dimanche 13 janvier 2013

Mali Blues

L'année 2012 au Mali marquait la fin du second mandat du président de la république Amadou Toumani Touré.

Une brèche s'ouvre...

Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) est un groupe politique et militaire indépendantiste situé au Nord du Pays africain. Il est principalement constitué de jeunes intellectuels et de militants politiques, de guérilleros de l'ex-Alliance Touareg Niger-Mali (ATNM), de Touaregs qui ont fui le Mali après les rébellions des années 1990 et s’étaient engagés dans l’armée libyenne sous le régime de Mouammar Kadhafi et qui ont regagné le Mali à sa chute ont aussi rejoint le MNLA.

Le MNLA réclame l'indépendance du territoire qui constituerait l'Azawad soit, l'administration de Tombouctou, Gao et Kidal. Le mouvement revendique le droit d’autogestion, le droit politique et le droit aux populations autochtones vivant sur ce territoire de décider pour elles-mêmes et par elles-mêmes.

Afin de les aider dans la Libération de l'Azawad, une ancienne figure des rébellions touaregues maliennes des années 90, Iyad ag Ghali, créé un mouvement islamsiste nommé Ansar Dine. Il combat auprès des rebelles touaregs contre l’armée malienne dans le nord-est du Mali. Toutefois cette aide est pernicieuse car elle implique l'application de la charia au Mali, ce que les membres originaux de la MLNA ne veulent pas.

L'armée malienne pour sa part, tient ses quartiers généraux dans l'un des trois territoires revendiqués, Gao.

Un millier d'hommes déployés fin décembre 2011 sont sous leurs ordres. Ils ont le soutien de milices arabes et touarègues ralliées aux autorités maliennes. L'armée est équipée de 4x4, de blindés et d'importants équipements dont deux hélicoptères de combat entretenus et pilotés, pour certains, par des Ukrainiens. Ils ont aussi des avions de reconnaissance. Les États-Unis fournissent un léger soutien logistique aux forces armées et à la population civile. Certains militaires maliens touaregs ont déserté et ont traversé pour rejoindre le MNLA, comme le lieutenant-colonel Mbarek Ag Akly, le colonel Iba Ag Moussa ou le colonel Hassan Ag Mehdi, haut fonctionnaire au ministère malien de la Défense.

L'union entre le MLNA et l'islamiste Ansar Dine se fragilise. L'Ansar Dine veut créer un état islamisque. Le MLNA est d'accord tant que l'Anzwad est indépendant du sud du Mali. Toutefois le document signé conjointement qui offrirait une armée commune est modifié après signature pour y glisser hypocritement "l'application obligatoire de la charia" qu'on avait pourtant évacuée de la première rédaction.
Le MLNA se démarque alors officiellement du groupe islamiste, et annonce vouloir instaurer un conseil provisoire du territoire de l'Azawad, pour diriger ce territoire avec toutes les communautés originaires du nord du Mali, comme les Songhaï, Peuls et Arabes cherchant leur place dans cette nouvelle dynamique régionale.

Il y a un an presque jour pour jour, des combattants de la MNLA attaquent les troupes de l'armée malienne à Ménaka dans le nord du Mali. Les rebelles reprennent la ville d'Aguel'hoc quelques jours plus tard et les éxécutions opérées contre la population est la méthode exacte des terroristes d'Al-Qaïda. On nie rapidement l'implication de ceux-ci malgré tous ce qui prouve le contraire sur place.
Les combats sont sans relâche et bientôt plusieurs factions entrent en conflit les uns avec les autres. Des trafiquants de drogues se mêlent à tout ça. Des avions des États-Unis sont aperçus à ravitailler la MLNA mais l'Ansar Dine, toujours très fortement soupçonnée d'avoir des ramifications d'Al-Qaïda en profite aussi. Les relations entre le MLNA et l'Ansar Dine islamiste est très ambigüe.

Dans la nuit du 21 au 22 mars, un coup d'état militaire renverse le gouvernement. Les colonels de l’armée malienne et leurs hommes désertent et rejoignent le MNLA. Fin mars, Ansar Dine prend le contrôle de la ville de Kidal. Les forces gouvernementales se replient à Gao. On affirme avec assurance que des élèments d'Al-Qaïda étaient du combat. Le MLNA s'empare de Gao le lendemain.

En Avril on prend Tombouctou sans trop d'effusion de sang mais en pillant tout, banque, commerces, résidences privées. On saccage des bars et des hôtels en criant que "Dieu n'aime pas l'alcool".

Amnistie Internationale dénonce les excations commises mais le MLNA déclare, en voulant se démarquer une nouvelle fois d’Ansar Dine, que le MLNA a pour objectif la constitution d'un Azawad indépendant et démocratique, distinct de l'État malien. De plus, l’État azawadien qu'envisage le MNLA sera laïc. Nous garantissons une liberté de culte totale à tout citoyen azawadien.

L'Union africaine rejette totalement et immédiatement la prétendue déclaration d'indépendance. D'autant plus que le consulat d’Algérie à Gao est attaqué par les rebelles islamiques. Le consul et six autres diplomates algériens sont enlevés par Le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest. La fin de non-réception de cette indépendance est assez universelle. Les Touaregs ne constituent pas 10 % de la population du Nord-Mali. C’est l’ethnie la plus minoritaire. On ne peut pas proclamer d'indépendance dans ces conditions, prétend-on. 

On tente de restaurer l’intégrité territoriale du Mali, maintenant ouvertement à trois, le MLNA, Ansar Dine et Al-Qaïda. On s'entend sur une "charia appliquée graduellement".

Le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (le MUJAO) est maintenant le nouvel opposant. On tente d'organiser des élections localement mais les candidats sont tour à tour assassinés. Ce groupe est composé de dissidents d'Ansar Dine et d'Al-Qaïda.

Dans les premiers jours de juillet, sept des mausolées de Tombouctou classés quelques jours auparavant sur la liste du patrimoine mondial par l'UNESCO, sont détruits par des combattants d'Ansar Dine. Un mois plus tard, les islamistes du MUJAO proclament l'interdiction de diffuser toute musique profane sur les radios privées installées dans le nord du Mali sous peine d'éxécution sommaire.

Près de 10 000 Maliens ont fui les combats et ont trouvé refuge au Niger, pays voisin. Leurs conditions de vie sont extrêmement précaires, les capacités locales ayant été très vite absorbées, de nombreux autres déplacés ont dû ériger des camps de fortune à la lisière des villages.
Le gouvernement du Burkina Faso a affirmé accueillir environ 10 000 maliens dont soixante-douze militaires et paramilitaires fuyant les combats dans le nord du Mali. 18 000 d'entre eux se trouvent aussi en Mauritanie.

Présentement Al-Qaïda, après avoir inflitré la Somalie, le Nigéria, le Kenya et combien d'autres pauvres gens prêts à écouter quiconque, contrôle une région de la taille de la France au Mali.

Le Canada a souligné la semaine dernière ne pas vouloir intervernir militairement dans ce foutoir, qui, il y a un an et demi à peine était un modèle de démocratie africaine. 

La France a tenté une manoeuvre anti-rebelle avant-hier qui a fait patate.
Le Mali a les blues.

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