lundi 4 juillet 2011

STW (Steve,Terence et Warren)

En visionnant Funkytown cette semaine je me suis dit qu'en faisant un meilleur montage et en éliminant quelques trames narratives plus ou moins pertinentes (celles de François Létourneau, Raymond Bouchard et de Geneviève Brouillette) pour resserrer une histoire en 1h30/1h45 ce film aurait pu être un très très bon film.

La reconstitution d'époque était très réussie et les références (Le Limelight, Alain Montpetit, Douglas "coco" Leopold, etc.) étaient suffisament intéressantes et claires pour que l'on y trouve son compte. Je me suis toutefois posé la question suivante: Steve Galluccio, l'auteur, est homosexuel. Lorsqu'on est homosexuel, doit-on toujours écrire sur le sujet?

Peut-être. Faudrais que je le sois pour le savoir. On écrit sur ce que l'on connait.  Il est légitime que les homosexuels, une minorité, saupoudrent des "modèles" dans leurs films un peu partout. Des miroirs pour leurs contemporains.

Ce type de propagande peut toutefois être tout à fait contreproductive. Dans les films de M.Night Shyamalan, un réalisateur d'origine indienne, l'auteur y glisse souvent plusieurs figurants indiens. Un docteur ici, un jeune couple dans un bureau de notaire, les premières têtes dans une scène de foule,  un inspecteur de police. Chaque fois, la belle et moi avons éclaté de rire du manque de subtilité. Car le figurant, en général, ne doit jamais occulter l'action qui se déroule ou nous distraire de la situation alors que ses indiens qui apparaissent dans ses films comme un jeu de "où est Charlie?", font exactement le contraire.

Gallucio, pour revenir à lui, offrait dans Funkytown un film qui semblait nous montrer l'ascension puis la mise en abîme d'un animateur de télévision/animateur de radio/comédien. L'affiche du film le suggérait drôlement en tout cas. Mais il offrait aussi le placard d'un hétérosexuel, la lutte entre un père investisseur et son fils qui tente de se faire un nom tout seul et la remise en question de la carrière d'une ancienne chanteuse populaire. Au moins 5 ou 6 intrigues parrallèles en plus d'offrir un portrait pas mal réussi des années 1976 à 1982.

Ça fait beaucoup.

Manquait un peu du perfectionisme de l'équipe de "reconstitution d'époque" dans l'équipe de l'écriture pour ce film.

***

Parlant de perfectionisme. Terence Malick.

J'ai été étonné que l'amoureuse me propose que l'on aille voir The Tree Of Life. Parce que le giga-fan de Terence Malick c'est moi. Et que elle, pas vraiment. Days of Heaven: "Il ne se passe rien". Badlands: "Ouin...moyen". The Thin Red Line: "C'était beau mais c'était long...".
Quand j'ai vu que Brad Pitt y jouait j'ai compris son soudain intérêt pour le film de Malick.

Sommes pas allé le voir. Aller au cinéma est devenu presqu'impossible pour nous avec les enfants et tout. C'est le cinéma qui vient à nous. En dvd. Et puis je sais qu'elle sera déçue. Moi aussi peut-être. Aussi bien attendre la sortie en dvd. Mais la bande-annonce à elle seule semble meilleure que bien des films entiers.

Terence Malick est un réalisateur atypique du fait qu'il tourne très peu (5 films en 37 ans) et que ses films témoignent d'une ambition manifeste (style ample et cosmogonique, goût prononcé pour les images métaphysiques, épiques, contemplatives ou picturales, tournage sur site ou témoignant d'une proximité avec la nature, etc.) et d'un perfectionnisme formel particulièrement maîtrisé à tout point de vue (cadre, lumière, bande sonore..).

Malick est majeur. Mais c'est le jugement brouillé d'un fan fini qui l'écrit.

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Puisque j'évoque le fan fini j'ai longtemps été fan de Warren Beatty. En partie parce qu'il arrivait à "scorer" avec les plus belles femmes du monde mais surtout à cause de Reds. L'un des mes 5 films préférés de tous les temps*.
Beatty a perdu beaucoup de lustre depuis Bugsy. Son dernier grand film à mon avis. Ça coincide avec son mariage avec Annette Benning. Je suis d'accord avec Woody Allen là-dessus, "Mariage is death to an artist". Je ne connais que deux mariages, Newman/Woodward et Waits/Brennan, pour lesquels le mariage a tourné leur carrìère pour le mieux. Mais encore. Certains diraient que le Waits sous Brennan est imbuvable et que celle de Joanne Woodward s'est éteinte en mariant Paul Newman. Mais bon...ce sera le sujet d'une autre chronique.
Depuis que Beatty est marié avec Benning il a tourné le drabe Love Affair en 1994, le sous-estimé mais plus ou moins réussi Bulworth  en 1998 et la catastrophe Town & Country en 2001.

Lui aussi tourne peuC'est aussi qu'il se fait vieux et que les assassines recettes de Ishtar en 1987 et de Town & Country ont rendu les potentiels investisseurs frileux à jamais. Si Warren veut tourner il devra prouver à nouveau sa rentabilité. Est-ce le Beatty de Bonnie & Clyde et de Bugsy ou est-ce l'autre, le fabriquant de chou blanc?   

Il a un projet qu'il caresse depuis les années 80. Un film sur la vie du coloré Howard Hughes. Un tombeur lui aussi. Plusieurs des amis de Beatty lui ont souvent dit qu'il incarnait sans le savoir la vie du richissime milliardaire.
Les années ont passé et Beatty s'est fait damer le pion par Martin Scorcese et Leo DiCaprio. De plus, Beatty a beaucoup vieilli, on imagine mal ce septagénaire jouer les bêtes des sexe sur grand écran. Toutefois Howard Hughes était fascinant de folie à la fin de sa vie et dans le film de Scorcese, DiCaprio en vieux bonhomme ça ne fonctionne pas (does it ever work anyway? un acteur "vieilli" par le maquillage?).
Après avoir contempler l'idée de tourner avec un acteur plus jeune dans le rôle principal, chose qu'il n'a jamais faite pour un de ses projets,  Beatty joue avec l'idée de jouer lui-même Hughes, septagénaire. Intéressant.

Il est certain que Beatty n'acceptera jamais de se retirer du show-business avec comme dernier effort le giga-bide Town & Country. Il voudra laisser un meilleur souvenir.

Si c'était un bon projet sur Hughes, ce serait ben cool.
Ce serait un beau chant du cygne.

*Les autres étant dans l'ordre ou le désordre, Annie Hall, The Cook, The Thief, His Wife & Her Lover, L'Année Dernière à Marienbad et The Godfather I & II que je compte comme un seul film.

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