mercredi 18 août 2010

A Single Man


J'ai lu quelque part que Coldplay faisait de la musique un peu trop froide.

C'est vrai. Et c'est ce que j'aime.

COLD
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Ne font-ils pas que livrer ce qu'ils promettent?

J'ai aussi lu ailleurs que leur musique était de la musique de gai.

Faux.

Mais, sans être gai, puisque j'aime Coldplay, c'est peut-être un peu pour ça que j'ai aussi adoré le premier film de Tom Ford.

L'adaptation en film de la nouvelle de Christopher Isherwood par le couturier Tom Ford (qui en est à sa première réalisation je le rapelle) est brillante.

La journée de George Falconer, un enseignant gai à Los Angeles en 1962, veuf depuis 8 mois mais toujours sérieusement endeuillé, est une patiente mise en abîme brillamment tournée et jouée avec une sage intelligence par Colin Firth.

Le film dégage une élégance d'où transpire une grâce admirable tout au travers de l'histoire. Ce type d'intimité émotive n'est possible qu'en livre ou sur film et sans avoir lu le livre j'ai l'impression que Ford en a fait une fine adaptation. L'enfer personnel de ce britannique expatrié aux États-Unis nous est livré avec brio par Firth et Ford.

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"Ça me prend du temps le matin afin de m'ajuster au rôle que je suis supposé jouer sans mon partenaire" narre le personnage principal. J'ai dressé des parrallèles avec ma mère qui vit actuellement le même questionnement depuis qu'elle est veuve. Et même moi, orphelin de père j'y ai reconnu des interrogations.

La subtilité du sous-texte (jamais on ne dira clairement qu'il est gai mais ce sera compris par certains) fait livrer à Colin Firth la performance de sa vie. N'oublions pas que nous sommes en 1962 et que l'homosexualité est encore loin dans le garde-robe de l'Amérique.

Jon Hamm, de la toute aussi fine série Mad Men, offre un caméo vocal au téléphone en étant la voix qui annonce "Qu'une connaissance à lui venait de mourir dans un accident d'auto, Just thought you should know..." sans savoir que celui qui reçoit la nouvelle est aussi celui qui reçevait le défunt au lit la nuit. "Service is just for the family" excluant notre homme au singulier.

Cette simple journée de ce restant d'homme se conjugue méticuleusement et de manière organisée. Un humour noir se dégage de son désarroi. (L'humour gai n'est-il pas toujours noir de toute façon?). Déterminé à en finir avec son deuil il se laisse distraire par toutes sortes de choses, comme le errant vagabond sur terre qu'il est devenu.

Ford, issu d'un milieu composé principalement de style, ne manque pas d'en donner (presque trop) à son film. Des références à Hitchcock tombe ça et là mais c'est vraiment la performance éclatante de Firth qui nous jette à terre. Une étouffante noyade, des ralentis appropriés, une photographie lumineuse (de Eduard Grau) paufinent ce fort réussi premier effort cinématographique.

Matthew Goode, Julianne Moore et Nicholas Hoult sont aussi époustoufflants dans leurs prestations.

A Single Man nous offre de l'espoir et du hanté.

Un réalisation léchée qui nous situe en pleine guerre froide.
Froide comme Coldplay.
Quiconque me connait sait que j'adore le froid.

C'est un fabuleux portrait de l'amour, de la perte d'un proche et des ravages émotifs chez les mortels suite à l'inexorable passage du temps.

Un film sur la peur aussi.

À voir.

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