti de nulle part. En fait pour moi elle était sortie de nulle part mais c'était plutôt moi qui était sorti de nulle part pour elle.

Je me disais que j'avais passé très près de mourir pour absolument rien.

Mort d'inutilité.

C'est ce qui est presque arrivé à Réjean Léveillé et Antoine Léger ce matin. Léveillé c'est ce journaliste rose de TVA, qui peut rapporter une nouvelle le coeur sur la main et la larme à l'oeil. C'est le journaliste "human interest" par excellence du réseau. Antoine léger c'est le pilote de l'hélicoptère TVA.

Depuis toujours cet hélicoptère frise l'inutilité. Non seulement coûte-t-il une légère fortune d'utilisation mais de plus, quand O.J. Simpson ne se sauve pas des autorités sur la route ou que les bateaux Cubains ne circulent pas côte à côte avec les bateaux Étatsuniens en pleine crise des missiles, l'hélicoptère TVA flotte au-dessus de la ville pour nous entretenir sur la construction d'un building ou la forme d'un dôme Montréalais. Tentant de capter du vrai en direct, presque toujours on nous livre du rien. Son seul moment de gloire a été de capter en direct l'arrestation musclée d'une jeune tête folle par deux policiers. L'ironie a alors voulu que ce soit la soeur du patron de la station qui eût été la "méchante" des images saisies en direct...

Et bien ce matin, l'hélicoptère TVA, probablement écoeuré d'ennui, a choisi de se planter en bordure de l'autoroute Bonaventure, près de la sortie menant au Technoparc.

Il a fallu 45 minutes pour dégager le journaliste Réjean Léveillé. Il aurait subi des blessures au bas du corps et au thorax. Antoine léger, le pilote, une fracture du dos.

Quand l'inutile fait presque mourir...

Content toutefois de voir que l'hélicoptère est rangé pour de bon.

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