mercredi 28 septembre 2011

Pitié Pour Les Moins (Mentalement) Nantis

Je roulais en direction de l'université. C'était une journée chaude. Suffisament pour resortir ses bermudas.

Coin Bernard et Parc je croise deux jeunes filles juives. Elles devaient avoir 14 ou 15 ans mais en paraissait 42 ou 43 dans leurs costumes austères. Je ne niaise pas, elles ne faisaient pas du tout leur âge, elles avaient l'air très très âgées. Et cette tunique avec de gros collants, ce gilet de laine, ce bleu/gris sous le soleil orangé qui commandait une robe d'été...Je les prenais un peu en pitié.

De l'autre coté de la rue: leur contraire. Deux femmes dans la jeune cinquantaine hautement botoxées et toutes en jambes. Toutefois le botox a manqué à partir du cou dans leurs reconstructions. Elles ont tout mis sur le sillicone au niveau de la poitrine mais le cou, les cuisses et les genoux ne mentaient pas: elles avaient bien 50 printemps. Il y avait aussi un petit côté malhabile et desespéré dans leurs tenues trop courte et trop 20 ans. Elles me faisaient pitié elles aussi.

À la recherche d'équilibre, je roulai jusqu'à la rue Isabella où je stationnai ma voiture. C'est rare que je me stationne si loin avant de me rendre à l'université mais là dans mon spot de stationnement habituel, c'était sale comble. Pas grave j'étais en avance. Ce n'est que là que j'ai remarqué ce grand édifice avec le mot Canada dessus caché au fond de la rue.

J'avais le temps, curieux, je me suis dirigé vers l'endroit.

Un homme m'a accueilli à l'entrée.
"Zêtkivou?"
"Hein? moi? une fouine, c'est quoi ce building?"
"Yan Finn? Zavez de la famille ici?"
"Hein? non je...c'est quoi? un centre d'hébergement? un hôpital?"
"Un peu des deux en fait...vous suivez le hockey?"
"???...suiVAIS, je les trouve idiots maintenant, je l'ai ai laissé tomber, en fait la ligue nationale a cessé de faire appel à mon intelligence...mais pourquoi donc vous de me demandez ça?"
"Aaaah ben dans ses circonstances...je peux peut-être vous faire faire une visite...suivez-moi M.Finn"

Et voilà que le monsieur me fait visiter un asile!
Ici le pavillon Réjean-Tremblay, là le pavillon Michel-Beaudry...
"Mais expliquez-moi monsieur, pourquoi ses noms associés à des journalistes sportifs? Ils ont payé les pavillons?"
"Non, ce sont simplement nos patients les plus célèbres les ayant fréquentés"
"Tremblay? Beaudry? patients ici? vraiment?"
"Sachez monsieur Finn que tous les patients ici sont coinvaincus de l'idée parfaitement folle que les Canadiens de Montréal ont besoin de davantage de francophones pour faire de leur équipe de hockey une meilleure équipe, ce sont de dingues à l'état pur, obssédés par l'idée que parler français fera d'un joueur un gagnant de la coupe Stanley"
"Ils...ils croient vraiment que de parler français donnerait un meilleur club?"
"C'est une idée fixe d'abord alimentée par une grande méconnaissance de l'anglais de la part des auteurs de la théorie. Si on les écoutait, Frédéric St-Denis, Gabriel Dumont, Dany Massé, Phillippe Lefevbre, Louis Leblanc, Olivier Fortier, Olivier Archambault et Alain Berger devrait faire le club simplement parce qu'ils sont francophones"
"Je comprends, il faut absolument les soigner!"

Sur ses mots j'ai croisé quelques patients, l'oeil torve, en camisole de force. L'un d'eux bavait. Il marmonait sa leçon du jour:
"My taylor is rich, Peggy and Sue went to the market..."
Un autre clown plus loin souriait à tout le monde et s'agitait en disant :
"Premier trio: Brian Gendron, Scott Gaudette, Maxime Patience-Rémy, deuxième trio: Thomas Paquette, André Constantine, Michel Caméra-Landry. Troisième trio: Eric Côté, David Desharnais (le nouveau capitaine) et Mathieu Darche (assistant), Travis Morin, Louis Allaire, André Marcoux..."
Le gars avait vraiment l'air gaga. Un parfait imbécile heureux. J'ai reconnu Réjean Tremblay.
J'ai fui, ça me faisait trop pitié.

Moi qui cherchait l'équilibre, je suis tombé chez les débalancés.
C't'idée de fouiner aussi.

Déçu et ravi de savoir qu'on les soigne.
Ça marche pas fort car y a encore tout un lot de fous en liberté qui propagent la théorie en public. Mais y a espoir, on y travaille.
Toutefois les fous ne peuvent que se multiplier quand les Coyotes (qui n'ont que 2 très sacrifiables francophones Pouliot et Bolduc) deviendront les Nordiques.

J'ai fais un don.
Pour la cause.
Faisaient trop pitié.

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