lundi 21 octobre 2013

Steven qui éteint, Woody Qui Allume

Il y a un phénomène étrange qui se produit entre deux très talentueux réalisateurs des États-Unis.

Steven Spielberg et Woody Allen.

Il traîne autour du premier, une sorte de mauvais sort en ce qui concerne les actrices qui tournent dans ses films.
Il traîne, en revanche, une sorte de porte-bonheur autour des actrices qui font un passage chez Woody Allen.

Dès 1982, la guigne semblait rôder autour de Spielberg. Bon ce n'est pas lui qui a tourné Poltergeist mais c'est lui qui l'a scénarisé. Et on sait tout le mal qui a découlé de ce films chez ses jeunes participants. L'été de 1982 allait aussi être un véritable cauchemar pour l'as réalisateur. Mais le succès d'une charmante bestiole anale vient faire oublier tout ça.

Mais loin de ces horreurs, il y a ce genre d'éteignoir pour la carrière de plusieurs actrices qui ont passé devant la caméra du surdoué Steven.

Alors qu'un acteur passant chez Spielberg prend aussitôt du grade dans sa réputation (Richard Dreyfuss, Christian Bale, Sam Neill, Liam Neeson) pour les actrices c'est bizarrement beaucoup plus difficile. L'après Spielberg leur est presque fatal.

Voici 8 exemples.

Laura Dern: Avant Steven: Mask, Blue Velvet, Wild at Heart, Rambling Rose, puis avec Steven: Jurrassic Park. Alors que tous les participants du film de dinosaures allaient se servir du film comme tremplin, Laura allait se faire offrir un cadeau de David Lynch (très peu distribué ou vu), elle jouera dans le délicieux mais confidentiel film de John Curran tiré des nouvelles d'Andre Dubus et dans l'aigre-douce série de Mike White (qu'elle a aussi co-écrite/produite-je vous la recommande) , peu d'ouvrage sur les 20 ans quand même.

Frances O'Connor: Avant Steven: brillante dans Kiss or Kill, Parfaite dans Mansfield Park, Madame Bovary à la tivi, puis A.I.  le projet de Kubrick repris par Spielberg à la mort de Stan. Après, elle a disparu, tournant dans des films soit mauvais, soit tellement discrets qu'on aurait pu croire qu'elle a cesser de jouer.

Catherine Zeta-Jones: Avant Steven: The Legend of Zorro, Entrapement, High Fidelity, American Sweethearts, Traffic, Chicago et un Oscar, un passage chez les frères Coen, un autre avec Soderbergh avant The Terminal avec Tom Hanks...et le néant pendant 9 ans.

Miranda Richardson: Elle avait commencé sa carrière avec Steven, une carrière prometteuse qui ne resta qu'en périphérie toute sa vie. Ses meilleurs moments les gardant dans le monde d'Harry.

Lorraine Gary. Voilà une actrice qui travaillait très fort et partout de 1965 à 1975 afin d'essayer de se tailler une place dans le showbizz. Elle accepte l'invitation de Steven pour un "petit" film aquatique qui deviendra culte et giga-populaire. Mais pas Lorraine. Elle jouera dans la suite de Jaws, puis dans une autre suite puis quitte carrément le métier.

Karen Allen/Kate Capshaw/Allison Doody: ou le triple échec post-Indiana Jones. Aucune des trois n'a eu un semblant de carrière après Steven. Faux Kate partage le lit de Spielberg depuis mais on ne parle pas de cinéma ici...à moins qu'elle ne simule ses orgasmes...

**

Wood maintenant. Contrairement à l'ami Spielberg, Woody Allen sait écrire de grands rôles pour les femmes. Il avait pour idole l'un des meilleurs à ce niveau: Ingmar Bergman. Plusieurs de "ses" actrices non seulement verront leur carrière rehaussée par un passage devant sa caméra mais plusieurs d'entre elles rafleront même la précieuse statue Hollywoodienne qu'on appelle Oscar.

8 autres exemples:
Diane Keaton: Après déjà trois films avec le Woodster, Diane raflera l'Oscar de la meilleure actrice pour Annie Hall en 1977 en plus de lancer un nouveau style vestimentaire. Le reste de sa carrière est marqué par le respect.

Sigourney Weaver ne sera qu'une grande figurante dans ce même film triplement oscarisé mais la suite de sa carrière sera plus qu'honorable.

Geraldine Page a été nommée 8 fois pour un Oscar dans sa carrière. La sixième fois c'était pour Interiors de Woody Allen. Un rôle remarquable. Elle a eu le temps de briller à nouveau pour Stuart Rosenberg, Franc Roddam, Taylor Hackford et surtout pour Peter Masterson, film pour lequel elle rafle l'Oscar de la meilleure actrice avant de mourir 2 ans plus tard.

Maureen Stapleton jouait la seconde femme du mari de Geraldine Page dans Interiors. Elle a été nommée pour l'Oscar du meilleur second rôle féminin. Oscar qu'elle gagnera pour son tournage deux ans plus tard dans Reds.

Diane Wiest est une régulière de Woody Allen. Coquette dans The Purple Rose of Cairo, c'est avec Hannah & Her Sisters en 1987 et Bullets Over Broadway qu'elle raflera deux statuettes du meilleur second rôle féminin. Elle n'a plus rien à prouver à Hollywood maintenant.

Mira Sorvino n'était que la fille de Paul avant de tourner pour Woody Allen. Un Oscar plus tard, on la fera tourner pour Paul Auster, Spike Lee et Guillermo Del Toro.

Judy Davis a tourné dans Alice avant d'être redécouverte dans un film des frères Coen. Wood la réutilise dans Husbands & Wives, Deconstructing Harry, Celebrity et To Rome With Love. Elle aura une fort agréable carrière partagée entre les films, la télé et les courts-métrages.

Lea Seydoux est connue en France depuis 2006, mais en Amérique, jusqu'à tout récemment, elle n'était que cette splendeur furtive dans Inglorious Basterds et Midnight in Paris. Son joli minois aux yeux bridés, des cheveux bleus et ce fameux film l'ont rendue maintenant internationale.

(Étrangement, ça fait deux lundis de suite que je vous parle de Léa...)

Bon tout ceci ne prouve rien, sinon que je vois beaucoup trop de films et que je m'arrête parfois sur des conneries du genre.

Spielberg, malgré une vie matrimoniale exemplaire, serait mauvais pour les femmes.
Woody, malgré ce que certains lui reprochent en privé, serait ce qu'il y a de mieux.

(Cate Blanchett encore cette année)

Aucun commentaire: