jeudi 18 juillet 2013

Profiler à Mort

Le sujet ne peut pas être plus au goût du jour pour l'Amérique. Un mélange de droit du port d'armes et de profilage racial. Au festival de Sundance l'hiver dernier, le film Fruitvale Station a remporté le grand prix dans une oeuvre dramatique ainsi que le prix du public dans la même catégorie. Le film raconte le drame autour d'Oscar Grant.

On pourrait aussi parler d'Emmett Till, de Rodney King, Kenneth Chamberlain et de centaines d'autres cas. Il faudra maintenant rajouter le nom de Trayvon Martin.

"I don’t make the stereotypes, I just spot them" dit-on parfois.

Trayvon Martin venait de se procurer des Skittles au dépanneur local. George Zimmerman, un aspirant policier qui n'avait jamais réussi à joindre les rangs mais qui avait déniché un poste de coordonateur à la surveillance du voisinage a trouvé que le jeune noir de 17 ans, portant le hoodie, avait l'air louche. À deux reprises, le jeune Martin a marché inexplicablement sur des terrains privés. Ça a semblé suffisant pour Zimmerman pour l'associer mentalement aux récents vols dans les résidences privées qui avaient eu lieu dans le secteur récemment. Un secteur, dixit Zimmerman, où Martin ne passait pas régulièrement. Les noirs ont ce terrible désavantage de ne pas pouvoir circuler librement là où ils le souhaitent aux États-Unis. The land of the free.

Zimmerman a contacté le 911 pour les aviser qu'il avait un jeune homme louche dans sa mire. Ce suspect parlait au téléphone avec son amoureuse et lui disait qu'il était suivi par une voiture et que ça commençait à sérieusement l'irriter. Les gens du 911 ont jugé qu'il n'y avait pas là, matière à faire quoi que ce soit. L'agent du 911 a recommandé à Zimmerman de rester dans sa voiture. Il l'a recommandé mollement, en envoyant des messages contradictoires, mais il a au bout du compte suggéré à Zimmerman de ne pas quitter sa voiture inutilement. Après tout il ne s'agissait que d'un garçon qui avait l'air louche. Si c'était un crime, Ann Coulter, Dane Cook ou Bill O'Reilly serait aussi suivis en tout temps.

Zimmerman choisit de quitter sa voiture quand même, armé, et d'aller à la rencontrer de Trayvon Martin, qui lui n'est armé que d'un sac de Skittles, mais aussi d'une tonne de muscles.
Trayvon Martin n'a rien à se reprocher, il reste donc sur place et confronte Zimmerman.

Ce qui se passe par la suite, nous ne le saurons jamais. Nous n'avons qu'une version. Nous savons que Zimmerman mangeait une volée. Nous savons maintenant aussi que la légitime défense n'était bonne que pour lui. Et comme c'est Zimmerman qui avait le fusil, la balle qu'il a planté dans le coeur du jeune Trayvon Martin l'aura lui, libéré de l'emprise de son "agresseur".

Mais il est là tout le problème.
Qui agressait qui?
Se faire suivre parce qu'on incarne un stéréotype défavorable peut être une agression.
Répondre d'un coup de poing quand quelqu'un vous approche aussi.

Voilà pourquoi ceci n'est pas complètement un crime racial.
Mais c'est aussi un crime racial parce que le look du jeune Martin était celui du Gangsta. Un look chéri chez certains noirs des É-U.

Les médias ont beaucoup tenté d'influencer l'opinion public en diffusant largement des photos de Trayvon Martin vieilles de 7 à 10 ans. Quand il avait la bouille du petit enfant sage qu'il était. Mais depuis, il avait pris du volume, il faisait 6 pieds 2, était tout en muscles et avait eu de multiples problèmes avec la loi et l'ordre.

Mais on ne tue pas sous prétexte que l'autre a la tête de l'emploi.

"Kill him before he kills you" faisait dire Woody Allen au personnage de Mia Farrow dans Broadway Danny Rose en 1984. Celle-ci inteprétait une italienne trempée dans la Mafia. C'était d'une absurdité comique.

Plus maintenant.  

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