dimanche 17 novembre 2013

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable*********The Dream of The Blue Turtles de Sting

Une fois par mois, un très très personnel musée sonore des albums qui ont su charmer mes oreilles au travers des années et qui le font toujours malgré le passage du temps vous sera offert sur ce site.
Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.
J'ai baptisé mon musée des albums incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient d'en avoir déjà assez causé ici.
Ils sont tous les quatre mémorables pour moi en ce sens qu'ils ont tous changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques sont de mon ADN, j'en connais chaque son et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits continuellement nouveaux même si les notes restent inchangées. Ils atterrissent tout simplement à des lieux différents selon la météo mentale et physique.

Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop
"Bassesse" pour Low de David Bowie
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2
Par ordre de création.

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable c'est aussi B.I.B.I. c'est à dire moi.
C'est aussi la terminaison du mot Habibi qui en dialecte irakien veut aussi dire Mon Amour.

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable c'est également parce que ça pourrait évoquer une maitresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.

Ce que la musique est très souvent.
Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.
THE DREAM OF THE BLUE TURTLES de STING.

1983.

Je reçois pour mon anniversaire un radio. Je suis en 5ème année. On peut aussi y glisser une cassette. Je fais acheter à mes parents, qui me demandent quel artiste j'aimerais écouter dans mon radio, une cassette d'Iron Maiden. Peu importe laquelle. Je ne connais rien d'Iron Maiden mais c'est un nom que j'ai entendu souvent dans le vestiaire de hockey, alors pourquoi pas? Mes parents ne peuvent pas se tromper, je n'ai aucune cassette dans mon univers.
Mes parents seront outrés. d'abord de la pochette du Number of the Beast. Puis inquiet de leur fils. Tu t'intéresse à ceci? ça se passe bien dans ta tête, jeune homme? Bof! pendant un an j'écouterai de temps à autre The Number of the Beast, mais honnêtement plus souvent la radio FM de Québec. Je garde encore de bons souvenirs de certains morceaux. L'année suivante, toujours avec l'envie de jouer au rebelle, j'achèterais et écouterais Stay Hungry de Twisted Sisters, qui me convaincra que je n'aime pas vraiment ce type de musique.

Puis, 1985, où je vise juste cette fois. Deux fois plutôt qu'une. Reckless de Bryan Adams me rappelle les guitares électriques découvertes avec les deux bands précédents puis cet album noir et blanc, avec le chanteur de The Police dessus. Un album pop mais jazzé aussi. Réunissant l'écho de la musique des films de Woody Allen et l'univers de Let's Dance, que oui, j'achète après. Pour la mélodie de Modern Love et l'interprétation de China Girl.

Je suivrai Sting le temps de cet album, que j'aime encore en entier aujourd'hui comme au premier jour. Je le suivrai aussi pour son album double suivant mais c'est lui qui me laissera tomber par la suite, proposant de morceaux qui semblent s'adresser à des gens nettement plus âgés que moi.

Le jazz fait cet effet là quelques fois. L'effet de vieillir avant l'âge. Mais Sting propose de nos jours du Boomer's shit pour madame qui frôle le bel âge.

Mais le 1er juin 1985, Sting lançait son premier effort solo, un son jazz-pop indiscutablement agréable pour moi.

Le tout premier morceau était aussi le premier extrait pour les radios. Il ne m'avait pas emballé. Il n'avait pas emballé personne d'ailleurs. Sting avouera que cette chanson était l'antidote aux échos de Every Breath You Take, chanson possessive et malsaine, alors que If You Love...était lumineuse et festive.

Toujours par opposition au côté sombre d'Every Breath You Take qui traitait de la jalousie et de l'obsession, le morceau suivant puise dans le reggae de manière tout aussi ensoleillée, sur une plage où la septième vague amène l'amour. Second single sympathique offert aux radios. Le video bon enfant et scolaire avait eu un effet plutôt négatif sur mon écoute.

Le troisième morceau est un bijou. Adaptant Prokofiev, Sting chante l'impossibilité de "gagner" une guerre nucléaire. Anton Corbijn dirige le clip et la chanson reste le morceau solo le plus durable dans la carrière de Sting. Brillant. Quatrième et dernier extrait envoyé aux radios.

La première croisade d'enfant a eu lieue au 11ème siècle en Europe où on leurra des centaines d'enfants en leur demandant de se rendre affronter la Palestine pour prétendument former une armée mais qui furent au bout du compte vendus comme esclave en Afrique. Sting part de cette triste épopée pour parler du sacrifices des soldats, adolescents/enfants de la guerre de 1914-1918, victimes de boucherie dans les champs Français et Belges, puis des enfants des années 80, victimes de la dépendance à la drogue. Un beau crescendo, un beau morceau. Branford Marsalis est particulièrement en forme là-dessus.

La version originale de cette pièce est un morceau de The Police beaucoup plus lent, entre ska et reggae. Sting la refait en version jazz/blues. Je tapais du pied à chaque fin de face A. J'aimais et aime encore beaucoup ce beat entrainant.

Le premier morceau de la face B rappelle King of Pain avec son utilisation du xylophone. Sting parle ici de la grève des mineurs qui débuta en 1984 en Angleterre et qui renforça le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher quand les syndicats ne seront jamais capables de faire front commun. J'avoue chanter le refrain encore souvent sous la douche de nos jours.

Sting vole le sonnet XXXV du Barde de Shakespeare pour ce morceau. Faisait-il aussi référence au fait qu'il se considérait parti en solo? You can't stay there, you can't stay there, you can't stay there, you can't stay there...

La chanson titre de ce premier album solo est un morceau instrumental tentant de refléter le climat d'un rêve que Sting avait fait où il s'était senti accompagné de tortues bleues. Le morceau précédent annonçait déjà un pue ce Jazz à l'état brut. Luv it.

La chanson suivante a toujours été ma préférée de l'album (pour des raisons évidentes puisque je suis vampire). Sting l'a composée après avoir lu Interview With a Vampire d'Anne Rice. Celle-là aussi je la chante souvent sous la douche. Par nature...

La dernière chanson a gagné de mon intérêt avec l'âge. À l'époque je crois que je ne l'aimais pas à cause du vidéoclip qui semblait n'être qu'un showcase dans le but de mettre le charme de Sting, au mi-temps de l'âge, à la disposition des femmes du même âge. Je trouvais le clip d'un inintérêt absolu pour une chanson qui avait tant de potentiel visuel, et je jugeais alors souvent la zizik superficiellement par l'image qu'on en diffusait. Je suis certain que Sting est lui-même gêné de ce clip aujourd'hui. Mais la musique est venue me gagner au fil des années et je peux certes dire que ce morceau m'est encore excessivement agréable à entendre. Des bruits de pluie et de tonnerre (que j'adorent) au jeu de guitare doux, à la basse fort créative, en passant par le saxophone de Branford Marsalis , tout ça, imperméable aux époques. Le texte entre autre est d'une profondeur douloureuse. Brillant à nouveau. Troisième extrait envoyé aux radios en 1985.

Pour amateur de l'âge d'or du saxophone dans la musique pop, de jazz/pop, de cool rythme reggae/pop, de musique adultes contemporains, pour meudames qui ont besoin d'une couverte dans leur divan, pour messieurs, l'été encore capable de porter des pantalons trois/quarts blancs ou une camisole.

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