mercredi 7 avril 2010

Le Ruban Blanc


Dans mon village, contre 500 sous je pouvais voir hier soir Le Ruban Blanc de Michael Haneke.

Il y a de ses réalisateurs avec qui je ne marche plus.

Lars Von Trier, Benoit Jacquot, Pedro Almodovar.

Maintenant Michael Haneke.

Pour tous ses réalisateurs j'ai tenté au minimum trois films. Soit que:
a)Leur sensibilité m'agresse
b)Leur vision me fatigue
c)Leur développement artistique ne me touche pas.
d)Tout ça.

Avec la plupart des réalisateurs nous partons du principe que l'homme est bon. Avec Haneke nous partons toujours du principe que l'homme est mauvais. Juste pour ça, je devrais l'aimer. Il a raison. Si nous étions si bons d'emblée on aspirerait pas à devenir meilleur chaque jour.
Toutefois Haneke donne beaucoup dans la démonstration de la violence, dans l'illustration de la cruauté, dans la méchanceté à l'état insupportablement brut.

Brut dans le sens de "brutal" même.

Il est réalisateur sur le tard, puisque d'abord diplômé en psychologie puis en philosophie. Si il explore admirablement la psychologie il reste perpétuellement en périphérie sur le sujet. Il refuse systématiquement d'expliquer quoi que ce soit. Ce qui est encore très bien, il ne nous prend pas par la main. Il expose. À nous de faire le travail. Mais bien souvent il n'y a rien à rationaliser. Une certaine exaspération même, nait en nous.
La tête d'un enfant qui explose sur une télévision suite à la décharge criminelle d'un fusil, ça reste une métaphore juvénile (Funny Games). Décrier la violence en la montrant à son paroxysme sous prétexte qu'on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs, c'est tout aussi juvénile (Funny Games toujours).

Mais j'avais trouvé son film La Pianiste si juste, portrait au vitriol des exigeances inhumnaines de l'art, que j'attendais beaucoup du Ruban Blanc. Ce film est un autre portrait de la violence latente chez les habitants d'un village Allemand à l'aube de la Première Guerre Mondiale. Une exploration potentielle de la naissance du mal. Y a du jus là-dedans. Le film met en vedette beaucoup d'enfants, ce qui était une chance en or de filmer ceux et celles qui formeront le IIIème reich moins de 20 ans plus tard. Beaucoup de matière là aussi. Mais on effleure tout juste la chose. On est ailleurs. On est perpétuellement ailleurs. On se surprend à taper du pied dans de longues séquences de dialogues qui ne mènent nulle part comme un interrogatoire entre l'instituteur et deux enfants entre autre.
Haneke, pour reprendre ses mots, filme avec froideur de cruelles vengeances sur la nature humaine vis-à-vis laquelle il semble avoir définitivement lancé la serviette.

On a le goût de lui donner une baffe ou deux en cours de projection.

De lui dire "ne filme pas simplement tes notes de psychologie, mais applique-y un peu de philosophie aussi."

On a beaucoup spéculé sur la Palme d'or que lui a remise Isabelle Huppert, la présidente du jury 2009. Étais-ce un retour d'ascenceur de la part de l'actrice de La Pianiste à son réalisateur?

Je le confirme: oui.

C'était Un Prophète que j'allais voir à l'origine mais on a changé la programmation à la dernière minute dans mon village.

C'est dommage.

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