samedi 27 octobre 2012

La Crise des Missiles Cubains

C'était une guerre qui avait le potentiel de détruire l'entière hémisphère nord, disait Dwight Eisenhower.

Le 22 octobre 1962, JFK avait prévenu la population.

Le tier de l'aviation des forces armées des États-Unis était dans le ciel. Dylan chantait que la pluie serait peut-être très dure. Les États-Unis avaient pris des photos d'un site de lancement de missile nucléaire russe à partir de Cuba. La population devenait convaincue que des missiles nucléaires pointaient maintenant sur la Floride.

Dès le 26 octobre, Khrouchtchev envoie un message à John F.Kennedy:
"Les missiles seront déplacés si vous promettez de ne jamais envahir Cuba"

Car ne l'oublions pas, les USA l'avaient fait, dans le plus grand secret, sans succès 18 mois avant.

L'ombre d'une première défaite face à Cuba avait été soigneusement noyée dans l'opinion publique. Si il fallait que Kennedy se rabaisse à une promesse du genre pour ainsi exposer l'échec de la Baie des cochons, la puissance potentielle du président s'en trouverait alors diminuée. Le lendemain matin à 10h00, heure d'Amérique, la version publique de ce communiqué des Russes, tronqué par les stratèges Étatsuniens deviendra:

"Les missiles seront déplacés si vous promettez de retirer vos missiles situés en Turquie"

Les États-Unis avaient prévu retirer ses missiles, innofensifs et devenus obsolètes... et les remplacer par des plus puissants encore...

Toutefois le problème restait réèl vis-à-vis Krouchtchev qui ne demandait rien de tel.

Ce que JFK cachait à la population c'est que les États-Unis, déployaient depuis 6 mois eux-mêmes des missiles nucléaires à Okinawa, assurément dirigés vers la Chine. Encore aujourd'hui dans la tension qui se construit entre le Japon et la Chine, Okinawa est un endroit stratégique militaire.

En privé, et nullement par écrit, JFK promet donc à Krouchtchev de ne pas envahir Cuba mais aux yeux de la population il était plus important de faire paraître que c'était le Président russe qui capitulait. Quand Kennedy fait sa promesse, il souligne à double trait qu'il la respectera seulement si les États-Unis "jugent" que Cuba n'est plus une rampe de lancement pour attaquer les États-Unis. Pas un mot sur le réarmement Étatsunien en Turquie toutefois...Rien sur la Chine non plus... Rien sur ce que tramait les États-Unis depuis longtemps contre Cuba...

Le 28 octobre, la crise était terminée. Les Cubains, maintenant vulnérables face à une éventuelle nouvelle invasion de la part des États-Unis, étaient outrés. Pourquoi la Russie acceptait-elle un tel compromis? En Russie, on a dépeint la crise et sa résolution comme un autre parfait exemple de la grande diplomatie Russe dans les affaires étrangères. Krouchctchev avait empêché la destruction nucléaire mondiale. Aux États-Unis, Kennedy effaçait le mauvais souvenir de la Baie des Cochons et avait sauvé le monde entier du désastre nucléaire lui aussi. Sa légende, ponctuée de demies-vérités, était née. À Cuba...on s'en fout de Cuba... ce sont des laissés pour compte. Krouchtchev reste partenaire de Castro mais ce dernier est insulté.

Les États-Unis tentent depuis un an et demi de saboter de l'intérieur et de provoquer des situations de chaos à Cuba qui forceraient le pays de l'oncle Sam à voler à leur rescousse.

En Russie, jamais n'ont-ils eu l'intention de réèllement attaquer les États-Unis avec leurs missiles. La Russie était beaucoup plus faible que la perception que les gens en avait. Le temps l'a aussi prouvé. Le geste de placer des missiles à Cuba en était un défensif, afin de protéger les partenaires cubains d'une nouvelle invasion. Après tout, c'étaient eux les envahis en 1961, eux les aggréssés depuis août, ils avaient de bonnes raisons de craindre une nouvelle attaque Étatsunienne. En octobre 1962, c'est une xème attaque contre Cuba  en un an et demie que les États-Unis tentent de mettre sur pied. Les russes et les cubains avaient de bonnes raisons de craindre de nouvelles attaques. De l'aveu même des gens impliqués dans les opérations militaires des États-Unis, celles-ci s'en venaient.
Dix jours avant son assasinnat JFK donnait encore le ok pour une opération de sabotage à Cuba.

Cette cicatrice de la Baie des cochons ne voulait tout simplement pas s'effacer.

Le terrorisme afin de prévenir le terrorisme de la part des États-Unis ne date pas d'hier.

La crise commençait avec la menace d'une attaque des États-Unis sur Cuba et se terminait sur un refus des mêmes États-Unis de se soumettre aux demandes Russes.

Ceux-ci au fond ne demandaient aux États-Unis que la même chose que les États-Unis exigent du reste du monde (lire l'Iran en ce moment...) Vous n'avez pas le droit d'avoir l'arme nucléaire.

Barack Obama l'a encore dit sans rire il y a quelques semaines.
Nous avons ce droit, mais pas vous.

Le dénouement de la crise est considérée par plusieurs comme l'ultime heure de gloire du Président Kennedy. Et en quelque sorte, oui c'est vrai. Les conversations enregistrées prouvent hors de tout doute que JFK était celui qui mettait le frein aux envies de violences de son entourage. Mais il finissait par appuyer les attaques quand même.

Encore aujourd'hui, on est en droit de se demander pourquoi:
Il serait parfaitement pertinent de la part des États-Unis de déployer des forces armées partout dans le monde (parce qu'ils en sont maître j'imagine?...) mais pour ce reste du monde, il serait tout à fait innaceptable de se protéger ou même d'y penser contre des attaques potentielles ennemies?

Comprend-t-on bien les règles du jeu?
Quel jeu?
La tyrannie?
Le taxage mondial?
Le bullying?

Appelez-ça comme vous voulez.
Les États-Unis ont appelés ce moment les 13 jours qui ont presque mis fin à l'hémisphère Nord.

Moi je renvoie la question d'Albert Einstein, toujours d'actualité:
Devrions nous mettre fin à la race humaine, ou l'humanité devrait-t-elle renoncer à la guerre?

L'Amérique était en panique il y a 50 ans, aujourd'hui.
L'arme nucléaire est encore aujourd'hui le jouet exclusif des États-Unis.

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