mercredi 31 mars 2010

Mad Men


Voilà les sept pêchés pratiqués par la société Nord-Américaine dans les jeunes années 60:

1-fumer la cigarettes absolument partout, de la salle d'attente à l'hôpital en passant par la classe de maternelle jusqu'au bureau.

2-Boire. Partout. Au bureau à 10 heures le matin, surtout dans les rencontres avec des clients, absolument au retour à la maison.

3-Commettre l'adultère. Pas surprenant que les romans de John Updike aient eu un si grand écho dans nos vies.

4-Sexisme. Pratiqué comme une chose normale par les hommes et trop souvent accepté par mesdames.

5-Homophobie. L'homosexualité est un crime inavouable, inacceptable et dont la simple idée est insoutenable.

6-L'anti-sémistime. Encore relativement présent malheureusement mais moins pire qu'à cette époque.

7-Le racisme. Tristement indélébile, plus subtil mais les gens sont en général moins ignorants aujourd'hui.

Dès les premières minutes de l'exceptionnelle série télé Mad Men ses sept pêchés sont installés.

"Mad men" est l'expression courante pour parler de ses jeunes hommes (et femmes) qui travaillent sur l'Avenue Madison à New York où se trouve la (fictive)agence de publicité Sterling-Cooper.
Les hommes sont en perpétuels chemises blanches avec cravate veston et imper, ont toujours un verre ou une cigarette à la main et flirtent et harcèlent toutes les secrétaires (toutes les femmes en fait) dans les ascenseurs (ou ailleurs) sans aucune gêne.
Les juifs travaillent dans les emplois où on engage des juifs et les noirs (appelé "Negroes")sont serveurs, majordome ou bonne.
La magie de Mad Men se trouve dans le parfait équilibre entre la fidèle reconstitution des moeurs et coutumes aux États-Unis au début des années 60 et la cruauté de l'Homme avec un grand H dans la jungle du monde de la publicité. Un univers à l'aube d'être la machine offensive qu'elle est aujourd'hui.

Cette série est une lettre d'amour à une époque (bien souvent, heureusement) révolue. Quand Don Draper (Jon Hamm), le suave directeur créatif de Sterling Cooper reçoit un rapport de recherche qui suggère que les publicitaires ont le devoir d'aviser la population que fumer peut tuer, il jette calmement le rapport aux poubelles.

Voilà notre héros. Imparfait.
Comme Nate dans Six Feet Under.
Comme Nancy dans Weeds
Comme nous devant l'écran.
Comme pas mal tout le monde.

Peter Campbell (Vincent Kartheiser) est à la fois la relève, le jeune loup épaté par le talent de Draper mais aussi son plus viril concurrent. Peggy Olson (Elisabeth Moss) est la pointe de l'iceberg de la femme qui s'émancipera, lentement mais sûrement. Christina Hendricks vole toutes les scènes dans lesquelles elle est impliquée et January Jones est d'une beauté surnaturelle dans le rôle de la femme "Garce Keelyesque" de Don Draper.

Nous sommes tout juste avant l'avènement de la pillule, au moment où Luther King prend son envol et à peine tout juste avant que la tête de Kennedy n'explose.

"Essaie de ne pas être intimidée par toute cette technologie" dit un homme à sa nouvelle secrétaire lorsqu'il démontre la dernière dactylo électrique d'IBM. "Les hommes qui l'ont conçu l'ont rendu suffisament simple pour qu'une femme puisse l'utiliser" ajoute-t-il sans que personne ne trouve cela drôle ni anormal. Cette même secrétaire se fera dire "je te laisse savoir quel genre de gars je suis afin que tu sache quelle type de fille tu te dois d'être".

Plusieurs scènes font sourire. D'autres font grincer. La plupart sont suffisament bien fignolées pour nous habiter encore des jours, voire des années.

De la télé brillante comme il s'en fait peu.

Je termine la saison III aujourd'hui.
Avec la mort de Kennedy je crois.
Car comme spectateur, la date du 22 novembre 1963 est encrée dans nos mémoires.

Rien ne prépare nos personnages à ce drame majeur.
Rien ne nous préparait comme spectateur à une série d'une aussi grande qualité non plus.

Sinon que son créateur avait oeuvré sur une autre grande série d'Amérique (The Sopranos).

Merci Matthew Weiner de revisiter ce passé pas si lointain pour nous.

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