mardi 11 octobre 2011

Le Timbre Magique

Gustave Flaubert, magicien du verbe, disait que l’insatisfaction affective et sociale et la quête de compensations imaginaires, le rêve de l’impossible pouvait légitimement s'appeler Le Bovarysme, du nom de son chef d'oeuvre, Madame Bovary. Cette expression représente l’ardente nécessité de se surpasser, probablement liée à l’impossibilité de s’accepter comment on est.
Cette difficulté à vivre dans un monde borné, annonce le spleen baudelairien et l’incapacité à s’accommoder d’une existence qui brime l’idéal.

Rappelons-nous que le bonheur se rencontre mais ne dure jamais.
Madame Bovary était résolument moderne.
Sacré Gus.

J'écoute cette chanson en boucle par les temps qui courent.

Parce que les temps courent, galopent.
Parce que ce groupe me transporte dans un mélange de bonheur et de spleen.
Me plonge dans une atmosphère. Un état d'esprit près de celui de l'état de grâce mais qui reste teintée d'une certaine mélancolie.

Le temps s'arrête soudainement me ramasse par les pieds et me fait léviter.

Pas d'étouffement publicitaire. Moins de bruits, plus de sons.

Je me rendais faire quelques commissions exigées par la belle et je dû prendre sa voiture qui était stationnée devant la mienne dans l'entrée. C'est sa voiture, je ne lui dicterai jamais quoi faire avec. Mais elle plante toujours sa radio sur une station FM innondée de publicités (et autres horreurs). C'est un monde que découvrira Sara Churman qui a passé les 29 premières années de sa vie à peu entendre et qui entend mieux depuis la semaine dernière.(ce clip m'a fait pleurer à chaque fois que je l'ai vu! ENOUGH!)
De la radio de la voiture de l'amoureuse, dégoulinait du miel sonore. Le miel c'est bon mais trop de miel donne mal aux dents. Bien que j'accorde à la chanson mise en hyperlien une qualité de guitare funky fort agréable en gros, la chanson me tombe assez rapidement sur les nerfs. Tout de suite après, sur les ondes, la mort. La mort de la création. Comme le souligne quelqu'un de plus allumé que les autres dans les commentaires du clip en hyperlien "est-ce que créer une chanson originale est aujourd'hui considéré comme une maladie?". Des ignares ont aussi critiqué l'utilisation de la chanson de...CÉLINE DION!....
C'était Heart! bandes de bananes!
Ce qui m'agace des radios FM populaires de nos jours est que plus de 60% des chansons utilisent des extraits d'autres chansons d'une autre époque. De plus, au risque de passer pour un puriste, les chansons sont de moins en moins chantées et de plus en plus parlées. Ce qui m'agresse davantage c'est cette inondation de publicité. À la télé, à la radio, sur le net, la publicité est franchement tentaculaire. Ma tolérance frôle le zéro face à la pub. Je prends même souvent la peine d'effacer avec un petit canif la pub sur un crayon qui m'aurait été livré par une banque ou une pharmacie et masque toujours les noms ou les faces sur les calendriers offerts par des compagnies de courtage. Sur le net, quand je mets un vidéo en hyperlien, comme aujourd'hui, je sacre toujours quand il y a une pub de plus de 15 secondes précédant le vidéo que je vous place en référence. En quoi Peter Gabriel est il lié à un assouplisseur textile? Quand je navigue sur certains sites, mon curseur n'est pas toujours placé finement sur la barre sur la droite de l'écran. Il tombe parfois par mégarde hors de la barre et me plante une sale pub en pleine face.

En quoi, alors que vous lisez les détails de la situation politique au Yémen, pourriez vous être soudainement intéressé par l'achat d'une voiture? Ce type d'agression me fait hérisser le poil du cou. La pub nous tient tant en otage que l'on ne s'en aperçoit même plus.

Entre cinq ou six agressions sauvages de la radio de la voiture de l'amoureuse, soudain, le ciel s'ouvre. Comme si en plein viol apparaissait l'amour. Comme si les sons quelques fois choisissaient de séparer le bon grain de l'ivraie, laissant quand même la part la plus lourde à cette dernière catégorie, tombe à nos oreilles ces quelques notes et cette voix à faire craquer les statues.

Adèle est un gifle à toutes les poupées biodégradables de la planète musique. Voilà une chanteuse, une vraie, qui utilise sa voix là où les autres nous séduisent par l'offrande de la cuisse, de la fesse ou de la poitrine. La fille est légèrement enveloppée, ça lui donne du coffre, elle a quoi? 23 ans? et par sa seule voix elle réussit à bouleverser l'ordre de mon univers. j'en arrêterais presque la voiture pour en savourer chaque mesure. Je lui flatterais la cuisse, la poitrine, la fesse (si elle le souhaitait bien entendu)

Elle chante même du Dylan...
...et The Cure qui n'était pas écrit pour elle (ce que je ne lui pardonne pas beaucoup)

Adorable
Délicieuse
Epoustoufflante
Lacrymale
Extraordinaire

Ce que je tente d'atteindre le plus souvent possible.
En répondant à l'ardente nécessité de me surpasser.
Probablement liée à l’impossibilité de m’accepter comment je suis comme disait Flaubert.
Moi qui suis si ordinaire après tout.

Flaubert disait aussi "je ne me suis jamais marié car je ne supporte pas l'ennui."
Espèce de Gus.
Je marierais Adèle Laurie Blue Adkins Anyfuckingday.
Et jamais on ne s'ennuierait.

2 commentaires:

en attente d'être supprimé a dit...

Merci pour ce que tu écris, tu le fais bien, tu me transportes avec une écriture fluide et authentique, mélancolique mais nullement fataliste. Merci pour m'avoir fait découvrir des morceaux que je ne connaissais pas...

Jones a dit...

Merci des bons mots
Qui à mon coeur font tout chaud:)