mardi 5 juin 2012

Choquer L'Singe de 40 Ans

(à Wakaluk McSpuntz qui a 40 ans aujourd'hui, donc 30 avec moi dans son entourage)

Sur son bureau, dans sa chambre du sous-sol de tous les partys éhontés de notre jeunesse, il avait cette photo de Peter Gabriel aux côtés de David Bowie, photo prise vers le début des années 80.

Étrange duo qui n'a pourtant jamais collaboré musicalement à ce que je sache. Question d'égo j'imagine.

Cette photo était tout à fait représentative de ma relation avec lui. Il était un fan fini de Gabriel, qu'il m'a en quelque sorte fait découvrir et moi un expert du Bowie d'Angleterre que je lui imposerais dans les oreilles.

C'est en fait en 4ème année qu'on s'est croisé pour la première fois. Un élève de sa classe allait quitter pour aller vivre en Europe créant du coup une place libre pour moi le 1er mars 198(2?3?) qui transferait en cours d'année. Moi, prenant trop de place, trop rapidement, il allait aussitôt me haïr. Tout pouvait nous séparer, il était de type B.D. j'étais passé aux romans, il était chétif, j'étais musclé, lui peu sportif, moi de tous les sports possibles, je ne jurais que par le hockey, il haïssait (encore maintenant) ce sport, lui a deux grandes soeurs devant lui, moi deux petites derrière, j'avais une sale grande gueule et une énergie débordante, il était posé, raisonnable et utilisait surtout sa gueule pour rire. Il est d'ailleurs fort bon public et l'écho de son rire est encore de nos jours la garantie que la soirée est réussie. Je ne peux pas dire que j'avais quoi que ce soit contre lui mais je n'avais rien nécessairement pour non plus. Au primaire nous n'étions pas amis autant que connaissances l'un pour l'autre. D'autant plus que lui était à cette école depuis 3 ans et demie, avait déjà quelques amis, des potes de sa rue ou des environs, deux avec un lourd accent français qui répondaient aux noms de Prévost et de Pin et que moi, j'habitais tout près de l'école et mon réseau était composé pratiquement exclusivement de filles de ma rue. Comme nous étions dans une école réservée aux garçons, tout était à faire au niveau des amis en ce qui me concernait.

En 5ème année, convaincue que je niaisais ou voulant me donner une leçon, l'enseignante m'avait empêché de me rendre aux toilettes pour une urgente envie de pisser. J'avais vainement tout essayé pour me retenir mais au bout du compte j'avais fini par pisser dans mon jean. J'avais passé toute la récréation à cacher mon malheur dans les toilettes et à mettre de l'eau sur le jean afin de laver tout ça discrètement, ce qui avait provoqué l'effet contraire. En sortant de la cabine j'étais mouillé sur la presque totalité de mon jean. Mon "ami", première face croisée à la sortie de la cabine et avec la discrétion d'un singe en rut, avait poussé un large cri  se transformant en inépuisable rire en me pointant du doigt. Je ne sais trop sous quel argument, convaincue que j'avais fais exprès j'imagine, mais la directrice m'avait puni (!) May she rest in hell.

Au secondaire on serait une dizaine de cette école primaire à fouler les même sièges. Plus naturellement, on se tiendrait alors ensemble. Mais là encore, malgré qu'il eût été de ma classe les deux premières années du secondaire, deux classes classées "criminelles" dans les annales de cette école, nous n'étions pas si proches. Je ne peux parler que pour moi mais j'étais alors trop occupé à courir les filles, les impressionner, faire un imbécile de moi-même en libérant le trop-plein et apprendre à cimenter mes rebellions. Lui, il était encore passablement sage et raisonnable. Moi j'étais leader de la brigade des cons.

Secondaire 3, il terminerait sa dernière année à cette école tandis que moi je ferais mon année là où m'avait expulsé (pour mauvaise conduite généralisée). Cette année-là, on ne se croiserait pas. Je virerais plutôt mal en écoutant Bon Jovi et Brighton Rock et mes cheveux me pousseraient dans le cou et l'ombre sous le nez. Lui se la jouerait à la Robert Plant au début des années 90.

On se retrouverait dans les corridors dans l'école du Cailloux Précieux, l'école du bonheur* où se sont cimenté 90% de nos amitiés communes aujourd'hui, en secondaire 4. Alors que j'étais plus grand que lui, un an auparavant, il avait alors choisi de me dépasser d'une tête. Tête qu'il aura de plus que moi pour le restant de ses jours. C'est franchement à partir de là qu'une réèlle amitié s'est installée. Nous serions partenaires de classe en secondaire 4 et 5. Nous n'aurions jamais nos amours réglées à la même heure.

Au printemps 1988, au mois de mars précisément, je commençais une relation avec une mémorable jeune fille rousse aux yeux noisettes(call me Charlie Brown). Lui, broirait un peu du noir quand les week-ends se passaient entre elle et moi. Mais en mai, le jour même où cette rousse me brisait le coeur, il venait me voir, surexcité, pour me dire qu'il commençait une relation avec une splendide brune, Maryline Paquette. Le jour où celle-ci lui brisait le coeur à son tour, je reprenais avec ma rousse. Vraiment...

En me disant un jour "mon char préféré c'est la Prélude" il m'apprenait du coup qu'une voiture pouvait être suffisament "intéressante" pour qu'on en ait une favorite...Nul en la matière je lui dirai alors que moi aussi c'était justement la Prélude mais sans jamais être en mesure d'en dire davantage, ni même d'en reconnaître une. On triperait Midnight Oil ensemble. Pete Gab bien sûr. Men Without Hats. Bowie. Ce sont nos deux faces qui passeraient à la télé aux nouvelles sous les mots "les tricheurs qui avaient volé les examens de chimie ont dû reprendre leurs examens aujourd'hui suite à l'annulation de l'examen original..."

PFF! on était plus de 700 à l'avoir acheté cet examen! Pourquoi nos deux faces à nous???

On en ferait en ostie des folies. Pas complètement racontables ici sans alerter la section des enquêtes criminelles. Encore récemment pour souligner ses 40 ans.

On en ferait des pires au chalet de mes parents.

La plus grosse connerie étant de tomber en amour. Pour vrai cette fois. Avec des immortelles. Deux femmes fantastiques.
Lui s'installerait sur la Rive-Sud pour que leur amour culmine en merveilleux jumeaux, tandis que moi je cèderais sur la Rive-Nord, pour faire plaisir à l'amoureuse et parce que je suis plus italien par tempérement que lui de toute façon.

Quand on se réunit maintenant c'est au minimum à 8. 50% d'adultes. Mais plus souvent c'est à 15-20 personnes. Une dizaine d'adulte seulement.

On est allé voir Arthur H ensemble cette année. Je crois que c'étais la première activité juste nous deux depuis 15 ans. Donc, avant qu'il ne rencontre sa charmante dulcinée.

Je me plais à croire que quand l'un va trépasser (en 2073) l'autre sera aussi là dans l'assistance pour le pleurer.

Mais pour l'instant, on rit.
Lui plus fort que moi.

Garantissant toujours une bonne journée.

Il est devenu Pete Gab travaillant de front sur de nombreux projets.

Je suis devenu Bowie, reclus et innatendu.

On a vieilli, il a 40 aujourd'hui...

Bonne fête, faux-frère.
Cales-toi une bière.
Une?...PFFFFFF!

*Il a fréquenté deux écoles secondaires (1,2,3, puis 4 & 5, et moi trois 1,2 avec lui, puis 3, puis 4 & 5 avec lui again)

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