lundi 17 octobre 2011

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable*********Exile On Main Street des Rolling Stones

Inspiré par cet album d'Arcade Fire qui selon moi, fait déjà légion et dont je ne me lasse pas encore, je vous propose à partir de maintenant, et ce une fois par mois, un très très TRÈS personnel musée sonore d'incontournables albums qui ont su charmer mes oreilles au travers des années et qui le font toujours malgré le passage des années.

Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.

J'ai baptisé mon musée des albums incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient d'en avoir déjà assez causé ici.

Ils sont tous les quatres mémorables pour moi en ce sens qu'ils ont tous changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques m'habitent complètement. J'en connais chaque son et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits toujours nouveaux même si les sons restent les mêmes. Ils atterissent juste à des endroits différents selon la météo mentale et physique.

"Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop
"Bassesse" pour Low de David Bowie
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2

Par ordre de parution.

J'aurais pu rajouter The Suburbs d'Arcade Fire mais je m'accorde le droit de recul. Peut-être que dans 10 ans le voyage me paraîtra banal.
(tiens je viens de vous faire un top 5 vite fait sans m'en rendre compte!)

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, ç'est B.I.B.I., c'est-à-dire, moi.
C'est aussi la terminaison finale du mot "habibi" qui, en Irak, veut dire "mon amour".

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, c'est également parce que ça pourrait évoquer une maitresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.

Ce que la musique est très souvent.

Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.

                EXILE ON MAIN ST. des Rolling Stones
1971.

Les Rolling Stones doivent quitter l'Angleterre car l'impôt leur court après. Jagger est à Paris avec Bianca et Keith loue la luxueuse villa Nellcôte, ancien terroir nazi, à Villefranche-Sur-Mer près de Nice. Richards dépense une fortune en héroïne. Cette surconsommation attire des paumés. Gram Parsons, Terry Southern, William S.Burroughs, Marchall Chess. Richards doit les mettre à la porte quand la police française menace de faire une descente. Mais Richards reste accroché à la drogue. Jagger et Wyman sont très souvent absents. Le band pour cet album c'est principalement Charlie Watts (à la batterie), Bobby Keys (au sax) Richards et Mick Taylor à la guitare. Un clivage est senti chez les junkies (Richards, Taylor, Keys, le producteur Jimmy Miller, son ingénieur du son Andy Johns) et ceux qui s'en passe (Watts, Jagger, Wyman) mais au bout du compte un somptueux album double va naître, croisé de rock'n roll, de blues, de country et de soul.

Un indécrottable de mon oreille.
L'album sort en mai 1972 et est reçu dans l'indifférence. Deux ans plus tard, les mêmes qui condamnaient l'album en parle comme d'un coup de génie de Richards. Il est aujourd'hui de tous les top 10 des meilleurs albums pop de tous les temps.

Lumineux morceau d'ouverture ou Jagger chante son progressif désintérêt pour le rock (dans le titre) mais chante aussi la débandaison au sens propre dans cette ère pré-viagra.

Jagger chante ensuite des propos très très sexuels, étouffés et presqu'incompréhensibles, sur le president Nixon et les rapports sexuels qu'il pourrait avoir avec sa femme Pat. Il jase aussi de Barbara the Butter Queen, une régulière du vestiaire des Stones qui utilisait du beurre pour ses "services". Raw Rock.

Toujours dans le rock très brut, la reprise de Slim Harpo était l'idée de Jagger qui avait aussi repris I'm a King Bee du bluesman plus tôt dans la carrière des Stones. Excellent blues.

C'est Richards qui joue de la base sur le morceau suivant. Jagger s'est inspiré des nombreux voyages en bateau que les boys se tapait jusqu'au casino de Monte Carlo où ils y jouaient en après-midi avant d'enregistrer de 8 heures le soir aux petites heures du matin. Pour le texte, il utilise la méthode de cut-up, inventée par William S. Burroughs (sur les lieux avec le band) qui consiste à faire de belles phrases sans liens entres elles et de les coller ensemble aléatoirement.

Encore une influence du casino, leur hit suivant, premier extrait envoyé aux radios, s'appelait à l'origine Good Time Women mais Jagger, insatisfait du texte à tout réécrit. Rare jeu de guitare pour Jagger là-dessus. C'est le producteur Jimmy Miller qui termine la chanson à la batterie quand Charlie Watts à un blocage mental sur la manière de la jouer.

Chanson originallement écrite pour l'album précédent, Sweet Virginia est l'une de leur plus belle. Très évidentes références à la drogue, les souliers faisant figure d'image pour parler des veines. "Gotta scrap that shit right outta your shoes"

Nette influence de Gram Parsons sur le morceau suivant qui parle de la décadence qui pourrait être celle de Richards ou de Parsons, nettement les deux plus drogués à ce moment. Parsons en mourra d'ailleurs deux ans plus tard.

Brillant morceau inspiré des meilleurs morceaux de musique blues composé par soutien à Angela Davis arrêtée après avoir été soupçonnée d'avoir orchestrée une prise d'otages dans un tribunal qui a fait 4 morts dont un juge.

Loving Cup est un autre trophée sous-estimé des Stones. Vers 2:06 l'apport des cuivres est tout à fait agréable. Chanson pour la route avec des montagnes au large.

 Le second extrait envoyé aux radios est chanté par Richards. En concubinage avec Anita Pallenberg (junkie jusqu'au bout des orteils elle aussi) Richards y va d'un jeu de mots facile avec "I need a Love that Keeps me happy" et "Anita's love keeps me happy". Morceau improvisé par Keef alors qu'il se trouvait seul avec Jimmy Miller et Bobby Keys. Jagger a rajouté des cuivre à Los Angeles plus tard.

Turd on the Run est le morceau par excellence à faire jouer après un vol de banque. Ce que les mauvais garçons du rock'n roll auraient facilement été capable de faire et étaient en somme accusé de faire en fuyant le FISC.

L'un des très rare morceau où Mick Taylor est crédité en tant que co-auteur. Il a d'ailleurs quitté le band pour cette raison, le manque de reconnaissance dans son apport à la création des morceaux des Stones. Dans l'été très chaud de 1971 en France, il n'y avait qu'une seule fenêtre dans le sous-sol de la villa où éait enregistré l'album et aucune aération.

Le morceau suivant est un jam soul de 2:52. Un bon groove qui donne envie de taper dans les mains comme les églises de choristes dans le sud de l'Alabama le font. On y parle d'ailleurs de Jésus, ce qui n'est pas innocent.

Nicky Hopkins joue et le piano et le melotron sur ce morceau où les voix de Tamiya Lynn, Dr.John, Clydie King, Vanetta Field, Shirley Goodman et Joe Green, dans les choeurs donnent une saveur gospel à l'ensemble.

Premier morceau, commencé en 1969 et complété pour l'album avec l'idée que ce serait le premier extrait pour les radios. Saisis de doute, les Stones ont appelé un ami DJ de L.A. et lui ont demandé de jouer la chanson à la radio. Ils ont loué une limousine, se sont entassés dedans et ont écouté le DJ la mettre en ondes en grande première. "for this time and this time only the brand new Rolling Stones!". Pas encore convaincu, grâce entre autre à une acoustique assez nulle dans la limo, ils ont poussé l'audace jusqu'à lui demander de la rejouer. "As a popular demand, we will play that song back for you (you : the rolling stones) so pay attention fellows this is an exculsivity! The new Rolling Stones song from the next album". Finalement personne n'a été convaincu et le morceau n'a jamais été lancé autrement que sur l'album (sauf pour cette station). C'est dire la puissance des Stones à cette époque.

La reprise du grand Robert Johnson qui suit fait briller Jagger à l'harmonica, Taylor à la slide guitare accompagné de moments plus carrés à la guit. de la part de Jagger. Les arrangements sont crédités aux 5 Stones (Jagger-Richards-Wyman-Taylor-Watts).

Écrite en 1968 pour Brian Jones, qui disparaissait du groupe étouffé par la drogue, et appellée Get a Line on You, Jagger a choisit d'en réécrire certains passages pour cet album. Une autre preuve que Dieu n'existe pas, the good Lord never did shine a good light on Brian.

Soul Survivor clotûre un grand album des Stones qui n'ont jamais été meilleurs qu'avec Mick Taylor parmi leurs membres. Dans ce morceau, on entend le riff (1:04) qui sera le riff d'ouverture retravaillé par Richards au début des années 90 pour tricoter un autre hit.

Pour amateur de blues, de gospel, de country, d'harmonica et de rock guttural.

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