vendredi 29 juillet 2011

Banksy

J'ai toujours aimé les graffiteurs.

J'ai même écrit un film au grand complet qui met en quelque sorte en vedette une frange de graffiteurs (pas complètement: les adbusters)
Oui c'est vrai il y a de très nombreux graffitis qui ne sont que saletés. Mais on pourrait dire exactement la même chose de la radio, de la télé, des voitures et même des publicités le long des routes. C'est franchement tout plein de saletés partout et beaucoup plus opressant.

Une ville sans grafitis est une ville de robots. Ce que j'aime de ce rat des villes c'est qu'il brave les distances à ses risques et périls et il nargue l'autorité. J'aime le graffiteur quand il ajoute à un secteur autre chose que son nom.
Comme un arrangeur musical améliorerait une chanson déjà pas pire.

C'est très rare les bons graffiteurs.

Banksy est dans une classe à part. Pochoiriste originaire de Bristol au Royaume-Uni, cet artiste combine les technique du graffiti, du pochoir et de l'installation  pour faire passer des messages qui mêlent souvent politique, humour et poésie. Ses pochoirs sont parfois accompagnés de slogan. Le message est généralement antimilitariste ou jette un regard différent sur le capitalisme en créant des parrallèles avec nos modes de survie. Ses personnages sont souvent des rats, des singes, des policiers, des soldats, des enfants, des personnes célèbres ou des personnes agées.

Banksy n'est pas son vrai nom. On ne connait pas son visage non plus. Question de sécurité. Un graffiteur est en droit de s'attendre à se faire arrêter pour vandalisme (Ce qu'y n'arrivera pas au gouvernement Libéral, étrangement, qui s'apprète à vandaliser les terrains avec les gaz de schiste).

Banksy s'est forgé une certaine notoriété dans les milieux alternatifs et les médias traditonnels s'intéressent aussi à lui. Un documentaire sur son oeuvre et son entourage fût d'ailleurs en nomination pour le gala des Oscars. La pochette de l'album Think Tank de Blur c'était Banksy.
En 2004, il fait imprimer des billets de 10 livres et au lieu du visage de la reine d'Angleterre il y loge le visage de Lady Diana. Dans un grand coup d'auto-promotion, il change audacieusement le Bank of England pour "Banksy of England". Il expose aussi afin de pouvoir vivre de son art.

Il fonde le projet "Santa's Ghetto" en réalisant des peintures sur le mur de Gaza afin de redonner espoir aux habitants palestiniens. En 2005, aidé par d'autres artistes comme Ron English, le mur des séparations prend petit à petit les couleurs d'une toile artistique géante qui contient entre autre l'image de la petite fille brulée au Napalm au Vietnam tenant la main de Ronald MacDonald et de Mickey Mouse. En réalisant ce projet Banksy s'est fait accoster par un palestinien.

"Vous embellissez le mur"
"merci, c'est gentil"
"Ce mur n'a pas de raison d'être beau, on ne veut pas de ce mur, rentrez chez vous"

Il est entré dans l'enclos des manchots au zoo de Londres et a fait inscrire en lettres de 2 mètres de haut "we're bored of fish" (on est tannés des poissons).

En 2005, il s'introduit dans les musées du MoMa, au Met, au Brooklyn Museum, au Musée d'Histoire Naturelle de New York, à la Tate Britain et au British Museum et réussit à y glisser des oeuvres à lui qui détonnent. Seul le British Museum choisit de conserver l'oeuvre dans son exposition lorsque la supercherie est mise à jour.

À la sortie du disque de Paris Hilton, Banksy en achète 500, les réenregistre, modifie la pochette puis remet discrètement en magasin avec le code barre original les copies falsifiées qui comprend maintenant des titres comme "Why Am I Famous?" ou "What Have I Done?". L'album est aussi estampillé du slogan "90% of success is just showing up". Sur le net ses copies pirates se vendent plus de 1000 livres.

En septembre 2006, il place une poupée gonflable de taille réèlle à Disneyland en Californie portant l'uniforme orange des prisonniers de Guantanamo. Au cours de l'été de 2009, une importante exposition lui est consacrée à Bristol avec plus de 100 oeuvres et 300 000 visiteurs en 12 semaines.

Quand certains des immeubles qu'il avait "redécoré" ont été menacés d'être démolis ou d'être entièrement couvert d'une nouvelle texture afin de masquer les dessins , la population s'est souvent mobilisée en masse afin de préserver l'oeuvre de Banksy.

Ces dessins font réfléchir.

C'est à mon avis le seul vrai caricaturiste des villes.

Un rebelle discret comme je les aime.

Aucun commentaire: