mercredi 24 juillet 2013

Golf sur la Lune

En vieillissant j'ai remarqué avec effroi que les joueurs de golf se pensaient franchement sportifs. Ce qui est presqu'insultant. Encore plus quand on y voit trainer des obèses qui jouent, et sont, des big shots des milieux corporatifs, milieux que (vous l'aurez deviné) j'ai en aversion assez facilement. Passer sa carte d'affaires à un collègue en plein "sport", rouler en petite voiturette qui fait pout pout pour passer d'une étape à l'autre...désolé, pas avant mes 95 ans.

Et un code vestimentaire pour frapper une petite bouboule blanche?
S.V.P.
Il y avait parmi nous une femme au décolleté qui ne laissait aucune place à l'imagination. Je peux même vous dire la teinte du nipple.

Ce jour-là, j'avais plié aux supplications de l'amoureuse qui souhaitait que je fasses la plante de jardin à ses cotés sur un green pour la banque qui l'engage. J'ai mis un gilet trois boutons emprunté à un ami et ai affiché ma meilleure attitude afin de ne pas lui faire honte. Pour y arriver, je m'étais saoûlé au Pepksi: Pepsi et Whisky, 50% de chaque. C'est l'amoureuse qui a conduit la voiture de la belle-sœur que nous avions échangé récemment avec la nôtre pour des questions de logistiques ailleurs.

C'est ridicule, moi qui n'ai joué que deux fois dans ma vie au golf, sur le tout premier trou j'ai frappé un par (Il a fallu m'expliquer ce que c'est, car je croyais qu'on me traitait de porc) me faisant plein de nouveaux amis parmis les gens sur place. Parmi eux Anatole Lay-De Protestassion, un homme qui paraissait ennemi en surface, gilet trois boutons, carte d'affaire, petite bedaine de non-sportif, cinquantenaire convaincu de sa propre importance, mais qui m'a quand même confessé qu'il détestait le golf même si il avait le profil parfait du golfeur. Je ne lui ai pas dit que moi aussi, ne voulant pas baisser ma garde et je me doutais qu'il y avait un piège.

Mais non.

Anatole est un vrai méprisant du golf comme moi. Un partenaire donc. Si j'avais eu ma carte d'affaire (que j'avais) je lui aurais donné. Mais en sport, je me respecte. Je suis saoûl proprement. Et ça n'inclus aucune signature.

Nous étions donc sur ce terrain dont je n'honorerai pas le nom tout en dunes et en vallons. On aurait dit la surface de la lune mais en vert. Je crois que certains trouvent cela beau. Pas Anatole, assez saoûl lui-même (un ami, je vous dis!), au 14ème trou, il a enfourché la voiturette de golf et a choisi de faire son jackass. On a pas aimé ses cascades, on l'a alors expulsé. Moi en revanche,  j'ai beaucoup aimé. J'ai beaucoup apprécié la trangression d'un sport qui n'en est pas un.

J'ai été le voir dans le stationnement, par solidarité entre alcoolo. Il m'avait bien flairé, il avait piqué pour moi une bouteille de Gin et une autre de Whisky qu'il m'a aussitôt offertes.

"Vous...vous faites quoi à la banque?"
"Planificateur financier, je prête..."
"Er...est-ce à dire qu'il faudra que je vous retourne les bouteilles?"

On a ri, sans répondre clairement. Les gens des banques...

Au golf, les femmes étaient si jalouses de l'attention que générait celle qui avait les seins bien exposés que celles qui avaient commencé la journée les cheveux frisés, se les étaient maintenant défrisés à force de jouer dedans.

À la fin de la journée, je suis si mauvais en voiture, comme nous conduisions celle de la belle-soeur, j'ai pris près de 40 minutes à me rappeler c'était laquelle dans le stationnement bondé. C'était déjà la troisième fois que je "perdais" la voiture depuis une semaine. Rien à voir avec l'alcool, j'étais dégrisé depuis le midi et il était 17h. Tout à voir avec le complet désintérêt face aux voitures de ma part. Je n'ai jamais remarué la marque de la voiture de la belle-soeur, sinon la couleur: noire. Reproduite par milliers.

L'amoureuse m'a aimé ce jour-là.
Ce n'était pas moi le poivrot de service.
J'étais son Ken.
Le poivrot c'était Anatole.

Qui m'a quand même donné quelques conseils de golf pour le futur.

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