mardi 15 décembre 2009

Terreur et violence en Décembre 1971 (sur pellicule)


Il y a des ses mois cinématographiques qui font impact.

En Décembre 1971 en l'espace de 10 jours sortaient sur les écrans cinématographiques d'Amérique trois films qui hanteraient les spectateurs pour longtemps. Trois films habités par une violence incroyable qui feraient frémir des gens qui comme moi n'ont pas peur des monstres synthétiques, des extra-terrestres ou qui restent de glace devant de effets spéciaux qui essaient d'en mettre plein la vue. Mais qui frissonne devant le folie de l'homme.

Le 19 décembre 1971 Stanley Kubrick nous livrait son adaptation du roman de Anthony Burgess publié 9 ans plus tôt A Clockwork Orange. Dans cette vision atroce de l'avenir, Alex et ses amis vole, viole, agressent comme on se prendrait un verre d'eau. Eux toutefois boivent un cocktail de speed, de crack et de mescaline synthétique. Alex est trahi par ses "amis" et fera de la prison. Là, on le traitera avec un nouveau système de traitement expérimental. Le traitement est basé sur un principe semblable à celui des réflexes de Pavlov. Il s'agit d'amener Alex à associer certains stimuli (des scènes de violence ou de sexe projetées sur un écran qu'il est forcé à regarder) aux douleurs provoquées par les drogues qu'on lui administre au cours de ce traitement. Après sa remise en liberté, il apparait totalement inadapté et sans défense face au reste de la société. Il fait face à ses anciennes victimes et se fait remettre la monnaie de sa pièce.
Le film a fait scandale dès sa sortie. Une scène de viol inspirée du viol réèl de la femme de Burgess alors qu'il était soldat à la seconde guerre mondiale répugne et révolte.
Après la sortie du film, plusieurs délinquants britanniques ayant perpétré des actes de violence gratuite ont déclaré avoir pris exemple sur le film. Les lettres de menaces envahissent alors la boîte aux lettres de Stanley Kubrick (qui avait quitté les États-Unis pour l'Angleterre), qui prend peur pour ses enfants. Il demande à Warner de retirer le film des salles de cinéma britanniques en dépit du grand succès du film. Fait unique, la société de production obtempère et le film est retiré. Ce n'est qu'en 2000, c'est-à-dire après la mort de Kubrick, que le film est à nouveau projeté au Royaume-Uni.

Reconnu pour ses incroyables qualités artistiques ce film est toujours un incontournable du cinéma.

Trois jours plus tard sortait Dirty Harry. Harry Callahan joué par Clint Eastwood, est un inspecteur de police de San Francisco, connu pour ses méthodes brutales, dangereuses, parfois proches de l'illégalité, mais en général efficaces. Son surnom de Dirty Harry est d'ailleurs une référence à sa réputation de s'occuper des affaires les plus « pourries » et de les résoudre même si cela implique la violation des droits des criminels. Il se retrouve aux prises avec un tueur en série, Scorpion. Le film de Don Siegel et l'interprétation donnée par Eastwood ont donné lieu à certaines polémiques, remettant notamment en cause la vision de l'Amérique décrite dans de nombreuses scènes du film. Le personnage de Callahan est clairement dans certaines scènes du film, un "justicier héros" bravant l'interdit et faisant passer la justice avant la loi. Dans une Amérique encore en pleine lutte pour les droits civiques, notamment ceux de la population noire, la position de ce film reste très controversée.
C'est, avant tout, toute forme de dérive de la société traditionnelle américaine qui est dénoncée à travers L'inspecteur Harry. L'exemple le plus criant reste la dernière scène du film où le spectateur remarque sans peine la boucle "Peace and Love" attachée au ceinturon du psychopathe alors qu'il flotte mort dans le lac, la production dénonçant très clairement les dérives libertaires et anticonformistes de l'époque dont faisait partie le mouvement Hippie.

La réplique "make my day" pour défier un ennemi est encore une référence dans les répliques les plus populaires du cinéma.

6 jours après la sortie de Dirty Harry sortait Straw Dogs. Le réalisateur Sam Peckinpah était lui-même violence. Maniaco-dépréssif, alcoolique, drogué, en venant aux coups régulièrement avec des membres de son équipe de tournage ou des producteurs, ses frasques sont souvent venus faire oublier son talent. Pour Straw Dogs, tourné en Angleterre (parce qu'à Hollywood sa réputation était faite) l'acteur T.P.McKenna a joué son personnage avec un bras en écharpe suite à une partouze impliquant deux filles de joie organisé par Peckinpah. La sortie du film a aussi été compromise car Peckinpah a attrapé une pneumonie suite à une interminable brosse en compagnie de l'acteur Ken Hutchinson.
Straw Dogs est un film sur une réaction instinctive aux attaques des villageois, par un homme qui au départ refuse de recourir à la violence. Ainsi le viol de sa femme n'est pas le motif du déchaînement de violence dans les scènes finales, puisque durant tout le récit il ne sait pas que son épouse a été violée. Ce sont à la fois cette scène de double viol et l'extrême violence des scènes finales par Dustin Hoffman qui dérangeront.

Le film sera banni pendant plusieurs années.

De l'avis de plusieurs il reste toutefois le chef-d'oeuvre de Sam Peckinpah.

Heureusement nous ne faisons plus de films violents de la sorte...

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