dimanche 11 décembre 2011

Le Fier Monde

(De Marc Favreau/Sol quoique légèrement modifié)

Il est pas si tant tellement grand le monde.

La Terre est grande mais le monde est petit, petit, petit.

D'abord faut savoir que la Terre c'est une boule toute ronde comme une pomme sauf qu'elle a pas de queue (c'est pas grave qu'elle aye pas de queue mais c'est un petit peu embêtant pour nous on peut jamais savoir quand elle est contente).
Il en arrive il en arrive surtout du monde tous les jours il en arrive.

C'est pour ça qu'on voit plein de monde partout ...Mais ça veut pas dire que tout le monde se connaît

Non.

Il est pas fou le monde, il veut pas perdre la boule alors il reste à la même place.
Y les raisons so-so, les réchauds chorales, les réseaux sociaux.
Tweet? Ça vient des oiseaux. Et vous savez ce qu'on dit sur les cervelles des oiseaux. Je ne m'y arrêterai pas. Ça me donne des gaz, oui, oui. Face de Bouc? C'est comme l'an dernier quand nous étions 700 chez Miguel, à boire, à rigoler, à se jaser en profondeur. Face de Bouc c'est exactement la même chose, c'est une réunion d'amis, sauf qu'il n'y a pas à boire, pas tellement de profondeur et tu ne connais aucun de tes amis.

Le monde, il est innombreux il est partout partout autour de la boule alors forcément y en a qui ont le dessus et d'autres qui ont le dessous. Ceux qui ont le dessus sont drôlement bien c'est les États riches les Établis les États bien, les États munis.
Ceux-là ils ont tout, ils manquent de rien et le reste ils l'inventairent.

Ils n'attendent plus les invitations, ils s'inventent partout.
Ceux d'en dessous alors là c'est pas pareil surtout pour dormir c'est pas commode avec ceux d'en haut qui leur tapent sur la tête.
Mais ils restent là quand même pas question de laisser tomber passqu'ils sont fiers

C'est le FIER MONDE ...!
Y en a qui disent waff le fier monde ça compte pas il se passe rien ... Ouille ! Faut pas connaître le fier monde pour dire ça.
II s'en passe des choses !

Surtout quand ceux d'en haut ont fini de manger et qu'ils secouent la nappemonde, ils secouent, ils secouent et les miettes se mettent à tomber et comme la Terre est ronde la plupart du temps ça passe tout droit alors ceux d'en dessous ils s'en passent des choses ! Ils se passent de tout ! Mais le fier monde ça le dérange pas vraiment il est habitouillé, il s'en fait pas, d'ailleurs jamais il s'énervouille, jamais il est pressé, il déménage ses efforts et pourtant il arrive toujours à rejoindre les deux bambous!
Il s'en fait pas il sait vivre.

Par exemple le matin quand il se lève la première chose qu'il fait sans se presser il prend son café et il le plante ! Pousse café, pousse café, pousse pousse ...!
Ensuite il prend sa canne en sucre et il s'en va au champ et là il chante très complètement patient et curieux toute la journée penché sur les petites plantes. Jamais pressé le fier monde c'est comme pour manger il peut attendre des mois des mois. D'ailleurs il mange prexe pas : il coupe le poivre en deux il met de l'eau dans son bain il fait la disette gentiment en famine.

Le fier monde c'est la plus grande sobriété de consommation !

Bien sûr comme tout le monde il veut pas manger toujours la même chose des fois il veut changer de régime alors il serche il serche un nouveau régime et même il se casse la tête, il casse des têtes, il décide, il génocide pour en trouver un et quand il le trouve c'est un solonel ! (En général c'est un solonel)
Un gros grand solonel très fort très dynamite qui arrive les bras chargés de bananes et qui met ses bananes au régime.

Et là le fier monde est content il jujubilationne il remercenaire le solonel il se dévote pour lui et le solonel c'est pas long il le prend le vote et avec lui ça traîne pas c'est toujours le vote à main armée ! Et tout le monde est content le fier monde retourne à son chant tout le jour il passe le temps au coton et le solonel lui il le passe au tabac. Attention faut pas croire que le fier monde se repose pas ! Après manger par exemple il fait jamais la vaisselle il fait seulement l'assiette.

Il s'étend sous un grand napalmier ou un gros maobab et il fait l'assiette et comme il a pas besoin de brunir il se laisse griser

Il dort dîne.

Puis des fois le soir il veut s'abuser alors il danse et il rit, il aime ça rire, il rit, il rit, il rit ; il se tornade de rire et quand arrive la croix rouge il est content passque avec elle il est sûr de se payer une pinte de bon sang ! Ouille oui alors le fier monde il sait vivre, il sait s'abuser !
Y a pas que lui bien sûr. D'en haut aussi ils s'abusent. Quand ils se font du visiting c'est pour s'abuser. Ils se font des déceptions vermouilleuses, faut voir ça ! Les premiers qui arrivent c'est les ambrassadeurs de bonne étreinte qui se font l'échanging de cosmopolitesses puis c'est les chefs des chefs drôlement bons qui pensent toujours aux autres qui s'écoutent jamais qui parlent avec leurs monologues qui se font des petites affaires étrangères dans des rencontres au sommeil parce que l'ennui porte conseil.

Des fois les chefs ils amènent leurs pèquenocrates. C'est gentil un pèquenocrate et ça dérange personne ça reste là tout humide avec sa serviette et appuyé sur son dossier ça a toujours l'air dans la plus grande stupéfonction publique et ça bouge pas de peur de se mettre le doigt entre l'Arabe et le Corse.

Et puis quand ils veulent faire des cadeaux les chefs, ils amènent des admirables et des généreux qui se lancent des fleurs des beaux grands dépôts de géranium enrichi.
Et tout ce monde-là ça bavaroise gentiment. ça psycause de guerre et paix, ça donne des incohérences de presse tout en grignotant une petite coalition à la bonne franquiste.

Mais les pluss belles déceptions c'est les très énormes, les déceptions mondaines quand tout le monde est là quand toutes les INANITIONS UNIES sont là. Ça mange! et ça documange !

Faut dire qu'ils sont là pour ça et qu'y a de quoi manger: la veille ils ont fait leur marché en commun et la table est pleine y a des tonnes et des gloutonnes d'aliments pour tous les goûts: des aliments de l'ouest et de l'est.
Faut les voir alors se jeter sur la soupe comme des anthropotages et ensuite ils se rempiffrent avec la gelée latine puis ils se nourrissonnent de yogourt slave. Et quand arrive le steak le grand steakoslovaque ils sont contents: c'est le plat de résistance ils se dardanellent dessus ils le biftèckent et le vivisectionnent en tout petits moscovites qu'ils avalisent diplomatique à toute vitesse.

Puis c'est la fricassée.

Qu'ils dévorationnent jusqu'au bout couss que couss avec des petits points chauds beaucoup de petits pigments et très énormément de sahel.

Et même après ça ils ont encore faim. Faut les voir quand arrive le désert un grand désert porté par des Arabes en espadrilles de mystères ! un désert fabuliquement riche servi dans une grande assiettée muftinationale ... un désert plein de mirages qui donne des israëllusions (les Arabes avec leur désert ils y vont pas de mer morte!) C'est riche! C'est des mille de cent trente-cyprioches !

Toutes les unes contre les autres entourées de turcreries et arrosées de sirocco! C'est riche!

Alors ils se goinfriandisent atrocement et le pôvre désert c'est pas long il reste que des niets.

Et c'est pas tout. Dans les grandes déceptions mondaines, ils font pas rien que manger ils buvardent aussi et pas n'importe quoi pas de l'eau de Pologne du vrai vin ils se versaillent de grands verres de vergogne et ça buvarde, et ça buvarde et bientôt tout le monde est très gai très pharisien et ça se met à crier: Vive la transe ! (Y en a, bien sûr, qui aiment pas le vin comme les deux pluss grandes des inanitions unies : l'amnésique du nord et la répudique qui a des soucis réalistes.)
Ces deux grandes fofolles elles aiment pas le vin alors on leur laisse la bière froide. Et ça buvarde et ça se hongrise et ça tombe dans la pire bulgarité ! On en voit qui ont tant tellement le boyau muni qu'ils laissent tomber la grande bretelle! Ils s'en font deux guirlandes et ils tirent dessus! Et c'est là que se déclenche la course aux ornements tout le monde devient fou même les alliés de toujours même les alliés-nés.

Et puis y a ceux qui ont le vin trixte comme la clique du sud pôvre clique du sud elle peut pas buvarder elle fait une répression nerveuse elle reste dans, son coin elle broie du noir.

Y a ceux qui prennent le nord aux dents et le nord se laisse pas faire il se scandinave il se péninsulte.

Y a ceux qui perdent la tête, qui décapitulent et qui se retrouvent comme des trépanations.

C'est épouffroyable c'est un macao terriblifique l'ethmyopie se tape le négus partout la belle gifle son flamand on s'arrache les cinq condiments on se tire sur la pipeline on déterre les moratoires on se traite de musulmenteurs et ça pétarabe, ça pétarabe, ça pétarabe.

L'indigne nation s'empare des diplotomates et les lance partout sur la nappemonde et l'amnésique se fâche. Elle pique une protocolère, l'amnésique sort de ses gonds et c'est la salade.

La salade de la violette qui monte, de pluss en pluss violette jusqu'au bout jusqu'à perpétrole jusqu'à l'épuigisement!

Puis ça se calme.

Forcément. Après l'épuigisement ils ont plus de force ! Ils ont même plus la faible petite force de se lancer des olives nucléaires.

Heureusement pour la vieille qui nettoie les dégâts à mesure, la vieille démocrasseuse. Elle serait pas d'accord avec les olives pour elle ça serait inadmissile elle qu'est déjà tout alarmée toute pentagonisante avec un pied dans la tombe atomique elle aurait bien trop peur de plus jamais être capable de faire le ménage de sa purée publique elle aurait trop peur de plus jamais être fière de son monde ...

Pôvre vieille démocrasseuse ...!
Il a vraiment de quoi être fier, ce monde.

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