dimanche 9 octobre 2011

1987

Quand Ricardo Trogi a lancé le film 1981 sur les écrans, je me suis précipité au visionnement de presse pour voir s'y j'y reconnaîtrais quelque chose.

C'est que Trog était un personnage secondaire de mon adolescence. Mon père a été son instructeur au hockey tandis que moi j'avais comme amoureuse une blonde Julie dont la meilleure amie était la soeur de Trog. La soeur de Trog sortait en fait avec mon meilleur ami aussi.
On se croisait forcément. Lui des Compagnons de Cartier, école qui nous avait été très utile pour l'achat des examens d'histoire et de chimie de 1988 (le premier annulé quand tout le monde a obtenu autour de 100%, le second remplacé par un autre à la dernière minute), et moi de De Rochebelle, école de tous les bonheurs. Son père jouait de l'accordéon dans un café/resto que l'un de mes oncles affectionnait beaucoup et qui était voisin de là où je faisais, vers la fin des années 80, le boss boy la nuit.

Quand j'ai vu son film, j'y ai reconnu le dépanneur Perrette de Cap-Rouge. J'ai aussi compris que j'avais connu Trog et sa famille probablement trois ans plus tard. Car je l'ai connu à Ste-Foy près (ou sur?) le Bouveard Pie-XII. Chose certaine j'étais en territoire connu quand même.

Dans la deuxième tranche des années 90, par le biais d'un ami commun, le comédien (et candidat du Bloc)Martin Laroche avec lequel je travaillais à l'époque, je m'étais rendu à un festival de court et de moyen métrage à Ste-Thérèse. Le film que Trogi y présentait était le clou de la soirée. Un pastiche de l'excellent C'est Arrivé Près de Chez Vous. Son film à lui, C'est Arrivé Près de Chez Nous, mettait en vedette un alors pas tellement connu mais totalement délirant, Patrice Robitaille. Sur place, j'y avais recroisé pour la première fois depuis l'adolescence Ricardo. À la toute fin du film, la présence d'Isabel Rancier à l'écran avec laquelle j'avais fait du théâtre au secondaire. Quand j'ai croisé Trog à la sortie du film c'est lui qui m'a reconnu. Moi je l'avais connu avec des cheveux. Il avait forci aussi, mais moi aussi. On s'était échangé brièvement et le moment avait été fort sympathique. On a foulé sensiblement les mêmes sentiers par la suite sans réèllement se recroiser. Lui tournait à Québec et moi je scénarisais à Montréal. Il est resté accroché à son rêve de réalisateur, j'ai changé de famille.

J'étais très content pour lui que son film Québec/Montréal obtienne un grand succès. Même chose pour (baissez le son)L'Horloge Biologique. Deux films dans lesquels je reconnaissais tout à fait les préoccupations du gars que j'avais connu à l'époque. Le même gars dont on avait trouvé la cassette vidéo du défilé de maillot de bain de l'émission Star Search en 1984 restée dans la machine ce qui nous avait fait précipitamment lever du divan où nous étions assis par mesure de précaution hygiènique. C'est les Sports Illustrated Swismuit Issue qui dépassaient de sous le divan qui nous avait aussi alertés.

Cette fois je découvre que Ricardo Trogi présente son projet de film 1987. Je ne le connaissais pas davantage en 1987. Je dirais même que je le connaissais assurément moins. Je ne fréquentais plus les deux Julie (la blonde et la brune) et sa soeur non plus. J'ai recroisé cette dernière à la parade du carnaval, elle et moi en ivresse totale et je me souviens qu'elle m'avait trouvé beau. La rousse Baillargeon n'était plus aussi ronde qu'auparavant et je tombais sous le charme d'Hélène, une de ses amies. Mais c'était franchement les deux Julies mes favorites. Surtout la brune. Épouvantable à l'école mais tellement bonne à l'école de la vie...Je devais refréquenter sporadiquement Julie la blonde en 1988 et c'est le plus près que je me rapprocherais à nouveau de ces gens du Boulevard Pie-XII. Fantastiques alchimistes de mon adolescence dont le meilleur moment en leur compagnie restera le spectacle de Marillion en première partie de Rush un soir de mars 1986.

Mais dans les souvenirs de moments personnels comme ça peut-être mélange-t-on certains évènements quelque fois. 1986 ce n'est qu'un an avant 1987 après-tout. Peut-être qu'en allant voir son nouveau film en 2013 ou en 2014 y reconnaîtrais-je encore plus de choses.

"Le personnage principal est encore inspiré de ce que j'ai vécu, mais nous sommes plongés dans un autre environnement" dit Trogi.
Cet environnement c'était aussi un peu le mien.

J'étais un personnage secondaire de son adolescence à lui aussi. Peut-être même un figurant. Assurément trop sans histoires pour être même une parenthèse dans son film 1987.
Mais un peu comme un boomer ira voir Love sur les Beatles pour se rappeler celui ou celle qu'il/elle a déjà été, j'irai surement voir 1987 à son visionnement de presse avec la même excitante curiosité.
Aussitôt qu'il sera tourné.

Si t'as besoin d'aide au crayon, Trog fais-moi signe.
J'écris toujours
Et me rappelle surtout de tout.:)

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