mercredi 11 janvier 2012

Aides

Il y avait neige toute fraîche sur nos voitures ce matin-là.

Je me relevais d'avoir gardé 5 enfants la veille. De 7 à 12 ans. Ce matin là je savais que j'en gardais encore 4 jusqu'à 17-18h et que leur sommeil du moment n'était que le prélude au bruit à poindre vers midi. J'anticipais de la fatigue de fin de journée.

Nous sommes à cette période de l'année où les services de garde dans les écoles sont ou bien extrêmement coûteux, ou bien inexistants. Comme je travaille à domicile, je suis la cible parfaite pour y caser un kid. Je suis aussi plutôt bon à les garder occupés et à les amuser ce qui rend la chose toujours agréable pour tous. Surtout pour les parents qui me les laissent, parents que je dépanne et aide.

J'étais dans la noirceur d'un matin bleuté à préparer le café pour la belle quand j'ai choisi que ce vendredi-là, avant la reprise de la cohue Janvier/Février qui commencerait la semaine prochaine pour nous, qu'on se louerait un film, elle et moi.

Voilà une chose que l'on ne fait plus tellement régulièrement.

Pas que nous ne regardons pas des films ensemble mais nous ne passons plus par le club vidéo très souvent. Manque de temps. Mais comme je passe plus que régulièrement à la bibliothèque, j'y emprunte très souvent des nouveautés tout aussi nouvelles qu'au club vidéo.
Pour 649 cennes de moins. (Chuuuuuuuuuuuuuut!)

Monkee serait plus que content de retourner sur sa XBox que je lui avais interdit de fréquenter en présence de son petit cousin (pour cause de jeux trop sanglants) et Punkee nous avait déjà dit qu'elle avait hâte de lire ses nouveaux livres de Noël. Nous avions de plus noté une fatigue plus lourde chez la petite et soupçonnions (pas à tort) qu'elle tombe de fatigue assez tôt ce vendredi-là.

En me rendant à la Vievliothèque (sic) le film que je voulais ne s'y trouvait pas. Je suis comme ça, quand je vais au club vidéo je sais exactement ce que je vais chercher. Toujours. Jamais je n'y traine en errance. Ou très rarement. Contrairement à la bibliothèque où je suis un véritable ver de terre qui peut se glisser de quatrième de couverture en quatrième de couverture comme une jeune fille se laisse porter par le vent dans un champ de blé au mois d'août.

J'ai mes habitudes à la bibliothèque locale.

J'y vais aussi souvent qu'un ivrogne se rend à la taverne.

Livres, films, musique, comment ne pas m'y abreuver?

J'y vais si souvent que je crois être devenu le préféré d'une petite madame. Elle pose sur moi continuellement des regards attendris, comme celui que l'on poserait sur son gendre préféré. Elle me donne du "M.Jones" comme si j'étais le premier ministre. Elle refile un usager à une autre employée pour venir me servir. Deux fois je l'ai entendu demander, après m'avoir parlé, à une collègue d'à peu près mon âge, si elle avait un amoureux. Ce type d'association mentale ne laisse aucun doute, je lui plais beaucoup.

Comme mon film ne s'y trouvait pas j'en ai profité pour explorer une autre curiosité qui me tentait.
C'était cette dame qui était au comptoir quand j'ai demandé pourquoi le réseau de bibliothèque de ma région avait l'intégrale de la saison 2 de la série télé Hung et que l'intégrale de la première saison semblait inexistante dans leur base de données. Ceci a attiré l'attention d'une jeune nouvelle en section qui semblait être familière avec la série et qui est venue nous aider à chercher dans le système. Sans succès.

Comme je suis le chouchou de madame, c'est toutefois la matante qui m'a rappellé chez moi pour me dire qu'elle fait des pieds et des mains pour me trouver la série. (Peut-être me prend-elle pour le personnage principal de la série Hung...)

Je suis allé au club vidéo où le type de service fût tout autre. On a accueilli mon portefeuille avec un double "Bonjour Monsieur". Un de la gauche de la part d'une jeune fille qui n'avait pas complètement terminé sa conversation au téléphone cellulaire avec une amie et un autre "bonjour" de la droite de la part d'un jeune homme à lunettes prêt à me vendre de la téléphonie, de la cablodistribution et des patates rissolées.

"Ça va merci, une feuille de salade et deux tranches de tomates poivrées suffiront".

J'ai vite repéré le film en question, sans aide, qui m'attire beaucoup car je lis en ce moment un peu sur l'histoire des noirs. Mais aussi puisqu'il réunit un casting de rêve. Emma Stone, Viola Davis, Bryce Dallas Howard, Jessica Chastain, Octavia Spencer, Ahna O'Reilly, Allison Janney, Anna Camp, Marie Steenburgen, Cicely Tyson, Mike Vogel, Chris Lowell, Sissy Spacek et Brian Kerwin.

Non seulement les femmes de ce film sont tout à fait charmantes (Les accents, Spacek,Stone, Chastain et Howard sont tous des favorites o' mine) mais l'adaption du livre de Kathryn Strockett qui parle de l'amitié de trois femmes dans la ville de Jackson au Mississippi séparées par à peu près tout et qui décident d'écrire un livre remettant en cause les conventions sociales sensibles de leur époque (les années 60) me semblait un bon compromis entre les goûts de la belle (plus grand public) et les miens (plus pointus)

J'aurais du soupçonner que l'aide traitée dans le film serait beaucoup celle du barbu crucifié. Je savais aussi que je plongerais dans le sud des États-Unis à la naissance des droits civiques entre 1955 et 1968. Quand les États-Unis étaient plus rudimentaires dans leurs valeurs, se levant et se couchant avec Dieu. Le film est une véritable plongée dans l'Amérique de 1963.

Et un clin d'oeil au Canada de Stephen Harper d'aujourd'hui qui est sensibelement le même.

Malgré la lourde main moralisatrice, la bienveillance de la réalisation de Tate Taylor et l'abominable titre français, le film est porté par une brochette de fabuleuses comédiennes. Franchement rayonnantes. Ma foi a été renouvelée. Ma foi en l'Homme pas en Dieu. Foi en l'Homme amenée par un groupe de femmes. Ne le cachons plus (et avisons certains autres peuples) l'Homme avec un grand H c'est la femme.

J'adore la neige avec ses reflets bleutés dans la neige de janvier.

Mais c'est dans la peau bleutée des personnages de ce film, dans le soleil du Mississippi, que j'ai trouvé ce qui a fait ma journée ce vendredi-là.

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