jeudi 26 avril 2012

La Pomme, Le Pommier, les Racines...

J'ai toujours perçu, sans jamais l'avoir vécu, la séparation d'un couple qui a des enfants en bas âge, comme une horreur.

Je sais que mon père y a été pour beaucoup dans cette conception de l'union maritale, lui qui avait été complètement traumatisé par le divorce de ses propres parents. (Il ne nous l'a jamais dit en fait, on l'a découvert par ses frères et soeurs il y a une quinzaine d'années, le sujet n'a jamais été évoqué avant sa mort en 2009)

Un ami qui avait vécu avec des parents séparés m'avait alors dit qu'il ne fallait pas voir la chose ainsi, que bien au contraire, souvent, pour les deux parents, s'étaient peut-être la meilleure chose possible. Mais à mon humble avis cette vision se tient loin de ce que je considère horrifiant: le sentiment d'abandon vécu et la potentielle détresse psychologique subite par les enfants. Ce même ami m'avait aussi conféssé que plus jeune, bien que son père n'avait jamais levé la main sur eux, il (ou son frère je ne me souviens plus) avait cauchemardé que leur père (qui avait quitté le foyer familial depuis) tentait maladivement de lui coller la tête sur un rond de poële allumé.

Traumatisme certain dans ces têtes et ces coeurs d'enfants.

J'ai beaucoup pensé aux parents du fou de Norvège depuis un an.

Le père de l'assassin de Norvège était un homme d'agréable compagnie disent ses proches. A pleasure to have around sont les mots exacts. Un homme raffiné, ancien conseiller commercial pour le compte du Ministère des affaires étrangères norvégien, attaché aux ambassades de Londres et de Paris maintenant à la retraite, poli, parlant un excellent français et un tout aussi bon anglais.

Il avait été marié et avait eu trois enfants d'un premier mariage. Mariage qu'il a quitté pour faire un enfant, le monstre norvégien qui a assassiné 77 innocents l'an dernier, et aussitôt quitter mère et enfant (et la fille d'un précédent mariage de cette nouvelle flamme) alors que le bébé n'avait que 1 an. C'était pour refaire sa vie, une troisième fois, avec une autre femme rencontrée sur les lieux du travail. Il reverra sporadiquement l'enfant jusqu'à ses 16 ans avant de ne plus jamais entrer en contact avec lui. C'était il y a 17 ans.

Lui et sa dernière femme ont bien tenté de gagner en cour la garde permanente de cet enfant mais ils ont perdu cette bataille. Le fait que la nouvelle femme dans la vie du père de l'assassin-en-devenir n'ai jamais rencontré le jeune homme et qu'ils habitent tous deux la France, loin de la Norvège, n'aidait en rien leur cause. Il était déjà trop tard. Le père du monstre de Norvège ne se doutait pas que le fils qu'il avait laissé derrière avait ses propres démons à vaincre. Et des ennemis imaginaires à qui livrer bataille.

Quand Jens Breivik, le père biologique de l'assassin, a apprit l'horreur que son fils avait commise, il est resté sans voix.  Il est malade de chagrin et est drapé de honte depuis. Jens Breivik est un homme comme il en existe des milliers. Il a aussitôt offert ses sympathies aux familles des victimes et  a condamné le geste en rajoutant que son fils aurait dû se tuer dans ses élans de folie. Il a aussi précisé qu'il ne fallait pas faire de lien entre lui et son fils et  qu'il était pratiquement un parfait étranger face à cet enfant.
Ce qui est vrai quand on s'y penche.

Un étranger par choix de vie de la part du papa.

L'assassin, dans un interMINABLE (insistance sur les trois dernières syllabes) manifeste de 1500 pages parle du divorce de ses parents. Qu'est-ce qu'il y raconte? je ne sais pas mais il évoque la séparation de ses parents.

Est-ce un sentiment d'abandon, une cicatrice en bas âge, qui a fait du fils d'un homme qui n'avait rien d'anormal un animal?

L'assassin de Norvège tente actuellement d'enGuyTurcotter un jury.
De toute évidence cet ancien enfant, cet ancien bébé, avait et a toujours un criant besoin d'attention. Il savoure chaque minute d'attention qui lui est enfin accordée.

On dit que nous sommes la somme des expériences de notre passé.
Si ce passé n'était qu'accumulation de rage et de frustration étais-ce alors une garantie de passage vers la folie?

Je ne sais pas ce que voit son père quand il se regarde dans le miroir.
C'est peut-être le regard d'un mort qui lui y est renvoyé.
On comprendrait pourquoi il n'est plus qu'une entité vidé de son être.

Qui aurait fait avorter bien des naissances à sa manière.

Je ne vise pas le père dans cette chronique.
Je questionne les impacts de l'abandon familial sur les enfants.
L'absence créant peut-être de majeures déviances.

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