jeudi 6 mai 2010

Huons sans complexe



Je ne suis pas un partisan de la huée.

Mais comme le marketing, c'est une pollution pas très chic en droit d'exister.

Le père de Sidney Crosby s'est plaint de la réaction des partisans des canadiens à l'égard de son fils.

Héhéhé...

Comprenons bien ce que cela veut dire. SON PÈRE se plaint du traitement réservé à son fils. Donc, il ne serait pas faux de prétendre que Sid, qui n'obtient pas l'espace nécessaire pour bien produire contre les Canadiens, ait logé un coup de téléphone à papa et lui ai répondu "It's the booing ,dad, it affects me" à la question "why aren't you more productive, son?".

Remontons d'ailleurs quelques mois plus tôt, quand les Canadiens avaient battus les Penguins 5-3 en saison régulière au centre Bell. Sid avait bien dit là aussi, "The booing affected me".

Donc, le partisan attentif, et à Montréal ils le sont pas mal, ils sont arbitres, coach et gérants; le partisan attentif donc, SAIT que huer Crosby peut l'affecter. Si on parle du public comme du 7ème joueur, il faut aussi accepter qu'il ait sa stratégie à lui, lui aussi.

Et regardons comment les Penguins ont gagné le dernier match au Centre Bell. Le moment qui a fait basculé le match implique justement Crosby et une stratégie pas super chic, mais rusée. Hal Gill se fait retenir son bâton par Crosby, forcément il pose le bras de ses 6 pieds 5 sur l'habile numéro 87. Il est ralenti, les arbitres mordent et Gill est chassé. C'est de bonne guerre jusque-là, des jeux comme ça on en voit des tonnes. Alors que Gill, le maitre du désavantage numérique est au banc des punitions pour deux minutes la deuxième période se termine. Crosby fait un petit numéro comme il le fait souvent de joueur meurtri par un quelconque coup imaginaire. Quand Josh Gorges, la deuxième moitié de l'invicible duo de tueurs de pénalité Gill/Gorges, passe tout près de Crosby qui gît au sol et lui dit peut-être "arrête de chialer moumoune", Crosby lui donne un coup de bâton, Hamrlik pogne les mouches et la foire pogne.

Sur la séquence (assez inexplicablement d'ailleurs) deux joueurs seulement seront punis, Letang (le 58 des blancs) et Gorges (le 26), qui pourtant n'étaient ni les initiateurs, ni les plus impliqués.
On commence donc la troisième avec les deux meilleurs défenseurs du canadiens en désavantage numérique sur le banc des punitions mais surtout avec Malkin et Crosby, tous deux plutôt actifs sur la séquence. Malkin va tout de suite marquer avec Crosby qui bloquait la vue du gardien.

Crosby wins on every account.
Il a utilisé la stratégie "getting in your head". Il a sorti à lui seul les deux joueurs clés en défensive du canadien et bien qu'il n'ait pas de point sur le but il en est l'absolu architecte. C'est le seul but dont ont eu besoin les Penguins pour gagner.

Quand j'étais moi-même joueur, je l'ai souligné souvent, j'étais ce type de joueur plutôt detestable qui souhaitait quelque fois faire changer l'orientation d'un match par un coup d'éclat. L'un de mes souvenirs les plus mémorables fût un match de série à Baie Saint-Paul où nous perdions 4-1 en deuxième période. Le gardien adverse s'était aventuré hors de son filet, comme j'arrivais à grande vitesse j'ai "manqué de frein" et j'ai étampé leur gardien dans la bande (ce qui est interdit). Bien entendu les 5 joueurs de l'autre équipe m'ont agréssé, leur banc s'est insurgé et leurs partisans voulaient ma tête. Je leur ai jasé ça du banc des punitions, croyez-moi c'est ma mort qu'il voulait. Pendant que je servais mon 4 minutes (deux de leurs bons joueurs étaient aussi sur le banc de l'autre côté) on a marqué c'était 2-4. À mon retour au banc, un spectateur adverse m'en voulant partciculièrement beaucoup, avait pris la peine de faire le tour de la glace pour m'accrocher le bras et tenter de s'en prendre à moi quand je suis passé derrière mon entraineur. Aussitôt notre soigneur a sauté dans la foule, quelques pères y ont mis du leur, d'autres ont traversé de l'autre côté et rapidement dans les gradins tout le monde se battaient.

Nous regardions tout ça du banc, ahuris.

Pas chic, je vous dis.

Les arbitres ont choisis de renvoyer les deux clubs au vestiaire afin que les esprits de tout le monde soient plus détendus. Notre soigneur et les parents impliqués on fuit les lieux car ce n'était pas clair qui était mineur et qui ne l'était pas et deux jeunes hommes de l'autre côté étaient plutôt maganés. Nous étions tous sur un soudain "high". Quand le match a recommencé nous avons fait 3-4, puis devinez qui a fait 4-4? et le but gagnant? qui a fait 5-4?

Jooooooooooooooooones! qui a bien entendu fait la courbette pour le public adverse après le but gagnant.

Je n'avais toutefois plus de parents pour retourner chez moi j'ai dû embarquer avec un autre...

Autre exemple:
Il y a longtemps, dans le temps des Expos de Montréal, deux amis à moi avaient été voir un match face aux Dodgers. On achetait toujours le billet le moins cher et on se glissait en bas tout près des joueurs par la suite. Mes deux amis ont choisi le gros Kirk Gibson comme cible en hurlant "GISBON OSTIE DE PÂTE MOLLE!" chaque fois qu'il reçevait un lancer comme frappeur. Ça l'a tant dérangé qu'il a fait trois strikeouts. Au quatrième retrait au bâton, il a menacé mes amis en les pointant du poing. Entendre son nom dans une phrase en français qu'il ne comprenais pas le rendait fou. Gibson n'a pas été une menace pour nos zamours ce soir-là. Et la section de mes amis ont eu ben du fun.

Mais l'idée derrière tout ça c'était "To get in their head". Et ça a miraculeusement bien marché dans les deux cas.

Comme les Penguins mardi.

Comme le public quand il hue Crosby.

De toute façon un gars qui chiâle toujours après les arbitres qui le favorise en tout temps c'est pas chiant ça?

Alors ce soir,
allez, huez en paix sans complexe.
Ça fait partie de la game.

Aucun commentaire: