samedi 20 avril 2013

L'Ordre Naturel

Une rumeur veut que l'Oscar du meilleur maquillage ait échappé à l'équipe de 2001: A Space Odyssey parce qu'on croyait que Kubrick avait tourné avec des singes extrêmement bien dréssés. En vérité, il n'y avait que 2 vrais singes (deux bébés, en close-up au début du chapître 5) et tous les autres étaient joués par des hommes.

Dans le chef d'oeuvre, après une série de plan de mise en place d'une somptueuse beauté, la toute première scène nous montre une bande de singes.

Il y a parmi eux des tapirs, qui errent, se faisant rabrouer de temps à autres comme si ils n'avaient pas droit de s'alimenter eux aussi dans le peu de végétation qui peuple l'aube de l'humanité.

La seconde scène nous montre cette même bande de singes, soudainement hystérique et en chicane.


La troisième fait sauter un léopard parmi eux qui bouffe aussitôt deux de ses singes. Pas tous. Deux. Quelques scènes on retrouve le léopard, couché sur un zèbre*, le regard toujours lumineux.

Un des singes après avoir touché un monolithe apprend à se servir d'un os comme d'une arme. Les singes redeviendront hystériques mais l'un d'entre eux à une nouvelle arme pour faire taire tout ces crieurs...

Les singes, deviendront avec le temps des australopithèques, des homo sapiens, des hommes dans la vraie vie, des millions d'années plus tard.

Cette ouverture fascinante du film tout aussi impressionnant de Kubrick ne me lasse jamais de voir et de revoir car il s'agit toujours d'une nouvelle expérience. Cette fois, il m'a étrangement plongé dans les étoiles pour mieux me ramener platement chez nous.

Je suis probablement le seul au monde à avoir fait une lecture de la sorte ce jour-là mais en ouverture, j'avais l'impression d' avoir assisté à un segment de la Commission Charbonneau.

Le singe ben c'est une race d'homme avant l'hommerie. Le tapir aussi. Une race plus épaisse, courte sur pattes, ronde dans sa finesse, taxable parce que docile. Naive. Le singe est entouré de squelettes de cette race, parce qu'au bout du compte, pour se tailler une place, le singe se sent obligé de finalement bouffer du tapiridé.

Il y a un os: La corruption.

Le léopard aux yeux éclairés c'est la justice qui en frappera un ou deux, de temps à autres. Ne serais-ce que pour remettre les pendules à l'heure. Remettre les choses à leur juste place. Selon l'ordre naturel des choses.

Lundi a repris le témoignage de Bernard Trèspitié à la Commission Charbonneau. A suivi le témoignage de Frank Zampino qui, jour après jour, nous montre à quel point on peut être tapir et à quel point on s'expose à se faire manger si on ne réagit d'aucune manière. Cette race de singe aura besoin du bond du léopard un jour.

Ce costume de léopard nous appartient.

Ce devrait être l'ordre naturel des choses.

Nous ne sommes pas si tant pire.
Pas si tapir.

Faudra bien en encager quelques uns, pas seulement déshabiller le singe pour y découvrir l'homme et ensuite en rire.

Des millions d'années plus tard, il serait bien de savoir gérer les os.
Montrer c'est qui le boss.
La justice.

Il me semble que ce soit dans l'ordre naturel des choses, non?
2001 le montrait bien: tuer pour survivre.
Dans ce cas-ci: tuer la corruption.

Le problème est qu'il y aura toujours des os.
L'homme en est construit de 206.

Où est ce monolithe qui nous transforme?

*En vérité un cheval mort peinturé aux couleurs du zèbre.

1 commentaire:

Cybèle a dit...

Belle métaphore!