lundi 3 mars 2014

Train 8017

1944, en direction de Palerme en train, Italie.

Dans le nord de l'Italie, des manifestations anti-fascisme, anti-Mussollinni, font rage. Les bombardements alliés ont détruit Leipzig pendant deux nuits en Allemagne. C'était le début de la Big Week. Une mutinerie dans la garnison coloniale au Congo Belge tue trois personnes. Des avions de la Navy des États-Unis attaquent les îles Mariannes de Saipan, Guam et Tinian. Un bateau japonnais est coulé par le USS Cod. Helsinki est bombardée par les soviétiques malgré les négociations de paix avec la Finlande. La campagne des îles de l'Amirauté où se déroulera la bataille de Los Negros débute.

L'attention locale et internationale est pleinement sur la Seconde Grande Guerre.


Pendant ce temps, à Salerne, une ville italienne de quelques 120 000 habitants en Campanie, le train 8017 quitte la ville du sud en passant par la chaîne de montagnes des Apennins. Ce train est un train de cargaison. Toutefois, en période de guerre, il est tout à fait courant pour ce type de train de prendre des passagers et de les mener là où ils le souhaitent. Particulièrement si ils sont soldats, la compagnie de train sent alors le devoir l'appeler et l'obliger à véhiculer les soldats et militaires. Les civils aussi prennent ce train. Le train 8017 passait par Eboli, Persano, Romagnano. Le train, le 2 mars 1944 vers 18h, avait à son bord autour de 650 passagers avant d'atteindre la ville de Balvano.

Balvano est une petite ville située des deux extrémités d'un long tunnel creusé à même les montagnes des Apennins. Il pleuvait beaucoup le 2 mars 1944 peu avant minuit. Le train montait dans le tunnel quand pour une raison inexpliquée, ou bien parce que trop lourd, le conducteur doutait de pouvoir monter cette côte, ou bien encore afin de laisser passer un second train en sens inverse dans un endroit escarpé, peu importe la raison, le train 8017 et ses 47 wagons s'arrête.

Plus de 30 minutes en marche dans le tunnel.

Ceci n'aurait posé aucun problème en temps normal. Les locomotives brûlaient au charbon de grande qualité en temps normal. Toutefois les temps de guerre n'ont rien de normal. Et le charbon de première qualité était introuvables. On utilisait alors du charbon de moindre qualité qui émettait excessivement et de manière inodore du monoxyde de carbone toxique.

Et fatal lorsque trop inhalé.

520 passagers ont manqué d'oxygène. 520 morts, plus que bien des batailles dans le conflit en cours. Soldats, femmes, enfants et civils parmi les cadavres.

Les seuls survivants ont été ceux assez chanceux pour se trouver dans les wagons de derrière qui se trouvaient hors du tunnel.

Quand une explosion surgit dans une mine, ce type de réaction chimique bouffant tout l'oxygène autour est le même.

Afin de ne pas saper le moral de l'Italie au coeur de la guerre, et puisque l'Espagne avait souffert d'un important déraillement de train faisant plus de 500 morts deux petits mois auparavant, les dirigeants italiens ont gardé secret ce drame autant qu'ils en ont été capables.

L'attention locale et internationale était pleinement sur la Seconde Grande Guerre.

Cet important drame ferroviaire italien avait lieu discrètement hier, il y a 70 ans.

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