vendredi 26 août 2011

Samson a les blues

Monkee a eu droit à sa première journée d'école secondaire cette semaine.

En fait c'était pas réèllement une journée d'école mais plutôt une journée pour aller découvrir sa case, y déposer ses livres, se familiariser avec les cadenas, s'informer sur le transport, la cafétéria, etc.

"Papa j'ai un peu peur..."
"Du secondaire? C'est une période de découvertes, et l'inconnu fait toujours un peu peur mais vous êtes tous dans le même bassin, vous passez tous de plus vieux et "king" de l'école à ti-cul du secondaire mais imagine les tous assis sur le bol de toilette à forcer un gros caca et crois-moi vous êtes tous pareil."
"De quoi tu parles? j'ai peur de ne pas me rappeler de comment faire mes combines de cadenas"

C'est vrai qu'il y en a 3. C'est vrai qu'il y a les 2# de casiers, les 3 # de combines, le code permanent, le # de fiche étudiante, le mot de passe du pluriportail internet qu'il faille retenir. Mais si c'est tout ce qui l'inquiète, on est déjà pas mal.

Je crois que j'étais plus excité que lui. J'ai vu Martin Matte, Richard et Martin Petit sur photo sur le mur des célébrités ayant fréquenté son collège. Ils avaient tous des cheveux à l'époque. Exact même bouille mais avec des poils au caillou. Matte était particulièrement comique avec ses cheveux frisés.

Il y avait peu d'adultes parmi les gens qui nous accueillaient et surtout des étudiants. Déjà les abus intergénérationnels dans la répartition des tâches. Plusieurs étaient fort malhabiles et bien peu habilités à nous indiquer la marche à suivre pour cette journée d'accueil. Toutefois quand j'ai fait poser mes questions par mon fils à ses contemporains le ton a changé et c'était comme si ils étaient des vieux potes depuis toujours. Ils se sont même donnés quelques briefings sur les profs que Monkee allait avoir et ceux qu'il fallait éviter de croiser ("M.Grognon" entre autre).

"T'allais pas à Champagnard par hasard?" a demandé Monkee a un quidam.
"Oui, toi aussi hein je pense? me semble que je t'ai déjà vu?"
"Ouais j'ai fais tout mon primaire là-bas"
"Chanceux Monkee moi je n'ai jamais fait toute mon école à la même place que ce soit le primaire, le secondaire ou l'université, juste le Cegep..." ai-je commencé avant de fermer ma gueule. Je brisais leur rythme.
Ma gueule. Tasse-toi le vieux. This is not about you, this is all him.

Les filles sont toutes unanimement grandes. C'est l'âge où elles poussent comme de la mauvaise herbe. Les gars commencent tous à avoir des boutons mais ne grandissent pas tous au même rythme. Monkee est encore tout petit dans cette foule de testostérone.
"Tu entres ici un enfant et tu resors dans 5 ans presqu'un homme" lui ai-je dis "Tu vas voir c'est une période très excitante" ai-je doucement enchainé le sentant intimidé. C'est à ce moment qu'une rare adulte du corps enseignant a fait un pas par avant s'approchant de nous.

"Salut c'est quoi ton nom?" a-t-elle demandé gentiment se penchant sur mon pré-ado.
"Monkee Jones" a-t-il répondu sans sourire.
"Il va falloir couper tes cheveux avant la rentrée hein? tu vas voir il y a ici une brigade des cheveux..." a-t-elle poursuivi toujours douce et souriante. Elle a aussi sorti un carnet pour y inscrire son nom avant de souhaiter à mon fils, tout aussi cordialement et avec une application qui faisait défaut aux autres pré-ados supposés nous guider, la bienvenue dans sa nouvelle école. Mon fils était si down de savoir que sa tête de pirate deviendrait une tête plate qu'il a fait la baboune en marmonnant quelque chose, regardant le sol. Une école anti-style.

"Mais papa! Ils vont toujours m'avertir! je vais faire couper mes cheveux mais ils vont toujours repousser!"
"Voyons Monkee, on ne va pas te faire faire une coupe militaire, on va juste les raccourcir, c'est vrai qu'on ne voit même pas tes oreilles ni ton front et de ton cou commencent à friser des mottes"
"Ben là...je veux pas avoir les cheveux courts!"
"T'auras pas les cheveux courts, t'aura juste les cheveux raccourcis..."

Rien n'y a fait il a été down chaque fois qu'on a évoqué son école par la suite.

Plus tard, j'ai croisé dans les gradins d'un aréna la mère d'un kid qui ira à son collège lui aussi.

"Zêtes allé chercher cet horaire avec lui mamzelle Nancy?"
"Oui, Hunter et tu sais ce qu'il m'a dit? Qu'il craignait comme la peste de ne plus se rappeller comment opérer un cadenas à combine!"
"Pour vrai?"
"...Et il est en maudit de savoir qu'il ne pourra pas se mettre de gel dans le toupet comme il aime se faire de temps à autres..."

Same kid, same worries.

Mon fils a connu sa pire pratique du camp d'entrainement tout de suite après.
Comme si ses nouveaux cheveux courts lui avaient enlevé toute confiance.

Peu importe, son pirate de père ira se faire couper les cheveux lui aussi.
Par soutien moral.
Je peux quand même pas garder ma couette qui me tombe sur l'oeil quand il est forcé lui-même de "porter sa tête propre".

Ce serait tourner le fer dans la plaie.
Le fer à cheveux.

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