lundi 13 janvier 2014

L'Indomptable Dandy Daho

Étienne, Étienne, Étienne...

Je découvrais la savoureuse Guesh Patti à peu près au même moment que je découvrais Étienne Daho.

J'avais 14 ans. Les filles s'intéressaient beaucoup à moi et vice-versa.
Et je versai dans le vice, c'est selon.

Daho m'accrochait avec un tître qui comprenait pourtant un turn-off chez moi: les tatous.

Fan fini de Duran Duran et de David Bowie, je retrouvais le son des premiers et le chic du second.

C'est en grande partie grâce au juke-box installé dans le café-épicerie des grands-parents de Daho dans le petit village de Cap Falcon à 20 km d'Oran en Algérie qu'Étienne est vite intéressé par la musique. Son père est un riche héritier militaire porté sur la fête et de plus, il est lui-même musicien. Très vite, il abandonne la famille et Étienne est élevé par les grands parents maternels puisque maman travaille et a peu de temps pour lui. Daho est témoin des horreurs de la fin de la guerre d'Algérie.
Après beaucoup de trimballage de famille en famille, le petit Étienne va à l'école dans une classe de trois élèves. Un de 12 ans, un autre de 17 et lui de 6 ans.

Il s'installera finalement avec ses soeurs ainées à Rennes. Ce sont elles qui lui feront découvrir la pop anglaise, d'Amérique, des plages et le motown.  Devenu véritable passionné de musique à l'achat de deux disques, il séjourne régulièrement à Londres et à Manchester pour parfaire ses connaissances et assouvir ses envies. Il y découvre et vit la scène punk en 1976 et commence alors à écrire lui aussi des chansons.

À l'université il se lie d'amitié avec Jacno et Elli Meideros et cette amitié sera déterminante pour le lancer lui aussi dans l'aventure musicale. Il se lie d'amitié avec l'adorable Françoise Hardy, ce qui le confirme ami puisque je fou d'amour vis-à-vis Miss Dutronc.

Inspiré, il écrit un hit qui sera le premier à se rendre chez nous et à capter notre attention. Un jeune Jean-Pierre Jeunet réalise le clip. Il commence à avoir ma coupe de cheveux de l'époque, voilà c'est un ami. Son succès est grand et s'étend maintenant hors des frontières de la République. Daho fera du cinéma avec Assayas , Thavenet et Fèvre.

Tout comme Bowie et les Stones avant lui, il fait appel à Guy Peelaert pour la conception de la pochette de son album suivant. Cet album ouvertement inspiré des sons britanniques, ceux de Jesus & Mary Chains entre autre, et sera un autre gros vendeur dans au moins 8 pays dont le nôtre.

Son album suivant sera enregistré à New York et devait avoir Carlos Alomar (guitariste associé à Bowie) comme producteur principal mais celui-ci est renvoyé après seulement trois jours. Daho prend la relève lui-même de la prod en compagnie d'une membre des valentins, Edith Fambuena, et l'album lancé en décembre 1991 sera son plus gros producteur de singles. Un des clips met en vedette Fambuena et Michel Gondry en réalise un autre (mon morceau préféré de Daho).

Il reprend et met au goût du jour Piaf, monte un projet réunissant des fonds à donner à la recherche pour contrer le SIDA, et collabore avec Brigitte Fontaine, lui produisant 4 titres, travaille avec Jacno dont il produit un album et avec Monsieur Françoise Hardy, Jacques Dutronc.  

Il s'installe à Londres où il collabore avec Saint Étienne et encore Fontaine qui lui écrit le texte. Son projet suivant est très électro, trip hop et à la saveur du moment, nous sommes en 1996.

Il chante Jean Genet mis en musique par Hélène Martin. Parfois avec Jeanne Moreau, parfois seul.Il fait soudainement vieux.
Il adapte un titre de la chanteuse de Saint-Etienne en français puis écrit pour Birkin, Vartan, chante avec Vanessa et avec Zazie, et lance de nouveaux albums en 2000, 2003 et réalise le nouvel album d'Elli Meideros en 2006. En 2007 il cartonne avec un nouvel effort.

Il chantera avec Bashung, Faithfull, Charlotte Gainsbourg, Astrud Gilberto, Deneuve, il sait s'entourer le gentleman.

Il réalise les premiers albums de Lou Doillon et Yan Wagner.

Daho était mon ami sonore et je l'avais un peu oublié. Ça m'est revenu en décembre.

Un pont entre la modernité française et la séduction anglo-saxonne, entre la transgression punk et la pop du moment franco.

Il a sorti un excellent album en juin dernier en Europe qui a atterri chez nous en automne.
Daho, à l'instar d'Indochine, et comme un certain caméléon, a su se réinventer en restant toujours dans le ton.

J'ai renoué avec Daho, dandy tout en flirt comme je l'ai déjà été.
Le suis toujours, parfois.
Un ami, je vous dis.

Aucun commentaire: