lundi 30 septembre 2013

L'Urticaire de Rouspeteuse

J'oublie chaque fois combien j'aime Lisa Leblanc.

Je sais, je sais, elle n'est pas pour tous. Il faut soigner les oreilles sensibles et accepter une certaine vulgarisation du quotidien.

J'ai eu l'album à Noël, je l'ai écouté deux ou trois fois depuis,  j'ai retrouvé mon album en faisant le ménage de ma bagnole et je la redécouvre à nouveau.

I' fait chaud! OUI c'était alors vrai dans ma voiture en juillet quand il faisait entre 35 et 39, c'était de circonstances. Notre piscine, non-chauffée, avait atteint un historique 91! Je suais comme un cochon dans ma machine à roues dans un moment caniculaire, grand amoureux d'accents, mais généralement moins vis-à-vis de celui de Shédiac, j'étais cette fois complètement sous le charme. La qualité de la musique: impressionnant. Et elle a quelques bonnes lignes aussi. Elle me plait beaucoup beaucoup. J't'écris une chanson une d'amour parce que j'suis conne : L'histoire de tant de mes amies. 

Ils sont 670 (chiffres de 2010) là où Lisa est née et a grandi. En fait ils sont à peine une quarantaine à Rosaireville comme tel, ce 670, c'est plutôt le nombre de gens qu'on compte si on inclut Rogersville, une plus grosse ville, limitrophe. 40 personnes, c'est trop petit pis tout seul pour qu'on compte ça sans la joindre à une ville voisine. Il n’y a rien à Rosaireville, c’est un chemin, il n’y a même pas de rue principale. Y a plus de Tremblay sur la rue principale à Saguenay qu'il y a d'habitants à Rosaireville.

Des fois je me dis que j'aurais aimé avoir grandi dans un village où tout le monde se connaît. Plus c'est petit, plus le gens se parlent. J'aime parler. Mais du même souffle, je m'insurge toujours contre les esprits de clochers.
J'ai passé cet été, en juillet, écoutant Lisa Leblanc, une semaine au condo de ma maman à Québec; un chic condo qui a fait les manchettes pour les mauvaises raisons récemment (mais tout est bien qui finit bien). C'est fou ce que ces gens, (outre ma maman) vivent parfois dans une vraie cloche de verre. Implosant sous un clocher dont le carillon ne mériterait que le silence. JG Ballard aurait pris son pied avec ces créatures.

Chez ma maman, pendant que mon fils s'exercait les muscles dans une école de hockey tout près, une sorte de camp de vacance mais strictement sur le hockey, où les ados jouent de 7h00 le matin à 21h00 le soir et se couchent brûlés au bout de 5 jours, je traduisais un document.

C'était tout de même étrange d'écouter du shiac, de lire de l'anglais et d'écrire du français. Je traduisais un document politio-social, plus ou moins bien écrit, où le mot foolishness et stupidity s'y retrouvaient beaucoup.

Beaucoup trop.

J'ai dû trouver un autre mot pour bétise, ânerie, connerie, crétinerie, fadaise, idiotie, imbécilité, mots que j'avais soit déjà utilisés ou encore que je jugeais trop impertinents.

J'ai donc opté pour AngeEmmaGauthierisation de la situation au lieu de l'absurdité de la situation.

La traduction est pour un client de Québec.
Ils comprendront.

Ange-Emma Gauthier a le cerveau rammoli de Lisa.
Radio-Canada consacre toute son émission de La Facture de demain sur le sujet de Robert DelaRosbil.
Et par défaut de la misérable Ange-Emma Gauthier, dont la vie est vraiment de la marde.

(Vous y verrez peut-être ma maman, Arizona Jones, à l'écran)


dimanche 29 septembre 2013

2014: Le Royaume-Désuni?

En 1707, après avoir partagé pendant un siècle les mêmes monarques que l’Angleterre, l’Ecosse, frappée par la misère et au bord de la banqueroute, a accepté de signer un "acte d’union" aux termes duquel elle renonçait à son indépendance en échange d’un accès aux marchés anglais et aux immenses débouchés offerts par l’Empire de Sa Majesté.

Mais cet accord allait entériner surtout un malentendu capital entre deux traditions constitutionnelles très différentes : alors que les Anglais considéraient cette union comme irréversible, les Ecossais n’y voyaient – et continuent de n’y voir – qu’un traité susceptible d’être modifié, voire révoqué, d’un commun accord.

Au cours des deux siècles qui ont suivi, l’Ecosse a prospéré, grâce aux retombées économiques de l’Angleterre d’abord, puis grâce à la révolution industrielle. Elle n’oubliera pourtant jamais tout à fait qu’elle avait été indépendante. Et c’est ce souvenir d’Etat autonome qui demeurera ancré dans la conscience politique de tous les Ecossais, qu’ils soient favorables à l’union ou pas. L’idée que la nation préserve à ce jour une “souveraineté résiduelle” que rien ni personne ne pourrait lui retirer relève davantage de l’instinct que du raisonnement clairement formulé.

Et l'instinct...rien ne trahit l'instinct.

Il a fallu les effets cumulés de la crise financière mondiale de 1929, du déclin des industries écossaises et de l’effondrement de l’empire britannique, au milieu du XXème siècle, pour raviver et propager l’idée que le jeu n’en valait plus la chandelle. À Londres, les travaillistes au pouvoir ont senti la tendance et, pour couper l’herbe sous le pied des nationalistes, ont inventé le principe de “dévolution” : c'est-à-dire une partie des affaires intérieures de l’Écosse – la santé, l’éducation, les transports entre autres – serait confiée à un Parlement et à un exécutif écossais élus, tandis que les affaires étrangères, la défense, la protection sociale et la politique fiscale resteraient le “domaine réservé” de Londres. Le Parlement écossais, qui siège depuis 1999 n’aurait donc pas, les compétences pour lever ses propres recettes fiscales.
Un piège à con afin de noyer le poisson.

Mais finalement non, au contraire, la grande majorité des Ecossais sont satisfaits de leur nouveau Parlement.

Mais l’Écosse est un pays profondément conservateur. Et depuis une quarantaine d’années, les Écossais n’ont pratiquement pas changé d’avis : la plupart d’entre eux souhaitent prendre en main leurs propres affaires comme le font les autres petits pays, tout en restant, dans la mesure du possible, dans le giron du Royaume-Uni. Une souveraineté-association en quelques sorte.

Ça vous rappelle une province à tête de chien?

L'Écosse soumettra en 2014 son peuple à la question "souhaitez vous faire de l'Écosse un pays?".
Ne comptant que 5 millions d’habitants – contre 57 pour l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord –, le retrait de l'Écosse aurait naturellement des conséquences majeures. Le Royaume-Uni n'aurait d'uni que le nom devenu inadéquat.

Les débordements verbaux sur l'indépendance possible de l'Écosse ont surtout réussi à conforter les Écossais dans leur impression d’avoir affaire à un pouvoir central sourd à leurs désirs et affichant une arrogance quasi colonialiste. Paradoxalement, l’indépendance écossaise pourrait en fin de compte être la meilleure garantie de relations plus ouvertes entre l’Angleterre et l’antique petite nation obstinée à sa frontière septentrionale.

Je connais un peuple d'Amérique de 8 millions qui aura les yeux sur tout ça.
La manière, la méthode, le résultat, la suite.
Ils ont déjà des longues vues bien huilées sur le sujet.
Et une charte plate.
Un regard intéressé c'est certain.

samedi 28 septembre 2013

Hank Williams

Hiram King Williams est né en 1923 en Alabama, avec une malformation congénitale liée à un défaut de fermeture du tube neural durant la vie embyronnaire. Williams aura des problèmes de dos toute sa vie.

Quand Williams a 7 ans, son père commence à souffrir de paralysie faciale. Il doit quitter son emploi d'ingénieur pour une compagnie ferroviaire et séjourner à l'hôpital. Il y restera 8 ans pour y soigner un anévrisme intracrânien. Ce sera la mère d'Hiram qui prendra la famille en charge héroïquement, élevant deux enfants tout en s'occupant d'un édifice à logements, en plus de travailler la nuit comme infirmière et le jour dans une usine de boîte de conserve.

Quand la maison des Williams prend feu et que la famille perd tout, elle la fait reconstruire et la transforme en maison à logements.

En pleine Grande Dépression, la famille Williams se tirera pas trop mal d'affaire grâce à cette brave femme. Adolescent, Hiram Williams fait la rencontre de Rufus "tee-tot" Payne, un vieux musicien afro-étatsunien qui lui apprend à jouer de la guitare en échange de repas préparés par la mère d'Hiram. Initié au hillbilly, au folk, au blues, au country et au jazz, Hiram devient fasciné par l'univers musical qui s'ouvre à ses oreilles. Il découvre la musique de Roy Acuff et en fait son idole.

À 13 ans, Hiram change son nom pour Hank qu'il juge plus "vendeur" pour une carrière de chanteur.

Jouant régulièrement devant les studios de radio WSFA à Montgomery en Alabama, Williams attire l'attention des propriétaires de la station qui lui offre quelques moments en studio en direct. Le public redemande du singing kid et il hérite alors de sa propre émission. Il quitte l'école à 16 ans, sa mère devient son gérant, et il forme son propre band, les Drifting Cowboys.

Le groupe part en tournée aussi loin qu'en Floride, et Hank commence à tâter de l'alcool avec beaucoup d'excès. Quand les États-Unis se lancent en guerre en 1941, Hank perd plusieurs de ses musiciens. De toute façon la plupart ne veulent plus jouer pour lui car il devient incohérent dans ses directions parce que trop souvent saoûl. En août 1942, il perd son emploi à la radio pour alcoolisme obstructif. Lors d'un concert au mythique Grand Ole Opry, Williams rencontre son idole Acuff qui lui glisse à l'oreille "Hank, tu as le talent d'un million de dollars mais une pinotte comme cerveau ".

Williams chante dans les bars et pour les soldats (il a lui-même été épargné du service en raison de son mauvais dos), et fait la rencontre d'Audrey Sheppard qu'il épouse dans une station service Texaco (!). Le mariage est déclaré illégal car Sheppard était déjà mariée et n'a pas respecté le 60 jours légal de réconciliation post-séparation.  

Peu importe, Sheppard se joint à Hank qui reforme ses Drifting Cowboys et reprend le micro radio. À défaut d'enregistrer sa musique, il en publie les paroles de ses chansons en livre. Il ne peut pas en publier les accords car il ne saura jamais lire la musique de sa vie. En décembre 1946, il a sa première chance en studio où il y enregistre 5 morceaux. Deux d'entre eux deviennent des hits. Il est alors signé par MGM records et y enregistre un autre morceau très populaire dès 1948
Pendant quatre ans, il multiplie les enregistrements, les tournées, les émissions de télé et radio...et boit toujours beaucoup, beaucoup, beaucoup. L'effet d'ivresse, neutralise ses maux de dos.

Le succès musical est tout à fait au rendez-vous.

En 1949, Hank Jr, qui aura sa propre carrière des années plus tard, est né. En mai 1952, Hank divorce Audrey. Williams est maintenant accro aux barbitriques, à la morphine et à l'alcool, toujours afin de calmer ses maux de dos. Il a une courte relation avec Bobby Jett à qui il fait une fille, Jet qui naîtra 5 jours après la mort de son père.

En octobre 1952, Hank Williams épouse Billie Jean Eshlimar en Louisiane, mariage toujours illégal, et que la mère de Hank et l'ex-épouse, Audrey s'activent à faire annuler et rendre non-valide. Décision qui sera renversée en 1975.

Vers la fin de 1952, Williams commence aussi à souffrir du coeur. Il fait la rencontre d'un charlatan qui se prétend docteur et qui lui prescrit toute sortes de pillules aussi dangereuses qu'incertaines. Son coeur s'affaiblit davantage. Alors qu'il doit faire un concert pour le jour de l'an à Canton en Ohio, une tempête sévit et Williams doit s'y rendre en voiture. Les ventes pour le spectacle seront d'un faramineux (pour 1952) 3500$ et on pense vendre encore des billets à la porte. Williams, qui voyage en voiture, a dans le corps un mélange d'hydrate de chloral, d'alcool, de Vitamine B12 et de morphine. Son conducteur le retrouve sans vie passé minuit sur la banquette arrière.

Un de ses titres devient horriblement phrophétique.

Hank Williams avait 29 ans.

Elvis Presley, Bob Dylan, Jerry Lee Lewis, Merle Haggard, Gene Vincent, Carl Perkins, Ricky Nelson, Jack Scott, Conway Twitty et plusieurs autres se sont tous, tour à tour, réclamés d'Hank Williams.

Le 21 septembre de chaque année est appelé en Alabama le Hank Williams Day.
Cette année marquait le 60ème anniversaire de la mort de Hank Williams.  

vendredi 27 septembre 2013

Mademoiselles

Nous écoutions la première de cette affreuse émission où on traite de stéréotypes sans trop s'en rendre compte.

Après qu'un candidat eût tenté de séduire un groupe d'anciens participants de ce concept douteux, l'amoureuse a dit :
"Lui, il est trop superficiel et axé sur l'argent, il ne passera pas"

"...C'est une fille?..." ai-je demandé

Elle n'a pas ri.
Mon fils oui, par contre.

J'ai "mal aux femmes" ces temps-ci. C'est à cause de la sortie de la revue Vero je pense. Cette revue qui fera concurrence à Moi & Compagnie*
Nos enfants ne sont pas toujours entre bonnes mains.
Quelques jours plus tôt, je lisais cette abominable idée de se faire reconstruire l'hymen (!?!) pour avoir un faux-hymen et d'obtenir un faux certificat de virginité pour leur filles.

Si j'étais humain j'aurais honte de ma race, heureusement je suis martien-vampire.

Qu'est-ce qui se passe dans la tête de ces parents qui font passer leur fille par cette terrible expérience? Ne devrait-on pas leur retirer leur enfant? Et cette enfant, cet ado plus précisément, qu'est-ce qu'elle comprend de ce processus? Comment le vit-elle? Est-ce une nouvelle variation du viol? la reconstruction plastifiée d'un hymen? HOR-REUR.

Pire encore, trois jours plus tard j'apprenais que la ville la plus honteuse des 100 dernières années en Province (après Hérouxville) allait tenir un concours de mini miss, vous savez ces concours où les petites filles défilent sur scène dans un plastique dérangeant, avec une superficialité out of this world et dans des poses et des tenues que le mot ridicule ne suffit pas à décrire complètement correctement? (Grotesque serait plus juste)

Et bien ce même jour,  plus de 21 000 signataires avaient signé de la même indignation que moi cette pétition qui veut freiner cette plus-que-mauvaise idée.

La station télé Musimax, qui diffusait des versions sous-titrées de deux séries produites aux États-Unis sur l'entourage et le phénomène des concours de beauté chez les enfants aux États-Unis a eu la fort intelligente idée de les sacrifier sur-le-champs et de les remplacer par d'autres chose n'ayant rien à voir avec ce qui était originalement annoncé. Bravo. Ces produits de télé-réalité jetaient un éclairage plutôt désolant sur les parents impliqués et les pauvres enfants faisaient les frais du déséquilibre mental de ces gens.

Est-ce vraiment les femmes du futur que nous nous concoctons dans notre société?

Semblerait que oui, sinon pourquoi seriez-vous des millions à les regarder poser en maillots au Brésil, en Espagne où à Mirabel en disant Oh My God, wow! ou super? À réagir en filles de 15 ans quand elles en ont entre 20 et 27? 
Faire à l'inverse réagir des filles de 11 mois à 12 ans la superficialité des femmes de plus de 20? C'est ce qu'on demandera à des petites filles de Laval?
Dans le cas d'Occupation Double comme dans le cas des Mini Miss, on s'applique à fabriquer de la petite reine qui bientôt, sinon déjà, ne comprendront rien du vrai monde dans lequel ils trempent.

Elles étaient 13 familles à s'être commises au moment d'écrire ceci.

Épargnez-les, en 2013, de trempez dans cette sauce du plus mauvais goût.

Pour une fois c'est la France qui a raison de bannir ce type de compétition avant les 16 ans de l'enfant. 

C'est une business qui rapporte 20 milliards par année aux États-Unis.
Il est là le cancer. L'argent encore. L'argent qui rend fou. 

Allez-y porter votre griffe si comme moi, vous avez la nausée.
Le gouvernement Marois a promis que eux, ils ne feraient rien pour nous sauver de la débilité.

*On m'aurait dit un jour qu'on tricoterait des revues qui commencent au moi et qui mettent toujours la même personne en Une que j'aurais ri au nez de la personne qui aurait avancé une telle idée narcissique...    

jeudi 26 septembre 2013

Alberto Moravia

L'intelligence se lit dans les yeux. Regardez-moi ceux de cet homme.

Né Alberto Pincherle d'un père Juif-Vénitien, architecte et peintre et d'une mère originaire de Dalmatie, une région littorale de la Croatie et Monténégro le long de la mer Adriatique, en novembre 1907, il adoptera le nom du grand-père maternel, Moravia dans sa carrière d'écrivain.

Le frère de sa mère, l'oncle d'Alberto donc, était sous-secrétaire du Parti national fasciste. Très tôt, il est alors mis en contact avec leurs méthodes et leur vision du monde.

À 9 ans, il ne termine pas sa 4ème année et est même cloué au lit pendant 5 ans en raison de la contraction de la tuberculose. Il verse donc dans la littérature afin de passer le temps et découvre Boccaccio, Dostoeivsky, Joyce, Goldoni, Shakespeare, Molière, Gogol et Mallarmé. Fort intelligent, alerte et curieux, il en profite pour apprendre le français et un peu d'allemand. Il écrira des poèmes dans ses deux langues.

À 18 ans, il prend 3 ans pour écrire Gli Indifferenti (Les Indifférents)  une analyse réaliste de la déchéance morale d'une mère et de deux de ses enfants. Le roman est bien reçu mais coûte 5000 lires à publier de la poche même de Moravia. Il écrit donc quelques nouvelles pour le magazine 900, fait le journaliste pour La Stampa et La Gazzetta del Popolo et fonde les magazines littéraires Caraterri et Oggi.

Quand ses publications sont censurées par le régime fasciste, en 1935, il choisit de voyager aux États-Unis pour donner des conférences sur la littérature italienne. Pendant la guerre il écrira en allégorie pour décrier les positions de son pays d'origine, l'Italie, et sous un pseudonyme. Il marie aussi l'écrivaine Elsa Morante.

Il ne cessera jamais d'écrire, des romans, des recueils de nouvelles, 1 par année à partir de l'armistice de l'Italie en 1943. Il écrit aussi pour les journaux Il Mondo et Il Corriere della Sera. Sa popularité prend du grade quand il publie successivement en 1947 La Romana (La Belle Romaine), La Disubbidienza (La Désobéissance), L'Amore Coniugale e altri racconti (L'amour Conjugal) et  Il Conformista (Le Conformiste) qui en font un auteur à succès. Ce dernier roman deviendra en 1969 un brilllant effort cinématographique de Bernardo Bertolucci, un brillant film suivant un brillant canevas.

Ses livres commencent alors à être traduit outremer et dans les années 50 on le lit non seulement partout dans le monde, mais on adapte aussi certains de ses livres en film et en téléfilms italiens. Moravia fonde le magazine littéraire  Nuovi Argomenti qui compte parmi ses éditeurs Pier Paolo Pasolini. Il devient aussi critique de cinéma pour  L'Europeo et L'Espresso. Entre 1959 et 1962 il sera président de PEN, une association d'écrivains internationaux.

En 1960, année de La Dolce Vita de Fellini, il publie La Noia (L'Ennui), l'histoire existentialiste d'une  impossibilité d'établir un lien concret entre les objets et les personnes. Le roman est un immense succès et récupère la plupart des thèmes de prédilections de l'auteur, c'est-à-dire la décomposition du monde bourgeois et la recherche obsessionnelle du sexe et de l'argent, et ce, à travers une lecture marxiste et existentialiste. Le livre sera adapté en film en Italie mais aussi en France en 1998.
Vittorio De Sica tourne aussi en 1960 une adaptation de l'un de ses écrits avec Sophia Loren.

En 1962, Moravia se sépare de Morante et s'établit avec la jeune écrivaine Dacia Maraini avec laquelle il fonde la compganie de théâtre Il Porcospino. Il écrit un temps pour le théâtre qui joue ses textes.

Il Dispresso (Le Mépris) avait été publié en 1954 et Jean-Luc Godard en fait un chef d'oeuvre visuel, narratif et auditif en 1963 à Capri avec Piccoli, Bardot, Palance et Lang. L'année suivante ce sera Les Indifférents qui sera adapté au cinéma en Italie. 

À partir de 1967, il devient un grand voyageur. Il visitera la Chine, le Japon, la Corée, l'Afrique. Il publie en 1971 l'hilarante réflexion sur l'amour, le désir, le desespoir et les impulsions Io e lui (Moi & Lui) l'histoire absurde d'un homme en constante négociation/conflit avec son pénis, autonome et capable de prendre des décisions et de prendre le contrôle d'une conversation.

En 1982, il visite Hiroshima et ceci influence une série d'essai sur le nucléaire et la bombe atomique. Il écrit aussi beaucoup sur la Russie, communiste comme lui.  Il fréquente alors une jeune femme de 45 ans sa cadette. Il l'épousera en 1986. Deux ans avant, il avait été élu au parlement européen en tant que membre du parti communiste italien. Son expérience politique se termine en 1988.

La rigidité morale, l'hypocrisie de la vie contemporaine et la substantielle impossibilité pour les gens de trouver le bonheur de manière traditionnelle que ce soit en amour ou au travail sont des thèmes récurrents chez Moravia. Le mariage en général est souvent mis à mal. L'aliénation est aussi un joueur important dans ses oeuvres. Intelligent, fin, précis, souvent à saveur politique sans être lourd, sans fioritures et souvent fort comiques, l'écriture de Moravia est caracrtérisée par des mots très simples glissés dans des structure syntaxiques très élaborés, des structures psychologiques fort habiles et crédibles et des proposition d'observations encore justes malgré la passage du temps.

Vers la fin de sa vie, le monologue intérieur prend une place importante dans les oeuvres de Moravia.

C'est un brillant observateur du quotidien et un chroniqueur de l'âme hors pair que l'Italie a livré au monde littéraire pour notre plus grand bonheur.

C'était un redoutable auteur qui s'éteignait naturellement à l'âge de 82 ans, aujourd'hui il y a 23 ans.

mercredi 25 septembre 2013

La Veuve Blanche

Née en 1983, Sam Lewthwaite a grandi en Irlande du Nord. Née de l'union d'un père soldat et d'une mère qui allait le divorcer quand la petite Sam n'avait que 11 ans.

L'effet sur la fillette, selon ses proches, sera dévastateur et irrémédiablement dommageable. Elle trouve alors refuge chez des voisins musulmans, chez qui, elle trouve un esprit de famille plus solide. À 17 ans, elle est officiellement convertie à l'Islam et étudiera en religion et politique à la  School of Oriental & African Studies à Russell Square à Londres. Elle y fera la rencontre de Germaine Lindsay, un confrère islamiste.
Elle a 19 ans quand elle marie Lindsay qui lui, en a alors 17, sous les peudonymes islamiques Asmantara (pour elle) et Jamal (pour lui).

Lethwaite devient mère d'un fils de Lindsay peu de temps après.

En juillet 2005, Germaine Lindsay se fait exploser dans le métro de Londres tuant 82 innocents voyageant sur la ligne de Piccadilly. Samantha est alors enceinte de leur second enfant. Lewthwaite est aussitôt questionnée par les autorités et nie toute implication, les condamnant publiquement même. Elle obtient tout de suite la protection de la police afin qu'elle ne subissent pas de représailles.

Les autorités, près de son mode de vie, notent qu'elle n'est peut-être pas aussi innocente qu'elle ne le laisse entendre. Toutefois, après un temps, il n'y a rien de malsain à déclarer autour de celle que l'on appele maintenant la veuve blanche et on relâche la sécurité autour de sa personne.

Lewthwaite rencontre Habib Ghani et s'en éprend au point de lui faire un enfant qui naîtra en août 2009. Comme Ghani était un complice du défunt Lindsay, les autorités remettent alors la loupe sur Samantha.
Elle déménage au Nord de l'Angleterre afin d'y élever ses trois enfants et elle se cache en Tanzanie et en Somalie.

En Février 2012, la police du Kenya fait un raid dans une maison abritant des terroristes au pays et y trouve un faux passeport sud-africain munie de sa photo. Lewthwaite a toutefois fui le pays pour trouver refuge en Tanzanie depuis plus d'un an déjà.

Quand une attaque à la grenade fait des dégâts dans un bar de Mombasa lors d'un match de l'Euro entre l'Angleterre et l'Itaie en 2012, elle est considérée parmi les suspects.

L'attaque ignoble revendiquée par Al-Shabaab, un groupe islamiste somalien issu de la fraction la plus dure de l'Union des Tribunaux Islamiques, qui milite pour l'instauration de la charia, dans un centre commercial de Nairobi de la semaine dernière qui a fait plus de 65 morts a pris fin avant-hier.

On a d'abord spéculé que le corps abbatu de Samantha Lewthwaite se trouvait parmi les cadavres du groupe de terroristes. Toutefois le mouvement Al-Shabaab a affirmé par la suite qu'aucune femme n'avait pris part à cet attaque.

Rien n'est parfaitement clair encore dans cette sale histoire.

Tout comme il faudra un jour m'expliquer le côté sain de ce type d'islam.
Parce que, un peu comme les aveugles qui ont pris le centre commercial en otage au Kenya,
Je n'y vois rien.

mardi 24 septembre 2013

Lamothe, Brault et Nous Autres

Arthur (1928-2013)

Né en Gascogne, il est arrivé au Québec à l'âge de 25 ans. Il avait étudié l'économie politique à l'Université de Montréal et écrit sur le cinéma, notamment dans Cité Libre et dans Liberté.

De 1973 à 1983, Arthur Lamothe avait réalisé une série de 13 longs et moyens métrages, La Chronique des Indiens du nord-est du Québec. Avec l'aide de l'anthropologue Rémi Savard, il avait aussi documenté les revendications des Amérindiens, prenant souvent à partie les pouvoirs politiques blancs et parlant carrément d'ethnocide pour qualifier l'attitude des Blancs envers les Amérindiens. Cette œuvre d'une indéniable valeur ethnologique a permis de garder sur pellicule des traditions disparues.

Ses films Bûcherons de la Manouane et Mémoire battante font partie de la cinémathèque de base en études québécoises constituée par l'Association internationale d'études québécoises.

Il avait aussi travaillé à Radio-Canada, puis à l'ONF, se liant d'amitié avec Gilles Carle. Il avait d'ailleurs coscénarisé La Mort d'un Bûcheron et participé aux Corps Célestes, tandis que Gilles Carle avait coscénarisé pour lui Équinoxe  en 1986. Lamothe avait aussi réalisé de nombreux films à caractère pédagogique, social et politique. Ses documentaires ont obtenu plus de succès que ses oeuvres de fiction.

C'était un regard de Français sur l'Américain francophone que nous étions. C'est un vieux réflexe (de baby-boomer surtout) que de demander aux Français qui nous sommes. Regardez Québec qui avait demandé à Clotaire Rapaille de lui faire un profil psychologique ou Pauline et Bernie avec la charte des valeurs inspirée de ce qui se fait en France.

Le Québec se cherche encore.

Quand Arthur Lamothe est décédé le 18 septembre dernier à l'âge de 85 ans, il a laissé derrière lui un regard sur nous-même, sur nos communautés autochtones, et une demie-tonne de chandelles allumées avec un feu toujours passionné.

Michel
(1928-2013)

Né à Montréal la même année qu'Arthur, il fait ses premières armes à la caméra et aux éclairages au sein de l'Office National du Film, avant même que l'agence fédérale n'ouvre une section française. Il a grandement contribué à l'essor du cinéma québécois. Avec son ami Pierre Perreault, avait inventé un nouveau langage cinématographique qui a fait école: le cinéma-vérité. La Nouvelle Vague Française lui doit beaucoup.
Perreault et Brault ont d'ailleurs signé un film qui a fait date dans la matière: Pour la Suite du Monde. Le film avait d'ailleurs été en nomination pour une Palme d'Or à Cannes en 1963. Les deux hommes avait uni leurs efforts pour réaliser deux autres documentaires, Un Pays sans bon sens en 1970, et L'Acadie... l'Acadie en 1971. Le parti pris étant toujours de laisser les gens filmés se raconter eux-mêmes.

Il se tourne vers la fiction dès 1964 alors qu'il réalise un court métrage Geneviève mettant en vedette une actrice avec laquelle il tournera à plusieurs reprises, Geneviève Bujold. Trois ans plus tard, il s'inspire de la vie du chanteur de Claude Gauthier pour tourner Entre La Mer et L'eau Douce.

En 1974, Brault signe son chef d'oeuvre, une fiction mais écrite selon les témoignages de ceux qui ont vécu l'arbitraire loi sur les mesures de guerre appliquée en octobre 1970: Les Ordres. Brault obtiendra le prix de la Mise en scène à Cannes, l'année suivante pour ce film. 

En 1990, Les Noces de Papier, un film tourné pour la télévision racontant l'histoire d'une femme acceptant de contacter un mariage de convenance avec un immigré, ajoutent à sa renommée internationale.

Son dernier film, Quand Je Serai Parti... Vous Vivrez Encore couvrant la Rébellion des Patriotes de 1837 sera toutefois un échec financier et critique.

À titre de directeur de la photographie, rôle qu'il campait aussi avec brio on le retrouve au générique des Bons Débarras de Francis Mankiewicz, de Mourir à tue-tête d'Anne Claire Poirier, de Kamouraska et Mon Oncle Antoine, tous deux de Claude Jutra.

Michel nous as mis au monde sur pellicule à travers le monde. C'est un oeil exceptionnel qui s'est éteint paisiblement dans son sommeil dans la nuit du 20 au 21 septembre dernier.

"Je trouvais que c'était un peuple héroïque, dont j'avais envie de parler. Et c'est ce qui m'a nourri, et ce qui m'a permis de faire ce film" dira-t-il des gens de l'isle-Aux-Coudres qu'il filmait dans Pour La Suite du Monde.

On pourrait dire la même chose de tous les Québécois,
Peuple héroïque.
Qui s'ignore héroïque parfois...

Merci la vie pour Arthur et Michel.