jeudi 20 janvier 2011

Les Clubs Où On Est Bien Vus Socialement

1.99$ au club vidéo du coin.

J'avais tellement aimé le disque en 1996, je me suis procuré le film.

Ry Cooder producing?: Une étoile

Wim Wenders? le gars qui a réalisé Les Ailes du Désir?: Deux étoiles

Un docu sur les membres et sur ce qui a produit l'album The Buena Vista Social Club?: Trois étoiles.

Un film trois étoiles avant même de l'avoir vu à 1.99$, j'investis.

Je devais plier l'interminable lavage découlant de notre retour de croisière. Pour rendre l'exercise agréable j'ai mis le film dans le dvd et j'ai plié un peu partout dans le salon en le regardant.

Je n'ai pas connu mes grands-parents.

En vieillissant je découvre qu'il s'agit d'une richesse qui me manque. Le Buena Vista Social Club était composé de 14 musiciens dont la moyenne d'âge étaient de 71 ans.
Manuel "Puntillita" Licea est décédé en 2000 à l'âge de 73 ans. Ruben Gonzales et Compay Segundo sont décédés le même jour en 2003 à l'âge de 84 et de 96 ans respectivement. Ibrahim Ferrer est décédé en 2005 à l'âge de 78 ans. Pio Leiva est décédé en 2006 à l'âge de 89 ans. Le contrebassiste Orlando "Cachaito" Lopez est décédé en 2009 à l'âge de 76 ans.

Eliades Ochoa, Omara Portuondo, Amadito Valdès, Manuel "Guajiro" Mirabal, Barbarito Torres, Juan De Marcos Gonzales, Ry Cooder et son fils Joachim roulent toujours leur bosse dans la musique.

Ses vieillards sont d'une jeunesse fabuleuse.
Du tanzanite dernier cri.

Dès la 14ème minute du documentaire, alors qu'Ibrahim Ferrer chante sur scène (car le succès de l'album a mené à une tournée) en compagnie d'Omara Portuondo qui, elle aussi, chante les yeux pleins d'eau; j'avais à mon tour le regard embrouillé de larmes.

Héhéhé...
Tu me vois de là-haut papa, plier des jupes dans le salon en pleurant?
Viril comme une orchidée en soie, ton fils.

La fatigue accumulée, le sommeil toujours court, le retour des Caraïbes pas complètement physiquement enregistré, la nostalgie, tout ça ont donné quelques gouttes sur ma joue à la grande surprise de la chatte qui se demandait bien ce qui me troublait.

Rien petite toutoune, la fatigue c'est tout. Ces trous qui des fois auraient voulu se remplir de quelque chose et qui, faute d'imagination, se remplisent de larmes.

Moi qui arrivait du soleil, ce film tourné sur le sol chaud de la Havane s'est imposé et m'a rappellé la semaine dernière en croisière avec ses excès, ces plaisirs partagés, ce bonheur commun dans un groupe de 12 (presques parfaits) étrangers.

Parfaitement heureux en tout cas. Alors pourquoi les larmes?
Peut-être parce que j'aurais aimé chanté moi aussi à ma grand-mère en la regardant dans les yeux.
Peut-être parce que l'amoureux du froid en moi se transforme peu à peu en étoile de mer.
Peut-être parce que le train de la vie ne semble pas vouloir reprendre sa vitesse de...enfin...je ne pourrais pas dire "croisière"... pourrais-je?
Peut-être parce que je réalise, après une semaine passée en "congrès" déguisé en vacances que ce Club où on est bien vu socialement, je ne pourrais en réalité qu'en être un personnage secondaire.

Non, ça, ça ne me ferait pas pleurer. Je me moque assez pas mal des clubs où on est bien vu socialement. Sinon je ne me serais pas promené parmi des banquiers et des partenaires de banquiers d'à travers le monde avec ma tête aux cheveux trop longs qui me masquait un oeil, ma chemise hors de mon pantalon et mon livre de Keith Richards à la main pendant dix jours.

Ces gens-là étaient aussi saoûls que moi, là dessus on était égaux. Pas de complexes.
Ces gens étaient bien gentils, bien amusant et tout et tout mais ils avaient tout faux.

Les bijoux ne se trouvent pas à St-Thomas ou à Nassau à prix d'or.

Ils se trouvent dans les clubs vidéos bien de chez nous.
Et ce sont de vrais perles qui coulent des yeux de ceux qui écoutent ses films.

Pour une fraction du prix.

2 commentaires:

Johanne a dit...

Bien sûr, la fatigue, les excès... mais pour m'être retrouvée moi-même en larme, dans un hôtel de la vieille Havane, juste après avoir entendu le premier couplet de Chan Chan joué par un petit orchestre à l'heure du lunch, je pense qu'il y a plus. Buena Vista Social Club est, pour moi, un rêve, un rêve d'une vie meilleure. Leur musique a une portée mythique, unique, qui appelle une certaine nostalgie, enfin c'est ce que j'en ressens.
J'ai eu la chance d'assister a un spectacle donné par les rares membres encore en vie, à Cuba, lors de ce même voyage. J'en garde un souvenir merveilleux, et une certaine fierté, même si je ne sais trop pourquoi...

Jones a dit...

J'aurais beaucoup aimé vivre cette expérience comme vous l'avez vécue vous-même.

:)