vendredi 31 janvier 2014

Heureusement Qu'il y a la Nuit

"...Stars are never sleeping..."
-David Jones

Heureusement qu'il y a la nuit.

J'entretiens, depuis toujours, un drôle de rapport avec la nuit.

Étudiant, pour faire fructifier mon manque de sommeil généralisé, je travaillais dans les clubs vidéos 24h, la nuit. Je pouvais aussi nourrir mon amour du cinéma et me taper 3 films par nuit, un premier distraitement de 23 à 1h. Un que je voulais vraiment voir de 1h20 à 3h30 et un dernier sur lequel je pouvais m'endormir de 3h45 à 5h45. J'étais relevé à 6h. J'étais payé pour mes insomnies.

J'ai aussi travaillé dans les bars ou choisi de passer la nuit en charmante compagnie afin de contrer mes nuits blanches.

Aujourd'hui je travaille de jour en traduction et de 4h à 13h dans un entrepôt de whisky (et bientôt de différents type d'alcool) dans le vieux-port la nuit.

Dans cet entrepôt, afin de nous garder alerte, on diffuse de la radio de nuit très fort. Virgin, Radio Énergie, CKOI. Avant que les animateurs n'arrivent, donc dans la première heure et demie de travail, la musique y est souvent très bonne.

Conscients que beaucoup moins d'auditeurs ne prennent l'oreille à leur station à cette heure, on se risque à diffuser des choses qui passeraient moins de jour.

Gorilla de Bruno Mars avec le mot Motherfucker et non un bruit de ressort qui pète à 3:51.
Des hits du passé.
La version originale de la chanson d'Icona Pop.
you're so damn hard to please, we gotta kill the switch,
you're from the 70's, but I'm a 90's Chick...

wut?

On entend tous la vraie rime quand même...
Cachez ce sein de Janet qu'on ne devinerait jamais autrement...
Vous comprendrez que je suis en général contre la censure.

Puis les animateurs arrivent et c'est un peu comme si la corrosion s'installait sur votre voiture.
 la mort de la musique.
La vraie merde musicale.

Des chansons qu'on oubliera dans un an.
Aucun riff comme ceux de Keef & Mick Taylor en 1973.
Chanson tellement encore d'actualité qu'on en cite toujours les 4 premières lignes de nos jours à New York.

Mais heureusement qu'il y a la nuit quand même qui laisse parfois la bonne musique sortir la tête de l'eau.

Au bout du 5ème jour/nuit de travail avec cet horaire non conforme, je suis généralement plutôt fatigué.

Mercredi-jeudi, off...YES!

Je me regarde dans le miroir, toujours bonne mine.
Toutefois j'ai la barbe longue. J'ai fait pleurer un enfant dans le Vieux-Port simplement en lui souriant.  Je choisis donc de me raser.

Quel plaisir que de se tondre le poil. C'est comme passer la tondeuse ou racler les feuilles sur le terrain. Ou se couper les cheveux. Un sentiment de netteté. Je rayonnais sachant que mes révisions/traductions étaient livrées, que les sous s'empilaient dans mon compte, j'étais on top of my game et j'avais deux jours à regarder des films devant moi. Un nouveau Woody et une relecture d'un vieux Lynch trouvé à 5$.

Je planais.

Mais j'étais fatigué.

Donc peu concentré sur ce que je faisais.

je
ME
suis
RASÉ
les
SOURCILS!

Non mais tabarnak!
Faut tu pas être concentré?
Fuck le focus!

Les enfants, en commençant par les miens, vont tous pleurer en me voyant!

J'ai pensé me raser le reste du crâne pour reprendre ma tête de martien originale mais ça aurait été pire.

Je devrai me cacher publiquement.
Me censurer de la vie publique.

Heureusement que je travaille la nuit...
                                                          ...dans deux jours... (today)

Heureusment qu'il y a la nuit...



jeudi 30 janvier 2014

Le Cinéma Québécois de 2013 de A à Z

Dans une vie passée le cinéma était ma famille.

J'y ai travaillé et y ai encore beaucoup d'amis.

Je surveille donc à chaque année les Jutra, consécration ultime pour les artisans du cinéma au Québec.

Les nominations sont tombées cette semaine pour honorer "le meilleur" de notre cinéma.

Les prix et leurs nominations sont toujours sujets à controverse, mais il faut savoir que pour séduire les investisseurs gouvernementaux, il est préférable de récolter tout un panier d'honneur. Vous écrirez de la merde par la suite et ils ne verront que les prix gagnés précédemment.

Mais si c'est vraiment de la merde et que le prochain retour sur investissement est nul, vous ne tournerez plus. Le robinet sera fermé.

Voici un paquet d'oeuvres et d'artistes qui viennent d'avoir un léger coup de main grâce à ses simples nominations.

Puisque les nominations sont un véritable fouillis incohérent, plaçons un semblant d'ordre alphabétique pour s'y retrouver.

A Archambault, Louise, réalisatrice nommée pour la réalisation du film Gabrielle ainsi que pour le scénario qu'elle a signé seule.  Antoine Bertrand, nommé dans la catégorie du meilleur acteur pour son rôle de Louis Cyr,  Arcand, Gabriel, toujours solide, nommé dans la même catégorie pour son rôle dans Le Démantèlement.  Alexandre Landry, nommé dans la catégorie du meilleur acteur toujours, pour Gabrielle.  Asselin, Steve, direction photo dans L'Autre Maison de Mathieu Roy.

B Bourgeois, Chloé, nommée dans la catégorie de la meilleure actrice pour Diego Star Brassard, Marie, nommée dans la catégorie de la meilleure actrice de soutien pour Vic & Flo Ont Vu un Ours.  Bolduc, Nicolas, nommé à la direction photo de Louis Cyr: L'Homme le Plus Fort du Monde.  Babin, Jean, nommé à la direction artistique pour Triptyque de Robert Lepage & Pedro Pires.


C Catimini, long métrage de la réalisatrice Nathalie Saint-Pierre, nommé comme meilleur film. Cyr, Guillaume, dans la catégorie du meilleur second rôle masculin pour Louis Cyr: L'Homme le Plus Fort du Monde.  Côté, Denis, un ami, dans les catégories de la meilleure réalisation et du meilleur scénario. Bravo, buddy!   Casault, Kathryn au maquillage deux fois, d'abord pour Les 4 Soldats de Robert Morin puis pour Whitewash. Castonguay, Lise nommée dans la catégorie de la meilleure actrice pour Triptyque.  Charest, Benoit à la musique du film Upside Down.  Cusson, Michel, à la musique du film Rouge Sang.


D Le Démantèlement, mise en abîme de Sébastien Pilote dans la catégorie du meilleur film et du meilleur film s'étant illustré hors Québec. Diego Star de Frédérick Pelletier, un ami avec lequel j'ai travaillé à quelques occasions, sur un court-métrage primé, entre autre et pour lequel je suis extrêmement content, dans la prestigieuse catégorie du meilleur film (Chapeau chef!!!) Desmarais, Sophie, dans la catégorie de la meilleur actrice de soutien dans Le Démantèlement.  Desormeaux-Poulin, Mélanie, et  Dutil, Muriel, toutes deux nommées dans la catégorie de la meilleure actrice de soutien pour Gabrielle.

E Erkoreka, Rose-Maïté nommée dans la catégorie de la meilleure actrice pour son rôle dans Louis Cyr... Elisapie Isaac, à la musique (avec Olivier Auriol) du film La Légende de Sarila.

F Frédérick Pelletier, réalisateur de Diego Star, nommé pour son scénario. Seul dans ta lettre, parce seul de ta trempe, vieux Frère. Il n'y a pas de honte à être Fier. Hâte de voir ton Film, Fred


G Gabrielle de Louise Archambault dans la catégorie du meilleur film et du meilleur film s'étant illustré hots Québec, Gouin, Benoit, dans la catégorie du meilleur acteur de soutien pour le même film. Donc tous les acteurs principaux du film Gabrielle, incluant la réalisatrice/scénariste, le son, le montage et le film lui-même sont nommés dans les honneurs mais pas l'actrice principale...Gabrielle Marion-Rivard.

H Hellman, Thomas, à la musique du film Les Manèges Humains

I Isaaka Sawadogo, Nommé comme meilleur acteur pour Diego Star.

J Judy Jonker, aux costumes de Triptyque.

K MourKazel, Stéphane, réalisateur de Nous Avions nommé dans la catégorie court ou moyen métrage de fiction. La Fin de PinKy de Claire Blanchet nommé dans la catégorie court ou moyen métrage d'animation.   


L Lepage, Robert, dans la catégorie de la meilleure réalisation (qu'il partage) pour Triptyque.  Lessard, Marie-Evelyne, nommée dans la catégorie de la meilleure actrice pour Les Manèges Humains.  Laroche, Martin, réalisateur de ce même film et nommé pour son scénario. La Veaux, Michel, avec lequel j'ai déjà travaillé, étudiant, et dont il commence à être temps qu'on souligne le grand talent de directeur photo pour Le Démantèlement. Légaré, Christian à la direction artistique de Triptyque.  Lavoie, Marie-Hélène, nommée à la direction artistique de Chasse au Godard d'Abbittibbi.

M Marcel Sabourin, dans la catégorie du meilleur acteur pour L'Autre Maison.  Moliavko-Vitzoski, Nathalie, nommée à la direction photo de Catimini.

N Normand Daoust, nommé dans la catégorie du meilleur acteur de soutien pour Les Manèges Humains.


O Otis, Vincent-Guillaume nommé dans la catégorie du meilleur acteur de soutien pour Gabrielle. L'Ouragan Fuck You Tabarnak D'Ara Ball, nommé dans la catégorie meilleur court ou moyen métrage de fiction. Moi je lui donne le prix du meilleur titre Québécois.


P Paquin, Laurent et Pénélope McQuade à l'animation des Jutra en mars prochain, Pilote, Sébastien, dans catégorie de la meilleure réalisation pour Le Démantèlement. Pedro Pires, à la co-réalisation de Triptyque avec Robert Lepage. Paré, Frédérique, nommée comme meilleure actrice de soutien pour Catimini. Pelletier, David à la direction artistique de Triptyque.

Q Quinton, Colette, nommée au meilleur maquillage pour le film Erased Québékoisie de Mélanie Carrier et Olivier Higgins nommés dans la catégorie du meilleur long métrage documentaire.

R Roby, Daniel à la réalisation de Louis Cyr. Robitaille, Pierrette, nommée comme meilleure actrice pour Vic & Flo ont Vu un Ours.  Renaud, Gilles, nommé comme meilleur acteur dans un rôle de soutien pour Le Démantèlement. Rhéaume, Marjorie nommée à la direction artistique de Diego Star. Ramachandra Borcar, à la meilleure musique originale pour Roche Papier Ciseaux.

S St-Pierre, Nathalie, réalisatrice de Catimini, nommée pour son scénario.

T Turpin, André nommé à la direction photo de Whitewash.


U Upside Down film discret dans les catégories des meilleurs costumes, meilleurs musique oiriginale (Charest) et meilleure direction artistique. Ushev, Théo, réalisateur de Gloria Victoria dans la catégorie meilleur court ou moyen métrage d'animation.

V Vic & Flo ont Vu un Ours de Denis Côté, meilleure réalisation, actrice, actrice de soutien, scénario, film s'étant le plus illustré Hors-Québec.

W Wow! ils ont encore foiré ignorant tous ceux qui auront travaillé autour de Sarah Préfère La Course, Une Jeune Fille et Le Météore! 21 des 39 films Québécois réalisés cette année ont été soulignés au moins une fois, mais pas ces trois films de chez nous salués ailleurs dans le monde? WTF?

X Xavier Dolan, réalisateur de Tom à la Ferme dans la catégorie du film s'étant le plus illustré hors Québec. Quelqu'un d'eXtraordinaire de l'actrice fétiche de Xavier Dolan, justement, Monia Chokri, derrière la caméra cette fois, dans la catégorie du meilleur court ou moyen métrage de fiction.


Y Yann Cleary (avec Martin Rouillard) au meilleur son pour Chasse au Godard d'Abbittibbi.

Z MilitZa, Maina, au maquillage de Chasse au Godard d'Abbittibbi.

C'était une année de grande qualité pour le cinéma Québécois.
Les Jutra seront donnés le dimanche 23 mars prochain.

mercredi 29 janvier 2014

Robert Frost

Aux gens malhonnêtes, qu'ils paradent à la Commission Charbonneau, qu'ils magouillent dans la sphère politique ou qu'ils soient d'anciens dirigeants de la SQ.

Variations sur un poème original de Robert Frost.

La Route Non Prise

Deux routes divergentes dans le boisé jaune,
Désolé de ne pas pouvoir prendre les deux,
De ne pas pouvoir n'être qu'un seul voyageur, j'y suis resté longtemps
À regarder l'une des deux routes, le plus loin que mon regard le pouvait,
Jusqu'où la route virait et se perdait dans les broussailles.

J'ai alors pris l'autre, toute aussi séduisante,
Route peut-être encore plus justifiée,
Parce qu'herbeuse et manquant quelques peu de foulées,
Bien que franchement, les passages,
Les aient usées à peu près de manière identique.

Les deux routes se reposaient, ce matin-là,
Sous des feuilles qu'aucun pied n'avaient noircies,
Ah! j'ai conservé mon pas pour un autre jour!
Sachant pourtant comment un chemin nous mène à l'autre,
Je doutais que jamais j'y revienne à nouveau.

Un jour je me retrouverai à raconter avec un soupir,
Quelque part dans un lointain avenir que,
Deux routes divergeaient dans un bois, et moi,
J'ai pris celle par laquelle on voyage le moins souvent,
Et c'est cela qui a tout changé.


Robert Lee Frost était un poète étatsunien. Ses oeuvres ont d'abord été publiées en Angleterre avant d'être publiées et reconnues en Amérique. Il est une référence majeure de l'écriture réaliste et descriptive de la vie rurale aux États-Unis. L'action de ses écrits se déroule très souvent en Nouvelle-Angleterre au début du 20ème siècle. Ses sujets sont souvent des études complexes de portraits sociaux ou encore des essais philosophiques. Frost a surtout brillé en poésie où il a raflé pas moins de 4 prix Pulitzer dans la catégorie poésie entre 1924 et 1943. Il fût l'un des poètes les plus admirés du 20ème siècle. Sa vie a été marquée par le deuil alors qu'il a perdu son père, décédé de la tuberculose quand le jeune Robert n'avait que 11 ans, un deuil laissant la famille avec un maigre 8$ pour vivre en 1885. La mère de Frost allait mourir 15 ans plus tard du cancer. Vingt ans plus tard, Frost faisait interner sa soeur plus jeune dans un endroit où on y traitait la santé mentale. Elle y mourra 9 ans plus tard. Frost, sa mère et plus tard, la femme de Frost souffriront aussi de dépression une grande partie de leur vie. La femme de Frost découvre qu'elle a le cancer du sein et meurt d'insuffisance cardiaque l'année suivante. Leur premier fils meurt du choléra à l'âge de 8 ans, leur second fils se suicide avant ses 40 ans, leur troisième fille meurt des suites de la fièvre puerpérale avant ses 30 ans et leur dernière fille meurt à la naissance en 1907.

Tout comme Abraham Lincoln, le grand Robert Frost souffrait de ce que l'on appelait alors "la mélancolie".

Ce que l'on appelle aujourd'hui la dépression clinique.

Non, ce n'est pas ce que vous ressentez quand vous entendez Michel Arsenault jouer la victime devant la juge Charbonneau.
Ça, c'est de la nausée.

Revenons au mémorable Frost.

"Je me suis querellé comme un amant avec le monde" a-t-il signé sur sa pierre tombale.

Robert Frost est décédé aujourd'hui il y a 51 ans.
À l'âge de 88 ans.

mardi 28 janvier 2014

Causez

M. avait aimé G. Ils avait été un couple. Ils s'étaient tous deux connus au Camping Mercier plus jeune et étaient tombés amoureux avec le temps.

Mais M. voulait être policier. Il savait qu'il en avait les aptitudes physiques. Et ce n'était pas en habitant aux bordures du Lac Whitton qu'il allait faire son chemin jusqu'à Nicolet. Il avait donc réuni ses sous pour s'acheter une voiture qui en valait le trajet et avait choisi de se louer un appartement dans le bout de Trois-Rivières. G. n'avait pas les mêmes ambitions. Elle rêvait d'une carrière dans la Grand' ville: Montréal. Elle y avait été à quelque reprises et la ville semblait carburer au rythme de son caractère.

M. à Trois-Rivières,
G. à Montréal.
Comment s'aimer?

Allait-il s'attendre?
Ils se l''était promis, mais si Montréal a son rythme, Trois-Rivières aurait aussi le sien. M. allait découvrir la vie d'appartement et se ferait de nouveaux amis. Des amiEs aussi.  Marlène, une fille incroyable, comme on en voit dans les magazines de sport. Une fille, qui, avec la seule promesse de se laisser toucher, pouvait faire obéir au doigt et à l'oeil n'importe quel homme. Les hommes comme les femmes la déshabillait des yeux tellement ses formes étaient parfaites. Et M. était un jeune homme de terrain, qui avait beaucoup travaillé physiquement sur les terres de son père au Lac Whitton. Il était tout en muscles et l'oeil de Marlène n'avait pas manqué de le remarquer aussi.
Ils allaient échanger beaucoup l'un et l'autre avant de se commettre.
Elle, sortait d'une relation longue et déchirante. Elle avait quitté son amoureux quand celui-ci lui avait avoué qu'il avait été aux putes pendant son service militaire à l'étranger, alors en couple avec elle. Elle s'était sentie trahie. Elle hésitait avant de repartir une aventure en couple. M. savait qu'il avait promis à G. de l'attendre, mais voilà, déjà ils s'appelaient moins. Elle s'occupait beaucoup à Montréal, peut-être même plus que lui à Trois-Rivières. M. passait son temps à se dire "combien de femmes du genre de Marlène rencontrerais-je dans ma vie? combien de femmes aussi désirables aurais-je la chance de rencontrer? et de tous les jeunes hommes, c'est moi qui semble l'interresser? wow!" M. était en lune de miel, mais vierge de toute tromperie.

Jusqu'à ce soir où l'alcool, le ciel doux, la cuisse de l'une et le torse de l'autre semblaient s'être associés pour enligner les astres en leur faveur.

M. et Marlène s'étaient embrassés avec beaucoup de passion.
Et plus encore.
Ils avaient fait tous ce que deux amoureux font. Avec passion toujours. La lune de miel pouvait être incarnée.

G.?
Il n'y pensait même plus. Elle non plus de toute manière. Elle ne s'informait plus de ses projets de devenir policier. Marlène s'y intéressait, ou feignait de le faire au moins. Elle était vraie, palpable, de pleines mains et M. se gênait si peu de la toucher que Marlène avait dû le freiner à quelques occasions car elle se sentait envahie par ce nouvel homme dans sa vie. Marlène ne serait jamais pleinement convaincue de ce nouvel investissement amoureux. M. allait échouer son test d'entrée à Nicolet. Physiquement, il était apte mais mentalement il ne passait pas la rampe. Il ne suffit plus de faire plus de 6 pieds pour devenir policier. M. avait pris cet échec très durement. Il était tombé dans une légère dépression. C'est à ce moment qu'il avait choisi de faire savoir à G. que leur "relation" devait prendre une pause. La proposition avait été accueillie avec si peu de résistance de la part de G. que M. lui avait demandé à plusieurs reprises si il y avait un nouvel homme dans sa vie. Ce que G. avait nié. M. s'était trouvé ridicule de se sentir jaloux d'une fille qu'il trompait. G. lui avait renvoyé la question et M. avait menti. Il s'était trouvé plus con encore. Sa dépression devenait lourde.

Pour Marlène aussi. Qui, elle, ignorait tout de l'existence même de G.

Quand M. a fait savoir à Marlène qu'il retournerait vivre dans son village natal, Marlène avait quand même choisi de l'accompagner. Elle s'était trouvé rapidement un emploi dans une fromagerie et le rythme d'un village semblait, au début, lui plaire. Mais l'ennui la gagnait peu à peu et bientôt, elle aurait envie de plus d'envergure. M. était devenu pompier volontaire et travaillait aussi comme mécanicien comme son père l'avait fait avant lui.

Quand les tristes événements du Lac-Mégantic se sont produits, il avait été appelé en renfort pour aider aux fouilles du tragique site. De toutes les dépouilles possibles, il avait trouvé celle de G., avec laquelle il avait eût si peu de contact depuis 8 mois qu'il ignorait même qu'elle était de retour (de passage?) au Lac Mégantic ce soir-là, lieu de leurs premiers ébats à eux deux.

G. était morte.
G. était morte.
G. était morte brûlée vive.
Et c'est M. qui la découvrirait dans les ruines du village.

Des images qui allaient le hanter jusqu'à le faire plonger dans la plus profonde des dépressions.

Marlène, découvrant l'importance de G. dans la vie de M., allait le supporter un peu au début mais se sentit, utilisée et le poids de cette dépression, dont elle était un personnage très en marge, allait la faire quitter M.

Marlène irait vivre non pas à Trois-Rivières mais à Montréal cette fois. Célibataire.

Et M. plongerait dans une dépression cauchemardesque si lourde qu'il finirait par s'enlever la vie.

S'enlever la vie.
S'enlever la vie.
S'enlevez la vie comme dans "Je n'ai plus de solution à ce qui envahit ma tête"

La solution c'est les autres.
Causez aujourd'hui.

Causez pour la cause.

C'est toujours le bon jour pour le faire.

lundi 27 janvier 2014

Bataille de Filles

Je ne vous l'avais pas confessé encore mais l'entrepôt de whisky du Vieux-Port qui m'avait engagé de nuit dans le temps des fêtes, a choisi de me garder sur son payroll jusqu'à plus soif.

Et comme j'ai toujours soif...

Dans cet entrepôt se trouve tout un zoo. Des gens qui troquent leurs jours contre des nuits actives, payantes et parfois souffrantes. Des têtes qui ne veulent pas se montrer de jour. Des gens qui ont perdu tous leurs poils, des têtes marquées par la laideur, des visages aux taches de vins, des grands brûlés. Des hommes qui marchent crochent, et pas parce qu'ils boivent sur la job. En fait peut-être des fois. C'est le boulot idéal pour que ce genre de choses arrivent. Mais ça explique aussi pourquoi un bougre de bougre s'échappe une caisse de bouteilles sur les jambes ou qu'un "lift" accroche un employé en roulant trop vite.

Dans l'entrepôt c'est l'ONU. Hommes comme femmes, tous les continents y sont représentés. Et pas juste les pays connus. L'Italie oui, la Bulgarie, le Chili, l'Argentine, les États-Unis, la Roumanie, le Burkina Faso mais aussi l'Union des Comores et le Royaume du Lesotho. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ces deux employés africains sont loin d'être pauvres. Ils n'ont en fait aucune raison de travailler. Ils le font pour s'occuper et s'amuser. Ils viennent travailler dans des voitures tout à fait surnaturelles. Quand le salon de l'auto s'est tenu, ils ont changé leur voiture pour se commander la dernière trouvaille. Ils pourraient acheter l'entrepôt, l'usine, voire le Québec. They take no bullshit. Ils sont nos baromètres sur ce que l'on a le droit de faire ou non. Ils ne dureront pas longtemps à mon avis.

Ces deux-là sont non seulement d'un autre pays mais aussi d'une planète que je ne souhaite pas beaucoup connaitre. Riche et axée sur les biens de consommations.

Les pauses ne sont pas gérées par nos gérants respectifs. Qu'on ne voit jamais et qu'on soupçonne de têter la marchandise au goulot dans les bureaux. Ils nous saluent quand nous quittons l'entrepôt vers 9h30 avec le regard du hareng fraîchement pêché. Et leurs haleines sont traîtres.
Donc, les gens prennent leurs pauses quand bon leur semble. Et comme le jugement d'une masse est toujours faillible (sinon pourquoi La Voix et TVA?) les employés prennent leur pause n'importe quand.
Et souvent.  
Les fumeurs plus que les autres.

Comme je ne fume pas, je ne prends donc jamais de pause. J'ai réalisé ça seulement dernièrement. Je ne me repose jamais. J'ai l'impression que je n'ai pas le droit. Me reposant partout ailleurs tout le temps. Au volant de ma voiture, entre deux traductions en regardant un film, ici en vous piochant au clavier.

Toutefois, ce matin-là. j'ai choisi de jouer au fumeur et sans fumer, j'ai suivi la parade des employés qui sortaient de l'entrepôt pour aller braver le froid et prendre entre 15 et 20 minutes off à faire de la buée au grand air. (J'aime le froid)

Le Vieux-Port est merveilleux à l'aube. Et si ce n'était des mouettes qui se battent pour des restes de fast food le décor serait paradisiaque. Mais ce matin-là, ce n'était pas des mouettes qui criaient, c'était deux femmes, de l'entrepôt de linge tout juste aux côtés du nôtre, en face en fait.

Cet entrepôt est identique au nôtre. Surtout des travailleuses et surtout d'origine étrangère. Certaines sont très jolies et essaient de flirter avec nous qui sommes surtout mâles. Mais ce matin-là, pas de flirt.
Du sang.

Une maigre brune tapait violemment sur une plus ronde mais tout aussi brune. Elle se tenaient toutes deux par les cheveux et la plus ronde était au sol, le visage empourpré par les assauts de l'autre. Elles se criaient des choses en espagnol mais je ne crois pas que c'était des invitations à dîner ensemble. Après quelques roulades dans la neige rougi par le sang de l'une d'elle, bien des cris et des scènes ultra disgracieuses, la plus maigre a tenté de se réajuster les cheveux. Comme si bien paraître était soudainement "à-propos" dans cette séquence honteuse et houleuse. Elle a tout juste eu le temps de mettre la main sur sa couette que l'autre lui a resauté dessus et, plus ronde, l'a écrasée au sol.

Sans réfléchir, j'étais soudainement entre les deux à les séparer et à manger un coup de poing de je ne sais trop qui derrière la tête.

C'était d'une laideur que seule l'architecture du Collossus de Laval pouvait accoter.

Mon lever de soleil sur le Saint-Laurent, bavé par deux chipies en furie.

On m'a raconté qu'elles ses battaient pour l'attention d'un gars qui ne s'intéressait ni à l'une, ni à l'autre.

What the fuck?

Quelle planète tendue!

Ce que j'ai trouvé plus bête encore, c'était tout ses gens autour qui ne faisaient rien et qui semblait même trouver amusant de voir deux "chicks" jouer au "rooster".

Le non-interventionisme  peut parfois être aussi lâche que les attaques les uns contre les autres.

Une "pock" derrière la tête ça vaut la peine quelques fois. Cette fille au sol serait morte.

Santé mesdames!
(les hommes ne valent pas tant que ça... sauf peut-être deux Africains chez nous...)