samedi 31 mai 2014

Robert Altman

Il avait la tête du Colonel Sanders.
Il avait les yeux d'un bleu/vert très très clair.
Il avait un regard unique.

Ayant passé une large partie de sa vie au Kansas, dans les années 30, il a baigné dans le jazz, un genre qui me plait beaucoup, vous le savez. Il rendra hommage à cette période de sa vie, tard dans sa carrière.

J'ai adoré Robert Altman.
Moins son cinéma, inégal, que l'homme.

Il savait se tenir debout.

Après avoir connu un immense succès avec M*A*S*H* il n'a pas hésité à dénigrer la série télévisée qui en est née, qui dénaturait selon lui tout le propos anti-guerre de sa comédie. Selon plusieurs de ses proches, on lui a refusé des Oscars en raison de ses positions très claires anti-Vietnam, anti-invasion en Irak. Peu importe, Altman devait lui-même s'en moquer.

Quand il a réalisé Popeye pour un grand studio (Paramount/Disney), il n'a pas hésité à ouvrir sa gueule pour dire à son producteur que ce qu'il tournait était de la merde. Vrai, cette comédie musicale est d'une nullité grotesque.

Mais Altman était solide. On lui avait planté le réalisateur Paul Thomas Anderson à ses côtés quand Altman a tourné son dernier film car, passé 80 ans, on ne savait trop si il allait mourir sur le plateau. Il complétera le film sans problèmes. PTA dédiera There Will Be Blood au grand maître.

Le réalisateur filmait si bien son pays que trois de ses films sont préservés dans le registre national des films des États-Unis: M*A*S*H, McCabe & Mrs Miller et Nashville.

Acides satires de la contreculture d'Amérique, Altman privilégiait les conversations naturelles où les comédiens pouvaient improviser du dialogue, hésiter, se couper et même se tromper, comme dans la vraie vie. Vraie vie qu'il avait étudié et pratiqué pendant 17 ans dans le documentaire et le court-métrage avant de tourner son premier long métrage de fiction.

Le Cinéma d'Altman était un cinéma de non-conformiste et d'insoumis.
Et comme cette race est généralement horriblement mal distribuée en copie DVD, il est très difficile de trouver ses films, même dans les grandes villes comme Montréal.

Voici Altman pour moi en 5 films, je n'ai toutefois vu que 12 de ses 34 fictions.

5. The Player/Short Cuts. 1992 & 1993
Bon, ça y est, je commence par une tricherie. Je vous en offre deux d'un coup. Mais c'est que les deux films sont nés de l'univers de deux écrivains qui étaient presque cousins. Du moins de plume. Micheal Tolkin et Raymond Carver. Dans le film de Tolkin, on suit un producteur menacé anonymement et peu à peu paranoïaque dans une critique acerbe d'Hollywood avec des tonnes de brillants caméos et un plan d'ouverture fantastique. Un grand film. Dans le second, adaptation de nouvelles de Carver*, d'une durée de plus de 3h avec 22 personnages d'importance, traite de la chance, du hasard, de la mort, de la fidélité et de son contraire et est tout à fait de son époque. Altman sera en nomination pour l'Oscar du meilleur réalisateur pour ses deux films.

4. The Long Goodbye. 1973
Leigh Brackett avait co-scénarisé le script du film The Big Sleep en 1946 qui mettait en vedette le suave Humphrey Bogart dans le rôle du détective Philip Marlowe, création de Raymond Chandler. La scénariste est réutilisée ici, mais dans le but avoué de faire de Marlowe un sympathique perdant. Cette étude du déclin de la morale d'un homme trempé dans un Hollywood qui implose dans l'obsession du culte de la personnalité, là où on peut ruiner la vie de l'un en un clin d'oeil et où la loyauté et l'amitié est inutile, met en vedette un hilarant Eliott Gould dans le rôle de Marlowe, Sterling Hayden, Nina Van Pallandt, Jim Boulton (un joueur de baseball!) et Mark Rydell (futur réalisateur qui a dans ce film une scène d'une cruauté inhumaine). Très 70's.

3. Gosford Park. 2001
Deux ans auparavant, l'acteur Bob Balaban approche Altman et l'implore de travailler avec lui. Altman lui demande donc de préparer un meurtre et mystère dans un manoir impliquant une étude des classes sociales. Agatha Christie croisé avec Jean Renoir. L'histoire, inspirée aussi de la série culte britannique Upstairs/Downstairs, sera scénarisé par l'acteur/écrivain Julian Fellowes (scénariste pour la première fois) l'action se déroulera au début des années 30. Fellowes, qui créera ensuite Downton Abbey comme un spinoff de ce film, écrit avec beaucoup de finesse des personnages bourgeois et une équipe de bonnes et de valets exceptionelle dans un casting de rêve comprenant Helen Mirren, Alan Bates, Charles dance, Eileen Atkins, Stephen Fry, Michael Gambon, Richard E.Grant, Derek Jacobi, Kelly MacDonald, Ryan Phillipe. Clive Owen, Jeremy Northam, Kristin Scott Thomas, Emily Watson et Maggie Smith. (Cette dernière sera aussi de Downtown Abbey reprenant pratiquement le même rôle). 7 nominations aux Oscars. Chic.   

2. Three Women. 1977
Ce film fût d'abord un rêve de Robert Altman qui n'en avait pas complètement saisi la pertinence. Peu importe, il choisit alors de mettre son rêve en scène dans un village désertique de la Californie et nous présente deux co-locataires, Sissy Spacek et Shelley Duvall, 100% différentes, dont les traits de personnalités subiront de profonds changements à se côtoyer, et à côtoyer une troisième femme, une artiste peintre interprétée par Janice Rule. Le film est effectivement aussi planant qu'un rêve. Ambient, mystérieux, il a une certaine parenté avec le cinéma de David Lynch. Voilà peut-être pourquoi il a fait si grande impression sur moi.

1. Nashville. 1975
5 jours dans la vie des gens entourant l'univers de la musique country et la ville de Nashville. 25 personnages d'importance dans son film le plus inspiré de l'univers documentaire qu'il eût tourné. Inspirés des réels personnalités qui peuplaient Nashville en 1974, le film d'Altman est un véritable pouls de l'Amérique de l'époque dans le Tennessee. Le personnage joué par Henry Gibson (Haven Hamilton) est inspiré de Roy Acuff, Hank Snow et Porter Wagoner, celui de Ronee Blakeley (Barbara Jean) est inspiré de Loretta Lynn.; Le chanteur country noir Tommy Brown (joué par Tim Brown) inspiré de Charley Pride, le trio folk de Peter, Paul & Mary, le couple marié au sein du trio inspiré de Bill Danoff et Taffy Nivert (plus tard devenu Starland Vocal Band), Keith Carradine joue un personnage influencé par la personnalité de Kris Kristofferson et Connie White (inteprétée par Karen Black) ressemble énormément à Lynn Anderson. Une série télé est actuellement en ondes inspirée de ce grand grand film.

Grand Grand Homme.

Je voudrais voir McCabe & Mrs Miller, Quintet, A Wedding.

Il tournait son tout premier documentaire il y a 65 ans.


*Un nouveau recueil de nouvelles regroupant toutes celles illustrées dans le film sera lancé par la suite.

vendredi 30 mai 2014

Je t'ai Entendue Me Voir

Je venais tout juste de me lever d'un somme d'après-midi.
Un court dodo de 16h20 à 17h00 genre.
J'avais donc le cheveu un peu fou et l'oeil bien noir.

L'amoureuse revenait du travail et j'allais reconduire la puce chez une amie.
Je l'ai vu me regarder comme si j'étais le petit nouveau au bureau.

"quoi?"
"T'es ben beau..."
"Je suis en congé les deux prochains jours, pas de trad, pas de nuits blanches, je suis heureux, le bonheur rend beau"

J'ai dit ça spontanément et je le pensais, mais je faisais aussi "control/save/enter" mentalement. Passé 40 ans, on revisite ce type de regard sur soi chez de parfaites étrangères qui ne vous le diront jamais aussi clairement (et que vous vous demanderez toujours si vous n'inventez pas tout ça dans votre tête de déviant) mais venant de celle qui vous trouvait si beau à 20 ans et qui, forcément, ne pose plus les même yeux sur vous, 21 ans et demie plus tard, ça a fait du bien à l'égo. Dans la voiture, je me suis regardé voir c'était quoi pour elle "beau".

Le col de la chemise relevé, la barbe de quelques jours, l'oeil et le sourcil foncés, les lèvres sèches, donc très rouges. J'avais le look d'un bad boy. Pour une fois sa conception de la beauté pouvait peut-être rejoindre la mienne. C'est fou ce que des fois nous sommes aux antipodes sur nos envies. Quand je me trouve mal habillé, avec un manteau de cuir, un polo ou une chemise dans entrée dans les pantalons, elle me trouve beau, quand elle regrette de ne pas s'être peignée ou maquillée, je suis justement en train de la (re)trouver si belle en me demandant "qu'a--t-elle changé, donc?".

Ce regard qu'elle m'a donné dans l'entrée, c'était celui du flirt. Légèrement indisposé par l'effet que l'autre fait sur soi. La paupière un peu lourde et le mouvement des yeux lents. L'insistance du retour visuel sur ce qui devient un être convoité. La main obligatoire passée dans les cheveux, pour se montrer aussi sous son meilleur jour, pour se sentir dans la même ligue que l'autre. Le regard de la jeune femme sortant de la clairière pour y trouver son chevalier.

Quand on passe autant de temps que nous l'avons fait dans l'oeil de l'autre, on fini par ne plus tellement se voir. Et pour nous, avec mes vies parallèles de jour et de nuit, semaine et week-end, c'est encore plus vrai. On se perd de vue. Mais là, je l'ai entendue me voir. Je l'ai sentie me désirer.

Je suis lointain depuis 7 mois. Depuis ce travail de nuit qui fait de notre quatuor un 3 +1 dans bien des situations. Je jongle beaucoup avec l'idée de quitter tout ça. Et de couper du même coup mon salaire de moitié...

Quand je suis revenu à la maison, mon fils avait des tonnes de choses à me raconter sur la FIFA. Cette ligue de soccer, sport qui m'intéresse moins que pas et dont je fais l'extrême effort de feindre un peu d'intérêt pour fiston. L'amoureuse restait derrière, et nous espionnait de loin. Comme une figurante dans un film aurait été légèrement éblouie par des comédiens qu'elle admire loin devant. Je lui lançait un regard de temps à autre. Du flirt bien entendu. un regard qui tentait aussi de lui dire à la fois "Si Monkee n'était pas dans mes pattes, je te montrerais bien l'effet que tu me fais toi aussi"  et "tu vois que je fais un gros effort pour faire semblant que ça m'intéresse?". Je la sentais séduite maintenant par le père que j'étais.

Trucs qui plaisent aux femmes:
-L'apparente virilité d'un bad boy
-La docilité attentive d'un père

Le noir et le rose en même temps.
L'équilibre du danger.

Au secondaire les signaux étaient faciles à décoder.
(C'était avant l'internet)
Vous saviez que quelqu'un pensait beaucoup à vous quand:
-Quand le bottin scolaire, avec nos coordonnées, nos faces, et nos # de téléphones paraissaient, en octobre, le téléphone sonnait désormais pour nous, pour des questions naives sur des devoirs, sujet épuisé en 22 secondes pour parler d'autres choses par la suite. Commençant inévitablement par "kess tu faisais?"

-Une même fille vous accueillait continuellement par une accolade, vous quittait de la même manière et trouvait toute sorte de raison pour poser ses fesses sur vos cuisses quand vous étiez assis entre amis.

-Quand une fille vous volait vos affaires, vous obligeant à négocier avec elle par la suite.

-Quand elle orientait continuellement les conversations sur le sexe et autre fantasmes intimes ou encore quand elle parlait régulièrement des "cadeaux qu'elle aimerait reçevoir".

-Quand elle faisait continuellement sentir en votre présence le désarroi de son célibat.

-Quand elle riait à tout ce que vous disiez. Même ce qui n'était pas drôle.

Mais avec les couples en union libre comme le nôtre, 21 ans sous le même parapluie, les signaux deviennent plus subtils. Parfois même obscurs.

En banlieue le rythme de vie est placé sur la voie d'accotement.
À contre jour, l'image est floue*.

Si bien que quand la lumière est claire comme elle l'était ce jour-là...

La morsure dans l'entrée était un prélude à la petite mort qui accompagnerait la nuit.
Et séduirait les mémoires sensorielles.

*Ce diamant brut d'Alexandre Desilets est retranché de deux bonnes minutes instrumentale en clip vers 2:06. La version de l'album est nettement meilleure, voire bouleversante. Je vous encourage vivement à l'acheter sur ITunes ou mieux, à vous procurer l'album.

jeudi 29 mai 2014

Teintes Sombres et Obscures

Je l'ai d'abord trouvée profondément nouille.

Y a-t-il plus facile que de trouver un homme qui voudrait coucher avec une jeune femme de 21 ans?
Un homme qui volerait un bébé, ça serait tout aussi inexcusable, mais à la limite je pourrais comprendre pourquoi. Un homme ne peut pas se tricoter un bébé tout seul. Mais une femme?

Puis j'ai appris qu'elle avait fait une fausse couche alors enceinte de 5 mois. Et que ceci aurait peut-être été le déclencheur d'une fragilité mentale qui aurait glissé davantage dans le délire avec les années et qui serait devenue parfaite obsession chez Valérie Poulin Collins. Et qu'elle souffrait de problèmes d'ordre mentaux qui l'aurait fait tâter du suicide à plusieurs reprises. La dernière fois, lundi soir, quand elle s'est fait prendre, un bébé volé dans les bras dans son appartement. Elle a avalé le contenu d'une boîte de pilules et est tombée dans un monde parallèle.

Valérie ne vit que dans les mondes parallèles.

Il y a quelques mois, elle avait aussi été victime d'un grave accident de voiture qui avait coûté la vie à un de ses amis, et elle avait été soumise a des médications très fortes dans sa convalescence. Des médications qu'elle prenait encore jusqu'à lundi dernier.

Valérie avait calculé son affaire depuis longtemps. En blackout depuis la perte de son enfant à elle mais aussi instable depuis son accident, elle avait placé un banc de bébé sur la banquette arrière et une affiche "bébé à bord" dans le pare-brise arrière de sa voiture. Elle gardait aussi chez une amie voisine leur petit garçon de 9 mois, jusqu'à ce qu'on découvre que tout ça était extrêmement malsain, puisqu'elle peinait à faire la dissociation entre cet enfant qu'elle considérait parfois le sien et la mère qui venait le reprendre. Celle-ci a dû lui demander poliment de cesser d'offrir ses services et de cesser aussi d'acheter du linge et des jouets pour cet enfant qui n'était pas le sien. Valérie n'a pas cessé. Elle a continué d'acheter, mais au lieu d'offrir au bébé d'en face, elle entreposait le linge et les accessoires dans son appartement. Jusqu'à ce que tout chez elle et dans son environnement n'indique qu'il y avait bien un enfant dans cette maison... sauf l'enfant lui-même. Elle ne faisait pas qu'acheter, elle volait aussi, dans les épiceries à grande surface. Elle s'est fait prendre là aussi. Des articles de bébé. Elle passe en cour pour ça dans un mois.

Valérie avait eu le temps, suite à son accident, d'étudier le modus operandi des infirmières. Leur costume aussi. Elle s'en est procuré un. En entrant costumée dans la chambre de Melissa McMahon, mère d'une fillette de 16 heures, elle lui a fait croire qu'elle devait peser le bébé. Le grand-père maternel l'as trouvé nerveuse. Puis il a trouvé tout ça extrêmement louche quand il a vu la fausse infirmière partir dans la mauvaise direction avant de se raviser dans le bon sens. Très vite il a alerté les gens de l'hôpital mais trop lentement aussi car Poulin Collins était maintenant ailleurs, une fillette volée dans les bras. Une efficace alerte Amber a été lancée.

Deux jours avant le rapt, son copain prétend avoir rompu avec elle. Il affirme aussi qu'elle a une importante tumeur au cerveau, ou assurément des dommages suffisamment importants pour qu'elle soit traitée en permanence avec des anti-biotiques. Un des oncles de Valérie Poulin Collins confirme aussi qu'elle a d'importants problèmes d'ordre psychiatriques mais qu'elle ne ferait de mal à personne. Du moins pas consciemment.

Ça change la perspective de "nouille" à "tristement malade".

Il y a eu ces 4 héros de 20 ans qui ont reconnu Valérie et qui ont guidé la police de Trois-Rivières à la pauvre fille. La fillette est saine et sauve. Pas la grande fille. Valerie Poulin Collins, au moment d'écrire ceci, 48 heures après la tentative de kidnapping, était encore inconsciente ou du moins suffisamment affectée par son ingestion de pilules pour ne pas être en mesure, ni de comparaître aux accusations portées contre elle, ni de se faire questionner sur ses intentions et ses gestes.

Des amis du passé, des gens qui avaient été à l'école avec elle ou qui avaient travaillé avec elle la décrive comme légèrement mythomane. Capable de beaucoup pour attirer l'attention, mais une chose comme ça?...
Tout le monde est sous le choc. Ils trouvaient tous qu'elle avait beaucoup grossie.

Imaginez la gamme des émotions vécues par les parents de la petite fille kidnappée.
Imaginez les familles Poulin et Collins.

La tristesse les habite aussi aujourd'hui ces pauvres gens-là.
Voilà une lumière dont il se serait bien passé.
Une lumière ou une ombre?
TVA ira cogner à leur porte à toute heure du jour pour le restant de la semaine.
Eux aussi ont beaucoup de peine.

Les cicatrices sont larges dans cet entourage.
La fin reste heureuse mais il y a fond d'orage.
Et c'est un peu aussi dommage.

And if your head explodes with dark forebodings too,
I'll see you on the dark side of the moon...

mercredi 28 mai 2014

Dysfonctionnalités Publicitaires

Cette publicité me travaillait depuis quelques temps. Je l'aimais bien en fait. Elle met en vedette plusieurs générations, plusieurs nationalités et plusieurs espaces. Elle met surtout en vedette la musique, ce qui n'est jamais pour me déplaire. Elle me dit aussi cette pub que pendant que vous vous agiter autour, moi, j'ai un réseau souterrain qui me relie à ce même monde excité et me fait m'en évader en même temps.

Presque poétique. Très 2015. Tout en étant 1988...

Et cette musique, toujours cette musique qui m'accrochait. Je connaissais cette musique. Qu'est-ce que c'était déjà?

En revisitant mon Ipod j'ai trouvé.
Ben oui!
1988.
Surfer Rosa, premier album du band de Boston, The Pixies.
'Faisait teeeeeeeeeeeeeeeeeellment longtemps que j'avais entendu. Gigantic, 5ème chanson de 13, la seule composée ET par Black Françis, ET par la bassiste Kim Deal sur ce premier album. Seul extrait envoyé aux radios de l.a. à l'époque. Succès modeste. C'est d'ailleurs cette dernière, Kim Deal, qui la chante. Et cette chanson a été inspirée...attendez...oui...c'est bien celle-là...ça les gens de la campagne marketing ne le savaient pas, cette chanson a été inspirée par le film de 1986 Crime of the Hearts et qui raconte (entre autre) l'histoire d'une femme mariée qui tombe amoureuse d'un adolescent noir. Les paroles originales de Kim Deal étaient même "...Gigantic...Gigantic...Gigantic...a big big cock!"...
Toutefois, le studio n'a jamais accepté que ceci se rendre sur disque (leur premier album en plus!) et a exigé que Kim change cette portion pour "a big big love..." (qu'il est facile de confondre avec "a big big log...")
Portion reprise joliment à la tivi par une sosie d'Elisha Cuthbert dans la pub d'Apple.

Revisitons quelques campagnes de marketing qui ont...disons...été victimes de problèmes de mécaniques...

-MacDonald, 1984.
Olympiques à Los Angeles aux États-Unis. La chaîne de restauration offre des aliments gratuits selon les performances de leur pays: Médaille d'or pour les États-Unis? Big Mac Gratuit! Médaille d'argent? frites gratuites! Médaille de bronze, une liqueur! L'intention était bonne, mais avec les multiples boycotts des pays de l'Est, incluant l'imposante Union Soviétique et l'Allemagne, les États-Unis se sont trouvés à gagner beaucoup plus de médailles qu'ils ne l'auraient normalement faits. 174, dont 83 en or. La campagne tombant rapidement dans le rouge pendant 2 très longues semaines...

-Walkers, 2010.
En Angleterre cette fois, en achetant un sac de Chips Walkers (à 65 cents), vous aviez un code pour pouvoir vous inscrire sur le site du concours qui vous demandait simplement de prédire, où et quand, allait tomber la pluie au pays. Si vous aviez raison, on vous envoyait l'équivalent de 16$ en dollars de chez nous. Chaque sac de chips donnait même 2 codes pour jouer (!) Simple non? Oui, d'autant plus que de nos jours, on peut connaître approximativement 15 jours à l'avance la météo et que le concours s'est tenu EN ANGLETERRE, EN AUTOMNE! Là où il pleut 1 jour sur 3...Après une semaine de perte de plus d'un million de dollars, le site en question est tombé "en panne", reprenant vie à la toute fin du concours par un simple "merci d'avoir joué, désolé des inconvénients...

-Pacific AirLines, 1967.
À San Francisco, un grave crash d'avion impliquant la compagnie et quelques mauvaises décisions bien publicisées allaient faire planter le chiffre d'affaire de la compagnie, il fallait réagir. On a alors embauché le comédien Stan Freberg, ce qui, au lieu de sauver Pacific Airlines de la faillite, les as plutôt condamnés à mort. Dans une pub dans les journaux, Freberg prend le problème de front et choisi de confronter les gens à leur peur. Il dit "Vous avez la chienne de prendre l'avion n'est-ce pas avec tout ce qui s'est passé? Imaginez les pilotes!". Un peu comme si tout de suite après les événements du 11 septembre on aurait dit : "N'ayez crainte, entre vous et moi, combien de terroristes y a-t-il vraiment chez nous?".
Pas en reste, Freberg revient un mois plus tard avec l'idée que les agents de bords offrent des pattes de lapin et autres accessoires porte-bonheur à tous les voyageurs, et oblige les hôtesse à dire à tous les atterrissages "Nous y sommes parvenus! pas mal non?". Freberg n'allait pas s'arrêter là. Il propose de peinturer les avions afin de les faire ressembler à des trains et de faire passer des bruits de train dans les avions au décollage et en plein vol. Un train n'est pas un avion et ne pourra jamais s'écraser. Mais la compagnie le limoge, perdant beaucoup trop d'argent et leur réputation est nettement salie, la compagnie est vendue à Air West.

-Silo, 1986.
La chaîne d'électro des États-Unis Silo a eu la très mauvaise idée d'utiliser un slogan idiot qui les as tout simplement ruiné. Ayant beaucoup de chaîne stéréo à liquider pour 299$, ils ont choisi d'utiliser la phrase "for only 299 bananas get a chain stereo", "bananas" étant un terme extrêmement ancien, début de siècle genre, pour parler de dollars. Les clients se sont donc rués dans les supermarchés pour les vider de leurs bananes, les prenant au premier degré, achetant 300 bananes et s'en gardant une pour la route jusque chez Silo, et les livrant sur le comptoir en échange d'une chaîne stéréo. Une économie de 259$ puisque 299 bananes revenaient alors à 40$. Les employés se sont vus forcés d'accepter et après une journées de perte de plus de 10 000$, ils ont dû retirer la pub. De plus, ils sont aussi restés pris avec des tonnes de bananes que le zoo ne voulait plus et dont les banques alimentaires ne voulaient pas car se sont des denrées périssables. Les mouches ont alors envahies les boutiques et les arrières cour de chez Silo...

-Tesco, 1990 & 2011.
La chaine d'alimentation britannique Tesco a une équipe de marketing puissamment nulle. Dans les années 90, une promotion afin de vendre des balayeuses enjoignait les clients à "achetez une balayeuse Hoover et obtenez des billets d'avions gratuitement pour des vols en direction de l'Amérique!". Les génies du marketing ont pensé extraordinairement naïvement que les clients achèteraient le modèle le plus dispendieux puisque le cadeau des billets d'avion gratuits en aurait justifié l'attitude mais les clients s'en moquaient éperdument. Une balayeuse Hoover à 100$ dont on ne servirait jamais valait bien ce billet d'avion pour New York ou cet autre billet pour la Nouvelle-Orléans ou encore pour la Côte Ouest ou Las Vegas. Après avoir tenté de renverser cette promotion par voies légales (ce qu'ils n'ont réussi que partiellement 8 ans plus tard), ils ont tenté de dissuader les clients d'acheter les modèles les plus cheaps, feignant des ruptures de stock sur ces modèles bas de gamme. 50 millions dans le trou plus tard, les gens du marketing chez Tesco perdaient leur job.
Ce qui n'a en rien empêché l'équipe de 2011 de répéter un fiasco du même acabit. En entrant en guerre contre son compétiteur, Tesco a assuré que non seulement, ils allaient avoir le meilleur prix sur tous les articles en magasin mais qu'en plus, ils paieraient le double de la différence du prix. En d'autres termes, si vous achetiez 10 caisses de vin à 20 dollars chez Tesco et pouviez prouver que le concurrent vendaient les mêmes à 18 $, Tesco allait vous remettre 40$. C'est comme ça que les gens du marketing ont bêtement réfléchi. C'était sous-estimer le pouvoir de l'avarice de l'Homme. Les gens se sont mis à rechercher UNIQUEMENT les articles qui étaient plus chers chez Tesco, même si ils n'avaient pas besoin de ses produits, ne serais-ce que pour se monter un portefeuille en remise, pour ensuite acheter leur vraie épicerie. Exemple: en achetant un produit à 3$ chez Tesco qui était 1$ chez le concurrent, vous obteniez l'article gratuitement et Tesco vous donnait 1$ en plus. En partageant leurs "trouvailles" sur le net, les consommateurs magasinaient des tonnes de cochonneries (Ex: des rasoirs jetables) pour que l'épicerie se paie toute seule. Après avoir perdu une légère fortune, la promotion a dû être révisée à une dépense maximum de 20$...

Tesco avait appris à avoir un plan B dans de telles situation avec l'expérience des années 90...

La pub d'Apple, n'est pas de cet ordre d'incompétence.

Toutefois je ne peux m'empêcher maintenant d'imaginer Elisha Cuthbert attendrie par la grosse bite d'un black dude quand la pub envahie ma tivi.

C'est de la faute à Kim Deal.
Et à ces tronches du marketing.

mardi 27 mai 2014

Le Vendeur de Pop Corn

En allant à la pharmacie l'autre tantôt, Il y avait ce très vieil homme qui était assis dans sa voiture par une journée d'extrême chaleur et qui semblait extrêmement confus. Moi qui n'ai connu aucun de mes grands-parents, qui n'ai donc aucune expérience avec des gens de cet âge avancé, j'ai tout de suite compris cette détresse dans le regard. C'est-dire à quel point, il semblait égaré.
Je suis allé le voir.

"Ça va monsieur?"
"Oui, m'a--t-il dit comme si il sortait d'une rêverie, mais je comprends pas, je n'arrive pas à démarrer ma voiture"
"Mais...mais monsieur, vous êtes assis du mauvais côté pour partir votre voiture, vous êtes assis du côté passager..." lui ai-je dit patiemment. Je voyais bien qu'il avait des clés dans les mains et cherchait autour du coffre à gant du regard.
J'ai aussitôt pensé lui proposer d'aller le reconduire, car si il était si confus dans une voiture stationnée, je l'imaginais bien être dangereux sur la route devant des codes routiers ou des comportements de 450 au volant, mais n'ai pas eu le temps car son fils, est arrivé à la course en sortant de la pharmacie, lui a parlé dans une langue étrangère, et m'a remercié de m'être occupé de son père, mentalement perdu en s'escusant de l'avoir laissé seul un instant.

Dimanche, la vieille Société mère de Radio-Canada télé était ce vieil homme.

Je cherchais une station qui nous diffuserait en direct la cérémonie de remise de prix du Festival de Cannes, mais n'ai trouvé que RDI, avec Marie-Claude Lavallée et Michel Coulombe assis devant une télé eux aussi, qui nous commentait en direct ce dont ils étaient témoins sur leur téléviseur. Comme en 1952 quand les droits de la Soirée du Hockey ne diffusaient que les images de la seconde et de la troisième période, n'ayant pas les droits (l'intérêt?) de la première période et que les animateurs nous racontaient dès le départ l'histoire du déroulement du match en cours.

Petite parenthèse tout de suite sur le résultat de cette remise de prix: si on disait mon nom dans la même phrase que celui de Jean-Luc Godard quelques cinquante fois dans la même journée, et ce partout à travers le monde et dans toutes les langues, je serais assurément l'homme le plus fier sur terre. Et j'aurais le sentiment d'être nettement accompli dans mon métier.

58 ans de différence entre le prix du Jury de Cannes 2014 Québécois et le géant avec lequel il partage la récompense.

Revenons justement à cette histoire de vieillards.

Je revenais d'une nuit de travail, alors le temps que je me change, me douche et tout, RDI "faisait du temps" en ondes.

Oulàlà...
Oulàlàlà...
Oulàlàlàlà...

Vincent Guzzo? Vraiment?
Vous vouliez les impressions de Vincent Guzzo en direct à la télé?
Pourquoi essayez vous de partir la voiture du côté passager?

Il y avait parfum de "Du Talent à Revendre" avec le créateur d'un boys band dans les membres du jury.
Ne lui faites pas parler de musique.
Faites lui parler d'habitudes de consommation, ça il connaît.
C'est ça sa matière première.
Pas la couleur de l'art en question.
Il vous dira vert pia$$e.

Si un pâtissier de chez-nous faisait un gâteau extraordinaire qui remportait un prix à l'international, vous voudriez parler au directeur de la campagne marketing des gâteaux Vachon? Attention, ces gens font un travail respectable et nécessaire, mais leur lien avec le produit est 100% d'intérêt financier. Vincent Guzzo s'intéressent aux films, seulement si ils peuvent aussi vendre du pop corn et boucher le stationnement. Xavier Dolan ne fait pas du cinéma grand public. Il ne fait même pas du cinéma petit public. Il fait du cinéma de tempérament. Comme il le sent. Et c'est souvent déconcalisse.

Ce n'est pas une raison pour que les réalisateurs télé de chez nous virent molasse toutefois..

Guzzo avait peu à dire sur le cinéma de Xavier Dolan. Il avait aussi, comme toujours, très peu à dire, sur le cinéma tout court. Lui ce qu'il connait, je le répète, ce sont les habitudes de consommation de sa clientèle.

Ziront pas voir le film de Xavier. Trop excentrique.
Guzzo c'est l'amour, réel ou suggéré, du plus grand nombre.
Dolan filme les fantasmes des amours imaginaires, principalement les siennes.

Son succès à l'étranger est plus rassembleur virtuellement que ses films ne le seront jamais.

Parce que quand Dolan fera des films pour le plus grand nombre, il cessera probablement.

On ne peut pas en vouloir à Guzzo d'avoir été sollicité pour quelques commentaires sur cette rare (deuxième après Arcand en 1989) récompense Québécoise en direct à la télé.
Mais on peut se poser la question pourquoi avoir demandé l'avis du marchand de tapis, alors qu'on s'intéressait à la confection du tapis. Et comment il se comportait selon la la lumière du jour.

Pas dans les coffres de l'entreprise qui les distribue.

Le réalisateur de Radio-Can, à cette heure-là, tentait de partir la voiture, assis du côté du passager...