jeudi 9 juin 2011

Effacer Patrick Limoges

C'est fou ce que la vie est mal faite parfois.
La mort encore plus.

Il ne faisait que se rendre au travail. Ironiquement dans un hopital situé tout près. Il faisait une journée radieuse, splendide, presque 30 degrés déjà au centre-ville tôt le matin.

Dans la tête d'un certain Mario, il faisait toutefois tempête.

Patrick Limoges se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Il a reçu une balle qui ne lui était visiblement pas destinée. Il en est mort avant la fin de cette belle journée ensoleillée. Une journée de parfaite horreur pour la famille Limoges. Une journée qui vient de détruire leur vie. Une balle qui vient d'en tuer quelques autres autour de lui.

36 ans, c'est tellement jeune. A-t-il seulement eu le temps de comprendre ce qui se passait? Ce qui est encore plus malheureux c'est que que nous non plus ne sauront jamais ce qui s'est passé.

Jamais, jamais.

C'est la police qui enquêtera sur la police.

Aucune fraternité n'est plus soudée que ces gens au pays. Vous en connaissez beaucoup de professions ou un pays entier peut être en berne et se rendre à des funérailles d'un océan l'autre parce qu'un confrère, une consoeur, un total inconnu, est mort en service?
Même dans l'armée les gens ne sont pas aussi solidaires. L'enquête sur la mort de Fredy Vilanueva a encore prouvé par mille que les policiers ont tenté de maquiller la vérité et rien rien rien RIEN ne pourrait nous laisser croire que ce sera différent dans ce cas-ci.

Peut-être qu'il n'y a eu aucune bavure. Peut-être effectivement. Mais le saura-t-on vraiment? La vérité est toujours étrangère au pouvoir.
Le policier tire, rate le suspect, Limoges est plus loin derrière mais dans la trajectoire de la balle et les lumières se ferment.
Mais voilà. Il est là le problème. Les lumières se sont éteintes pour tout le monde. Ce moment n'est jamais arrivé. Il y a eu des dommages collatéraux. Ça arrive, move on. C'est ainsi qu'est conditionnée notre police.

Et on ne saura plus jamais rien sur ce qui a soustrait Patrick Limoges, qui se rendait paisiblement au travail ce matin-là, à la vie. On aura jamais la chance de savoir si l'erreur était platement humaine, évitable ou non.
Parce que c'est la police qui enquête sur la police.

"La SQ a hérité de l'enquête par souci de transparence..." les gens qui disent de type de choses au autant de crédibilité qu'Andrew Ference qui fait un doigt d'honneur au public du Centre Bell et qui dit que c'est son doigt qui est resté pris.

Un vrai bon gars, à son affaire, toujours souriant, poli, reservé, professionnel.
C'est ce que ses collègues ont dit de lui après sa mort prématurée. C,est lui qu'ils ont pleuré en laissant des gerbes de fleurs sur l'asphalte qu'ils auraient pu fouler eux aussi au même moment.

Good guys always finish last.
Comment surmonte-t-on une mort aussi absurde?
Est-ce que les techiniciens en ventilation du pays entier vont venir l'enterrer?

Patrick Limoges a été bêtement "deleté". Supprimé.
Un fantôme bouffé dans Pac-man au premier niveau.

La vie n'avait pas le droit de t'effacer comme ça.
Embrasse Olivier et Anne-Sophie pour nous là-haut.
Natasha Cournoyer aussi.
Julie Suprenant, Alexandre Livernoche, Daniel Desrochers, les soeurs Boisvenus et combien d'autres encore dans la section des morts gratuites?

"C'est pas juste, papa" me dit Monkee quand je le fais ramasser les affaires de sa soeur qui trainaient.
"La vie n'est pas toujours juste Monkee, mets toi ça dans la tête tout de suite, ça fera moins mal plus tard"

On ne saura jamais le fond de cette histoire.
Parce que c'est la pol...
                                       ...enfin vous connaissez la chanson.
Chanson triste.

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