vendredi 8 avril 2011

L'Ivresse du Pouvoir en Côte d'Ivoire

Laurent Gbagbo est historien, écrivain, enseignant, il est aussi titulaire d'une maitrise d'histoire obtenu à la Sorbonne à la fin des années 70.


Il fonde dans la clandestinité le Front Populaire Ivorien (FPI) lors des grandes manifestations étudiantes du début des années 80 qui amènent au pouvoir le syndicaliste (et opposant de Gbagbo)Félix Houphouët-Boigny. Ce dernier est à la tête d'un régime à la corruption endémique dont les impacts sont si importants sur la population qu'ils se font encore sentir de nos jours.

En exil en France, Gbagbo se gagne de très sérieux appuis dans les années 80, notamment auprès du parti socialiste dont il partage quelques idées. Ses liens avec la France resteront toujours solides, mêmes dans la tourmente, grâce à ce séjour.
Houphouët-Boigny trouve fatigant cet agitateur mais lui pardonne lors de son retour en Côte d'Ivoire en 1988 en disant "L'arbre ne se fâche pas contre l'oiseau". Être dans l'opposition est peut-être un crime dans ces régions. Tout dépend du chef de l'armée qui a une grande influence sur le gouvernement en place.

Gbagbo gagne 9 sièges sur 175 aux élections de 1990. C'est suffisant pour que le régime passe de dictature à gestion multipartiste. En février 1991 et en mars 1992, des manifestation étudiantes dérangent le régime de Houphouët-Boigny et son ministre Alassane Ouattara fait arrêter Gbagbo et le coffre pour 2 ans. Gbagbo ne fera que 5 mois aidé par un pardon providentiel (et chantant la marseillaise...).

Quand Houphouët-Boigny meurt en 1993, des élections sont annoncées auxquelles Gbagbo appelle au boycott. Le successeur désigné de Houphouët-Boigny, Henri Konan Bédié, "gagne" ses élections avec...96,44% des votes (hum!...)

Il passe les années 90 avec 5 sièges dans l'opposition et toujours les appuis de la France. En 1999, le général de l'armée, Robert Guéi, choisit de renverser le successeur d'Houphouët-Boigny le jour de Noël pendant que personne ne regarde. L'année suivante les élections sont tenues dans le chaos total. On élimine la cour suprême, on écarte plusieurs candidatures sur des prétextes douteux. Parmi celles-ci les candidatures d'Alassane Ouattara qui avait jeté Gbagbo en prison sous Houphouët-Boigny et celle du président renversé, Bédié. Ce n'est toutefois pas le général de l'armée qui gagne ses élections. C'est enfin l'heure de Gbagbo qui hérite, non sans heurts, en novembre 2000, d'un pouvoir qu'il voudra éternel.

En 2002, les premières rébellions contre Gbagbo arrivent par le Nord. Des accords de cessez-le-feu ont lieus avec l'aide de la France et des Nations Unies. Toutefois en 2004, les combats ont toujours lieus entre les forces rebelles et l'armée de Gbagbo. Celle-ci attaque une zone dite "de confiance" en novembre qui fera 9 morts chez les soldats français. Cette fois la France se retourne contre Gbagbo et détruit, en représailles, deux avions et des hélicoptères de son armée.

En 2005, le mandat de Gbagbo est en théorie terminé et des élections devraient êtres déclenchées. Toutefois Gbagbo procrastine. Il repousse toujours le jour des élections et les manifestations, maintenant parfois contre les français aussi, se multiplient.

Fin 2006, Gbagbo fait appel à Kofi Annan à l'ONU.

En 2007, un accord est signé grâce au facilitateur, le président Burkinabé Blaise Compaoré, entre Gabgbo et Gullaume Soro des forces du Nord qui sera nommé premier ministre en autant que Gabgbo reste au pouvoir. Il se greffe 5 ans post-mandataires au pouvoir.

En automne 2010, les élections présidentielles ont un taux de participation à rendre jaloux les Québécois. Seulement 16% de la population ne fait pas valoir son droit de vote. La répartition ethnique marque les résultats. Le Nord-Ouest vote pour Alassane Ouattara, le centre du pays vote pour Henri Konan Bédié. Le Sud-Ouest vote moins prononcé mais surtout pour Gbagbo. Pour le deuxième tour, comme Bédié se classe troisième, il demande à ses partisans de joindre les rangs de Ouattara. Bédié et Ouattara sont deux anciens joueurs de l'équipe de Houphouët-Boigny.

Le second tour parvient à sortir ses résultats même si les partisans de Gbagbo troublent l'ordre public et empêche physiquement les gens de travailler adéquatement. Avant même de connaitre les chiffres, Gabgbo les conteste. Ses chiffres annonceront Ouattara gagnant avec 54% des voix.

Un comité constitutionnel entièrement nommé par Gbagbo (duh!) renverse la décision et le déclare vainqueur sans donner de statistiques tout en ne dévoilant pas non plus la méthode de vérification en décembre (subtil...).

La représentante de l'Union Européènne, le secrétaire général de l'ONU, Ben Ki-Moon, Barrack Obama et Nicolas Sarkozy reconnaîssent le résultat original. Gbagbo n'entend rien. Même son premier ministre Guillaume Soro ne le reconnaît plus.
Gbagbo se reconduit au pouvoir lui-même.
Alassane Ouattara se déclare aussi nouveau président de la République de la Côte d'Ivoire.

Gbagbo, malgré l'isolement internationale, refuse de quitter son trône, interdit la publication des journaux favorables à Ouattara et fait surveiller les stations télés par la frange de l'armée qui lui est restée fidèle.

173 meurtres, 90 cas de torture, 471 arrestations et 24 cas de dispartions sont répertoriées en 5 jours seulement.

Une armée pro-Ouattara fait d'importantes conquêtes contre les forces de Gbagbo.

Depuis le 31 mars dernier, Gbagbo et sa femme sont dans le bunker du palais présidentiel, voisin de l'ambassade de France à Abidjan. Il est encerclé par les force de l'ONU. Il refuse de concéder la victoire à Ouattara. Il veut négocier une sortie élégante qui le tiendrait probablement loin des tribunaux par la suite.

Le pays est désorienté avec des anciens de Gbagbo et des pro-Ouattara qui sèment la pagaille un peu partout.

Bref c'est tout à fait le bordel.

Redonnez-lui sa suce quelqu'un et c'est l'heure du dodo.

Allez! y a tout un peuple qui s'entretue sous cette immaturité.

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