mardi 26 juin 2012

Tortures Bourgeoises

J'ai une théorie sur la douleur. Elle est partout et se déplace quelques fois d'une personne à l'autre.
Mais elle est perpétuellement partout.

Je suis assez extraordinairement mal en point physiquement depuis peu.

Du genre, "gars qui se relève d'un gros accident de char".

Depuis la fin de mes cours, mercredi dernier, j'ai été très actif et en fin de journée vendredi soir j'étais physiquement et mentalemnt crevé. En voulant faire une dip dans la piscine avec les enfants, j'ai mal coordonné mes mouvements et suis entré sévèrement en collision avec la clotûre de métal qui contourne la piscine. Si j'avais bu, j'aurais eu une excuse ou encore une explication mais non. J'ai tout simplement marché d'un pas très(trop) vif là où il n'y avait pas d'espace pour le faire, me croyant probablement de l'autre côté de la clôture en métal, et je me suis cogné comme on le ferait gauchement sur une vitre transparente.
La clotûre m'arrête à la taille je me suis donc cogné la taille. Comme je "menaçais" alors de tomber dans la piscine, j'ai tout fait pour ne pas tomber à l'eau. Même si c'était précisément ce que je m'apprêtais à faire avec mes enfants et même si j'étais en maillot. Panne mentale, je vous dis. Je me suis arraché une partie du bras droit sur la clotûre, ait enligné mes deux genoux sur 5 centimètres de ciment, m'éraflant jusqu'à la chair le genou droit et me tordant le gauche qui est aussitôt devenu gris/bleu/vert/rouge et surtout mauve. Le droit était encore très saignant trois jours plus tard.
Une douleur insupportable qui a duré plus de trois heures. Et jusqu'à maintenant 7 jours et autant de nuits.

C'était un peu comme si la piscine, que j'ai toujours mal aimé, s'était vengée sur moi.

Comme je n'ai pas 36 heures devant moi pour me rendre à l'hôpital, j'ai avalé mon mal.
Je me suis dit fair enough. Toutefois presqu'une semaine plus tard, j'ai encore beaucoup- de moins en moins mais beaucoup quand même- de difficultés à faire les moindres petites choses. Plier et déplier. Entrer et sortir d'une voiture. Monter et descendre les marches. Un voisin de 91 ans m'a aidé samedi à entrer dans ma voiture. Je suis un grand marcheur et un joggeur d'une demie-heure tous les jours et je me rends compte que je suis très très paralysé depuis vendredi passé. Mon linge de jogging a des toiles d'araignées. Torture. Réèlle. Alors que je devais savourer ma fin de session universitaire, fêter la fête des Québécois dans le bonheur, je souffrais le martyr.
J'avais des travaux, des examens, des tonnes de conneries de fin de parcours à faire la semaine dernière. Ça se terminait mercredi. Par une journée de chaleur acablante. Je travaillais dans une verrière devenue un four et qui a dû me faire perdre 15 livres de sueur. Je n'ai perdu connaissance que trois fois avant de réaliser que je pouvais peut-être me tirer à l'eau dans la piscine.
Mais il n'était pas question que j'honore celle qui m'avait physiquement massacré les genoux. De plus, pour rajouter à ma décomposition, inexplicablement j'avais un énorme rhume doublé d'une toux râle. Le sale air climatisé assurément. Vraiment. Vieillir de même... d'une laideur...

AA
Acablement Absolu.
Plus mal en point toutefois était mon prof de rédaction publicitaire, enseignant de mon tout dernier cours avant l'été. J'aurais dû être content mais j'étais dans un tel état...et ce mal de tête qui me paralysait encore les sens...
Mon prof est un boomer dans ce qu'il y a de plus fatigant. Un homme d'une autre époque, toujours à un cheveu de faire des commentaires sexistes ou mysogines. Toujours amusé par des trucs enfantins comme des motos qui font peur sur la route. Qui n'hésite jamais à utiliser péjorativement le terme "fif" et qui y allait de montée de lait que je secondais très rarement.
Il déteste Pierre Maisonneuve, je l'adore.
Il déteste Yves Boisvert, je l'adore.
Il déteste Marc Labrèche, je le veux comme premier ministre.
Il adore les voitures et les motos, il ne se gêne pas pour dire que l'excès de vitesse n'est pas un crime et nous avoue qu'il fait des efforts pour ne pas prendre le volant après avoir pris de l'alcool.
En somme, un triste imbécile.

Le cours et la session étaient dans leur dernière minute et je boitais jusqu'à lui pour lui remettre mon travail final. Malgré le fait que je lui ai caché que j'ai la publicité en totale aversion, j'ai obtenu de pas mal bons résultats dans ce cours. Surtout cette campagne de publicité sur Douaniers sans Frontières et celle aussi sur une émission de ventroliques à la radio.
Le boomer, généralement barbu maintenant rasé, m'a regardé l'oeil vitreux et m'a demandé:
"Hunter? tu fais quoi cet été?"
"Hein? je...je traduis...je suis traducteur...enfin...été ou pas je traduis...pourquoi?"
"Pour savoir" a -t-il dit mais je sentais qu'il utilisait la technique de la jeune fille qui voulait qu'on lui dise qu'on lui demande "à quoi tu penses?".
"Vous? vous faites quoi?" lui ai-je donc demandé
"Toi...Dis-moi toi Hunter, ça me gêne que tu me vouvoies"

Et là il part dans une interminable histoire de sa vie de boomer incompris qui venait de perdre un compte important et que les jeunes ne comprennent donc rien... (moi?) je sentais son jugement le quitter comme bien des fois cette session.
Il avait pleuré en classe trois fois, je flairais tous les indices d'une dépression et là j'avais la totale devant moi.

J'ai quitté vers 22h30 (le cours/la session se terminait à 21h00) en lui ayant donné tout ce que je pouvais comme support moral, boitant jusqu'à ma voiture et lui, marchant dans l'autre direction, le dos rond.

Si il avait eu un fusil, je crois qu'il l'aurait utilisé contre sa tempe.

J'ai pensé appeller la police pour leur dire de surveiller cet homme.
Il a surement pris de l'alcool ce soir-là.
A-t-il pris le volant?

La douleur a glissé vers lui ce mercredi-là.
Me suis baigné dans la piscine ce soir-là.

2 commentaires:

Cybèle a dit...

»La douleur a glissé vers lui ce mercredi-là.

Me suis baigné dans la piscine ce soir-là.«

Bien, vous voyez Jones, les boomers servent à quelque chose des fois. ;-)

Cela n'a quand même pas été gratuit... endurer ses jérémiade durant une heure trente.

Jones a dit...

Chacun son mal I guess...