lundi 5 mars 2012

Chanter, Pleurer, Bouder

"Bon ben moi je joue p'us!"

On l'a entendu toute notre enfance dans la cour de la petite école. On l'entend encore maintes et maintes fois chez les enfants. C'est la forme de chantage ultime. C'est un brin rigolo. Le niveau d'humiliation est quelques fois démesuré et oblige des réactions émotives amusantes chez le kid en progression.

Quand il réagit ainsi, il dit en quelque sorte "je suis si important pour le bonne tenue de ce jeu que si je me retire, votre jeu n'aura plus de sens et sera ruiné grâce à mon absence". À la base, ça peut être bon . C'est signe que l'enfant a suffisament confiance en soi pour se construire un petit égo. C'est aussi risible.

Chez les adultes, ça fait verser dans le pathétique.

Jeffrey Sirkiz est (était?) médecin omnipraticien à Lachute. Assurément il travaillait très fort, peu être trop. C'est ça notre sale système de santé. L'horaire des médecins est d'un atroce bordel. Quand ils ne sont pas en sempiterenelles vacances, ils se dédoublent en travaillant en mongol. 100% malsain pour tout le monde. L'hôpital de Lachute éprouve de sérieux problèmes de disponibilité de médecin. (D'ailleurs, en 2012, l'utilisation des mots "disponibilité" et "médecin" dans la même phrase est devenu un non-sens si il n'est pas accompagné d'un substantif de négation). L'ex-docteur Sirkiz était employé à cet hôpital. Lundi le 27 février au soir, des policiers de la SQ devaient l'interroger dans le cadre de la tenue d'une enquête interne concernant un poupon admis à Lachute, mais transféré par la suite à Sainte-Justine pour une fracture à une jambe. 

Le docteur Sirkiz a référé les patrouilleurs à Ste-Justine. Les patrouilleurs n'ont pas aimé, ils l'ont arrêté, plaqué contre le mur, menotté, coffré, il y a eu bousculade, affront, bisbille, et gnagnagna...Sirkiz a trouvé tout ça cavalier, il s'est senti humilié et le lendemain a aussitôt choisi de démissionner de son poste. Vêtu la jaquette de la honte.

Duh!

Peu importe le résultat de l'enquête de la police sur la police (qui seront blanchis, no chance Doc), il est assuré que les patrouilleurs qui l'ont malmené ont aussi trouvé cavalière l'attitude de Sirkiz. Sinon ils n'auraient jamais été tenté de vouloir crever la bulle d'orgueil qu'était l'omnipraticien. Forteresse dans laquelle il s'est cloitré dès le lendemain en boudant à jamais son département.

Les patrouilleurs prétendent qu'il refusait de collaborer. Si l'orgueil de Sirkiz est suffisament grand afin d'obscurcir son jugement et de le faire démissionner sur un coup d'émotion en mettant dans le très sérieux trouble son hôpital, était-il à la base suffisament compétent pour faire son travail comme il se doit? Je ne crois pas. Un omnipraticien fait parfois face à des situations extrêmes.

Le pauvre bougre était lui-même au coeur d'une situation dite "extrême". Au minimum, vécue extrêmement de sa part. Il a réagi en total réactionnaire. 

Take a pill, chill out, doc.
Ce sont deux orgueils qui se sont encornés.

Si t'es pas coupable de rien, t'as pas à t'énerver.
Si t'as des choses à te reprocher, peut-être es-tu enclin à sombrer dans la panique.

Pour le moment tu as quitté ta "passion".
Puisses-tu, s.v.p.,  ne jamais y revenir.

Car ce sont des milliers de patients que tu laisses tomber. Des gens dans le besoin.
Des employeurs et des collègues. Des gens aussi dans le besoin.
Et tout ça, pour une bête crise d'orgueil.

Pleure si tu le veux mais ne t'attends pas à ce qu'on te tende des mouchoirs. 
Zéro sympathie pour le toutibibi.         

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