mardi 31 janvier 2012

Honorées!

Voilà la une que j'aurais fais dans les journaux au lendemain du verdict de culpabilité qui est tombé dans le procès Shafia.

Et c'est l'image des disparues: Rona, Zainab, Geeti, et Sahar que j'aurais placé à la une des journaux, pas celle des coupables.

On s'intéresse à ceux qui restent, mais celles qui sont parties de doivent pas être oubliées pour autant. Ni oublier qu'il y a trois autres victimes, deux filles et un garçon, de moins de 16 ans, qui viennent de perdre 7 des membres de leur famille d'un seul coup. Leur univers navigue entre la détresse psychologique et le désordre absolu.

Mais une certaine mentalité malade n'aurait pas compris ma une.

Le crime d'honneur a un sexe. Il est perpétré par le mâle et sa victime est continuellement la femme. On devrait très sincèrement cesser de parler d'Honneur, comme si la femme n'en méritait pas, et on devrait au moins parler des vrais choses et de simplement parler de crime mysogine. Les chiens sont souvent mieux traités que les femmes dans certaines mentalités qui ne sont pas qu'afghane. (Ceci étant dit ce ne sont pas non plus tous les afghans qui traitent leurs femmes comme les Shafia l'ont fait)Les chiens se domptent et finissent par se soumettre. Pas la femme. Pas certaines femmes.

Même Tooba Yahya*, femme complice dont le silence aura été aussi grave que si elle avait porté le glaive sanglant dans la main, même elle, femme discrète, timide et totalement dominée par son mari, a eu son moment de révolte.
«Dans quel désastre m'as-tu entraînée?» a-t-elle pleuré à Mohammed Shafia trois semaines après le quadruple assassinat. Comme si elle se réveillait soudainement du plus mauvais rêve qui soit. Ou au contraire, comme si elle réalisait qu'elle ne sortirait plus jamais du cauchemar.

Le policier de Kingston qui parle le farsi l'aura aussi habailement mis en confiance. Suffisament pour qu'elle confesse que ce n'était pas un accident, que la voiture des Shafia étaient sur les lieux et avaient opérer comme tout le monde le pensait: en poussant l'autre qui contenait les cadres femmes. Tooba était dans la bois plus loin, elle a entendu la voiture tomber dans l'eau et comme si un instant de bon sens venait surplomber la folie du moment, elle a hurlé.

Un cri qui arrivait trop tard.
Un cri que l'on souhaite plus hâtif dans les détresses des femmes du monde entier.
Une main qui se tendait mais que son ignoble mari a tout de suite resaisi pour mieux tordre son poignet.

Je serais curieux de savoir quel genre de rêve ont fait ses gens en allant se coucher à l'hôtel. Comment dors-t-on par la suite. Moi qui suit insomniaque sans avoir quoi que ce soit sur la conscience, imaginez si je commettais des crimes...

Les disparues reviennent-elles les hanter dans leur rêve?
Si des vierges attendent supposément certains morts qu'est-ce qui attends les femmes mortes?
Des puceaux?
Les assassins rêvent-ils de devoir accompli?
de chiens?

L'ironie a voulu que Mohammed Shafia soit probablement incarcéré pour les 25 prochaines années dans le même établissement qui garde le triste animal Russell Williams. Peut-être discuteront-il de leur amour partagé des femmes fatalement dominées?

Une preuve «circonstancielle» est parfois aussi forte qu'une preuve avec des témoins directs. La démonstration en a été faite dimanche. On reconnait souvent la police pour ses ratés, mais il faut souligner que  la police de Kingston a fait là-dedans un travail brillant.

Ce qui réèllement inquiétant c'est que le président de l'Association culturelle des Afghans du Québec n'est pas convaincu que "les preuves étaient suffisantes" pour condamner le trio d'assassins.

Une jeune fille qui aurait choisit de conduire la nuit (à 2h du matin) dans une région inconnue, alors qu'elle n'avait jamais osé conduire ailleurs que dans un stationnement jusqu'à maintenant. Une jeune fille qui aurait eu à bord du véhicule les trois autres membres de la famille en rupture avec l'autorité patriarcale. Un trajet de voiture partiquement impossible, même pour les habiles conducteurs, et une écluse si peu profonde qu'il aurait été relativement facile pour des gens éveillés de s'en sortir. Un frère qui a avoué avoir été sur les lieux, avoir lancé une corde pour les aider et qui, devant l'absence de réaction, finira par choisir de retourner à l'hôtel (toujours autour de 2h du matin) en parlant de la chose à PERSONNE pendant des heures. Des morceaux de la voiture du père trouvés sur place. Les enregistrements des assassins dans leur voiture après lers décès qui sont comme des crachats sur leurs cadavres.  Des sites internet de recherche qui comptaient les mots "comment commettre un meurtre" et "mort par noyade" et le lieux exact où les femme sont mortes trouvés dans la fréquentation des sites. Une mère qui avoue et qui dit à sa soeur : "avoir perdu trois filles et avoir pêché trois fois"...

Combien d'accablantes incriminations supplémentaires étaient nécéssaires?
Et pour ces gens il ne suffisait que de la photo d'un garçon en présence de sa fille pour donner droit à la colère fatale?
Je comprends qu'entre peuple il y ait quelque fois des différences culturelles très marquées, mais il ne faut pas prendre les lanternes pour des vessies non plus.

Le verdict de culpabilité a rapidement fait le tour du monde, dimanche. La nouvelle a été la plus lue et commentée sur les sites de CNN, aux États-Unis, et de la BBC au Royaume-Uni. Des quotidiens australiens en ont également fait écho.

J'espère que ce type de nouvelle ébranle davantage certains modes de pensée que ne saurait le faire la meilleure des bombes.

Certains vous auront aimés mieux que votre propre famille, mesdames. Ne l'oubliez jamais là-haut.

*C'est toutefois l'une des victimes, Rona, qui est illustrée aux côtés du texte. Aucun des coupables n'est mis en valeur en images dans ce texte.

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