mercredi 15 juin 2011

Rire

On est tous les deux partis à rire bien haut et fort, à l'unisson.

Les dimanches soirs d'habitude quand la belle et moi tombons dans le divan et ouvrons la télé, habités par une fatigue de fin de week-end et légèrement à l'ombre d'une semaine de travail qui va nous refroidir, on a pas le rire facile.
Surtout que souvent, le dimanche soir, la télé nous offre le pire de ce qu'il peut offrir. Plus souvent on sacre et on tombe dans la médisance et le mépris. On finit par se louer un film ou je m'en vais shooter des pucks dans la cour arrière avec Monkee.

Mais non ce soir-là on était plutôt d'humeur. Le vendredi matin, aux aurores, Monkee partait pour son voyage de fin d'année à Toronto avec quelques membres de sa classe triés sur le volet. C'est très agréable de savoir que parmi l'élite des 5 èmes et des 6ème années se retrouve son fiston. Seuls les élèves méritant avaient "droit" à ce voyage. Plusieurs ont été sacrifiés en cours d'année. Je mets "droit" entre guillemets car il faut quand même le payer ce voyage mais bon...Monkee chez les ricains de Toronto, la tête dans la bruine des chutes Niagara, à manger dans un resto médiéval, à monter la tour du CN avec le vide sous ses pieds, cool pour lui. Mérité.

Vendredi je suis secrètement allé chercher pour Punkee, ce cadeau que nous lui avions promis à son anniversaire le 2.
Bien entendu, elle avait oublié. Quand nous lui avons dit que nous irions voir un spectacle aux Francofolies, les trois membres de la famille restant, elle n'a pas fait le lien non plus. Habitué qu'on l'initie à des nouvelles musiques à nous, elle n'a pas demandé quel spectacle nous allions voir. La fraise lui a allumé quand nous avons mis le disque dans la voiture pour se mettre dans l'esprit du spectacle auquel nous allions assister. Qu'est-ce qu'elle rayonnait la petite devant son beau Jéremy. Comme Marie-Mai prenait le plancher à 21h on est resté pour au moins trois chansons. Le temps qu'elle dise "Ça se peut pas", au beau milieu d'une chanson impressionnée par la foule, comme une grand-maman épatée de ses petits enfants. On a tellement trouvé ça matante qu'on a éclaté de rire. On s'est aussi poussé parce que la petite était morte de fatigue.

Samedi: la course folle. C'était la fête de l'amoureuse. Chaque année je me sens en audition ce jour-là. Tout ce que je fais, je dis, je prépare, je pense, j'initie est scruté à la loupe et bref, c'est épuisant. Cette journée-là était pour le moins chaotique. Tôt en matinée je suis allé lui acheter ses croissants aux amandes qu'elle aime tant. Je lui ai fait son petit-déjeuner pour qu'elle puisse le manger au lit mais quand je lui ai apporté, elle a sursauté violemment, sortie du sommeil le plus profond. Visiblement j'aurais peut-être dû la laisser dormir un peu. J'ai réveillé de force Punkee qui avait un match de soccer à 10h00. Comme j'étais le parent volontaire qui fournissait les jus et les collations pour les petites filles, je ne pouvais pas manquer ce match. Punkee, habituellement la meilleure de son équipe, était crevée. Elle a dormi sur le terrain mais son club a gagné quand même. Avis aux parents qui veulent apporter des Mister Freeze comme collation aux enfants après un match de soccer : les glacières c'est pas assez frais. Tout le monde était collé, ça coulait partout, bref...à ne plus refaire. Je devais courir par la suite car Punkee avait son spectacle de danse de fin d'année à 13h00 et les grands-mères avaient fait le voyage du 418 pour la voir. Fallait que je fasse manger tout ce monde-là et que je file à l'entrée des artistes au plus maudit. Une course folle à laquelle on a gagné 10 minutes de retard.

Le spectacle était une merveille. Du vrai travail de pro. Un spectacle de grandes filles (Don Juan) où les petites y faisaient un petit numéro. On a presque tous pleuré (moi j'avais une poussière...). Par la suite on filait chez le beau-frère pour fêter l'amoureuse, boire, manger et surtout rigoler.

On est tous tombé au lit épuisés. On vieillit batinsse. Ma mère a couché chez nous. Notre dimanche ressemblait à des lendemains d'apocalypse. On riait encore beaucoup. De la petite, qui, lorsque fatiguée, se donne des airs empruntés.  Cette fois, star de la fête à sa mère, avec son frère à l'écart, avec son Mixmania qui la drivait obssessivement, elle prenait le plancher avec panache.

Mais le plus gros rire que la belle et moi avons eu ce week-end est survenu dimanche en soirée. Aux nouvelles. Quand le présentateur a annoncé "qu'il y a des gens qui s'opposent à la Formule 1..." et que c'était la face d'Amir Khadir en arrière, ça a été exactement comme si Martin Matte avait livré un punch sur scène. On a tous les deux explosé de rire.

Pourtant on l'aime Amir. À Québec, il livre la bonne bataille. Il n'est pas contre les Nordiques, il n'est pas non plus contre la construction d'un nouveau colisée, il est contre l'idée de faire passer une loi afin de favoriser les projets lancés sans appels d'offres, les projets botchés, les projets croches, sans que les gens puissent s'en plaindre. Ça tombe tout à fait sur le sens.

On est pas POUR la F1 non plus. C'est vrai que ça pollue, que c'est un sport débile en diable et que la ville n'est jamais plus vulgaire que le week-end du Grand Prix à Montréal. Mais il nous as semblé, sans que l'on s'en soit parlé au préalable, que la bataille était mal choisie. Amir semble de TOUS les combats comme si il était animé par la seule envie de se battre quand il se lève le matin. Aujourd'hui le colisée, demain le F1, après-demain l'essence, jeudi les primes des boss de la Caisse Pop, vendredi l'amiante...C'est la Véronique Cloutier du mouvement de résistance. Le Grégory Charles du militantisme.

"Nous sommes contre la mort de Jimi Hendrix"

Rire de même...
C'est quand la dernière fois qu'on t'a vu rire à la tivi Amir?

Aucun commentaire: