lundi 8 août 2011

Randonnée Chlorée Salée

Je devais aller chercher mon fils chez l'un de ses amis à 30 minutes de voiture.

Le téléphone a sonné vers 19h00 et c'était mon fils qui me négociait une nuitée chez son ami. Le grand-père s'est mis de la partie en prenant le téléphone et en me flattant dans le sens du poil.

"Votre fils est si bien élevé, c'est un vrai gentleman, j'en prendrais 30 comme ça, c'est une excellente influence sur mon petit-fils, i' dérange pas, gnagnaprout!..."

Bon. Il m'a gagné.

J'étais un peu fier de l'impact de fiston sur cet entourage et, déchargé de la responsabilité d'aller le chercher en voiture, j'ai décidé de finir la bouteille de rosée qui trainait dans le sous-sol depuis longtemps. ("Commencer, boire et finir" corrige l'amoureuse)

Vers 20h30, le téléphone again:
"Oui, le message est pour M.Hunter Jones c'est la Bibliothèque Josée-Dubeau, nous avons reçu le film que vous aviez réservé..."
"À quelle heure fermez vous, donc?"
"21h00..."

Innaceptable que je prenne ma voiture dans mes conditions d'ivresse, j'ai donc pris mon vélo.
Pas mieux.
Conduire en état d'ébriété, peu importe le moyen de transport c'est innaceptable.

Chronique innaceptable.
Je fonçais par une splendide soirée d'été. Le ciel déployait de merveilleuses teintes d'indigo, de bleu majorelle et d'orange tangerine. Je me chantais d'ailleurs mentalement le refrain d'une chanson de Led Zep appropriée. Je planais, un joint n'aurait pas été mieux.
De plus, fonçant tel Boorman & MacGregor sur leurs BMW 650, je croisai alors des cuisses qui devraient être interdites d'exhibition publique, en tout cas pas avec un t-shirt aussi coupé en V et plaqué contre une poitrine débordante. Je me suis tant tordu le cou pour satisfaire mon oeil pervers que je n'ai jamais réalisé que j'étais monté sur un terrain privé à la vitesse de l'éclair. C'est avec cette vitesse stupéfiante que j'ai plongé avec mon vélo dans le creux d'une piscine inconnue. Je devais avoir la bouche béate grande ouverte car j'ai avalé l'équivalent de deux pintes d'eau chlorée au sel. Ces gens salaient leur piscine et moi je prenais presque 20 minutes à sortir mon vélo et me sortir de ces eaux innatendus.
Mort de rire (car saoûl), lourd (car mouillé de la tête au pied) j'ai repris ma course car la bibliothèque devait fermer bientôt. Les occupants de la maison n'auront rien vu, absents des lieux probablement autant que je l'étais mentalement et physiquement.

Tout juste avant la bibli il y a un terrain de baseball. Sur ce terrain s'affrontaient deux clubs de balles féminins. Le costume des filles au baseball est particulièrement ridicule. Elles portent des shorts, laissant leur cuisses bien en vue, des cuisses souvent bien musclées mises en valeur par des bas que les joueuses se montent aux genoux. (ne glissent-elles pas au marbre ou au deuxième but? ça doit sérieusement errafler non?). Mon oeil pervers était en recherche de cuisses ce soir-là si bien que l'arbre placé sur mon trajet a aussi été une choquante surprise.

J'ai compris que le choc avait dû être violent quand le match a été interrompu pour me demander si tout allait bien alors que j'étais loin derrière la clotûre du champ droit. Et cul par dessus-tête.

"oui, oui" ai-je marmonné entre les dents qui me restait et j'ai couru à la Bibli comme un écolier après son autobus scolaire. Je ne faisais pas de sens pour ses gens, complètement détrempé, ils ont dû penser que je suais comme un cochon.

J'étais très étourdi. Alcool + Symptômes post-commotion. Au comptoir c'était la fille qui met toujours des t-shirt trop court sur des seins achetés trop gros et dont on voit toujours la (très)petite culotte dépasser du jean. C'est pas une petite culotte en fait c'est un fil. Elle rougit toujours en me servant. J'ai toujours un semi devant son regard soumis. Je crois qu'on se plait en secret.

J'étais toutefois tout mouillé, elle devait penser que je suais elle aussi. Comme ce n'étais probablement pas suffisament dégueulasse, l'alcool mêlé au sel de piscine et à la commotion cérébrale dormante m'ont fait gerber tout le riz économique que je m'étais servi pour le souper sur le comptoir.

Et sur elle semble-t-il.

Je devais être assez prêt de son chandail (ou mon vomi fût explosif) car elle semblait se sortir des brocolis de la craque de boule, paniquée. On ne se plait plus je crois.

Mon film en main j'ai fui après avoir torché le comptoir avec mon t-shirt (laissé sur place en souvenir, paniqué moi aussi). Le film que j'empruntais ne m'aidait en rien alors aussi bien déguerpir.

"T'étais où?" M'a demandé l'amoureuse quand je suis rentré à la maison.
"J'ai pris une dip dans la piscine"
"Avec... avec un dvd dans les mains?"
"Ouais...ouais je l'ai trouvé dans le creux" ai-je dis en plaçant mon doigt sur mes lèvres comme si un secret  se trouvait entre Hunter Jones il y a trois heures devant elle, elle et l'ivrogne actuel qui lui faisait face.

J'ai déboulé les escaliers du sous-sol tout de suite après, ai perdu connaissance, mais mon vélo était toujours devant la porte du garage le lendemain quand je me suis réveillé.

J'avais des bosses mais plus ce goût de sel dans la gueule.
Juste un goût de boeu.

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