mercredi 14 novembre 2012

Pâles Effluves de David Lynch

L'art est une expérience.

Parlez en à un amateur de peinture, un amateur de théâtre, un amateur d'opéra, un amateur de musique, de littérature, on s'intéresse à l'art pour l'expérience qu'elle nous fera vivre.

L'art peut être autant de voyages que d'oeuvres.
Et souvent, à peu de frais.

Au cinéma, on y met le paquet pour vous transporter hors de votre quotidien.

J'ai, au contraire, longtemps fréquenté le cinoche comme école de vie. En y cherchant le plus de réalité possible. Comme si la vie dans laquelle je trempais était si beige dans mon 418*, qu'il fallait alors la trancender par quelque chose de plus grand encore, comme un grand écran.

On n'oublie jamais qu'il y a des hommes et des femmes qui nous présentent leur vision derrière chaque films. Pour chaque Micheal Bay qui nous offre du simple divertissement, il y a des Benoit Jacquot, des Satyajit Ray ou des Théodore Angelopoulos qui nous offrent complètement autre chose et qui m'intéressent plus souvent qu'autrement.

Certains nous touchent davantage. C'est souvent le hasard de l'humeur ou de l'état d'esprit du moment mais c'est aussi souvent une question de sensibilité. Une chanson passe si ponctuellement (et tout le temps partout) qu'il est facile de changer d'avis sur le morceau. Un film est restreint dans une contrainte temporelle d'une heure trente, deux heures, deux heures trente. Son tour de piste doit donc être impecccable si il veut nous marquer.

 Avec le temps je me suis accroché à quelques réalisateurs qui me plaisent pratiquement en tout temps. Woody Allen, David Lynch, Terence Malick, Peter GreenawayTodd Solondz, Paul Thomas AndersonTodd HaynesWes Anderson, Wong Kar-Wai pour n'en nommer que quelques-uns. Ceux-là pourraient tourner à peu près n'importe quoi que je leur donnerais une écoute quand même.

Quand Lynch a lancé Mulholland Drive en 2001, j'ai carrément lévité. J'ai acheté le film par la suite, je l'ai revu entre 5 ou 6 fois. Je l'ai même écouté une fois avec une feuille et un papier pour en noter les composantes et tenter d'en comprendre les effets de réussite sur ma personne. Lynch, sans grands égards pour la scénarisation qui est pourtant plutôt mon domaine, a filmé "un feeling" tout ce qu'il y a de plus intéressant pour moi. J'ai aimé Zabriksie Point, Continental: Un Film Sans Fusil et plusieurs autres films pour les mêmes raisons. L'état de grâce dans lequel il me plaçait.
Lynch est un cinéaste du transcendant. C'est probablement des effets secondaires de sa pratique de la méditation. Ça me rejoint semble-t-il.

Depuis 1990 je cherche à l'occasion à me retremper dans des décors de L.A.. En 1990, été de mes 18 ans, nous avions visité, deux chummeys et moi, avec beaucoup de plaisir, la Californie. San Francisco, Anaheim, L.A.. J'ai pris récemment sur les tablettes des nouveautés un livre à la bibliothèque simplement parce que l'action se déroulait à L.A. (et aussi parce que le livre que j'allais y chercher ne s'y trouvait plus et que j'avais besoin d'un entre-deux livres).

L.A.
Lost Angels.
Ça me convient tout à fait.

David Lynch ne tourne plus. Ou presque plus. Il peint. Il ne cherche en rien l'expérience grand public en tout cas. Tout comme un autre fameux David (que j'adore aussi) il menace sérieusement ses fans d'emprunter la voie de la retraite.

Mais son univers manque cruellement au cinéma d'aujourd'hui. Et il semble que certains réalisateurs- c'est juste une impression- aient tenté de jouer dans son style.

Terence Malick a lancé Tree of Life qui n'a pas tellement fait mouche. J'ai personnellement trouvé l'essai raté. Paul Thomas Anderson semble avoir fait de même avec The Master. Une expérience nombriliste et tout à fait insaisissable.

Une déception.

Comprendre l'incompréhensible est une seconde nature pour moi. J'essaie régulièrement de le faire ici mais aussi partout ailleurs dans ma vie. J'ai le pourquoi agile. J'aime les cinéastes qui explorent l'incompréhensible mais ceux qui le deviennent, pas toujours...

Louie CK a fait supposément un très réussi clin d'oeil à David Lynch, le faisant même jouer, dans trois épisodes de la troisième saison de sa série télé. J'attends de voir ceci avec beaucoup de fébrilité.

Mais ce que j'ai encore plus envie de voir depuis peu, c'est autre chose. Rien à voir avec Lynch sinon qu'il y a une large part d'incompréhensible d'exploré dans le film et qui deviendrait, apparement, compréhensible en suivant l'histoire de cette pauvre, pauvre, femme. Emilie Dequenne pourrait me faire pleurer en photo tellement elle me touche.

J'ai très envie de voir ce film.
D'autant plus que le hasard a voulu que le même jour que j'en entendais parler, je venais de voir un film qui mettait en vedette pratiquement la même équipe.

Le Cinéma transporte.
(David, ne prend pas la porte)

*Hého du calme! j'ai une vie de parfait enfant-gâté.

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