mardi 27 mai 2014

Le Vendeur de Pop Corn

En allant à la pharmacie l'autre tantôt, Il y avait ce très vieil homme qui était assis dans sa voiture par une journée d'extrême chaleur et qui semblait extrêmement confus. Moi qui n'ai connu aucun de mes grands-parents, qui n'ai donc aucune expérience avec des gens de cet âge avancé, j'ai tout de suite compris cette détresse dans le regard. C'est-dire à quel point, il semblait égaré.
Je suis allé le voir.

"Ça va monsieur?"
"Oui, m'a--t-il dit comme si il sortait d'une rêverie, mais je comprends pas, je n'arrive pas à démarrer ma voiture"
"Mais...mais monsieur, vous êtes assis du mauvais côté pour partir votre voiture, vous êtes assis du côté passager..." lui ai-je dit patiemment. Je voyais bien qu'il avait des clés dans les mains et cherchait autour du coffre à gant du regard.
J'ai aussitôt pensé lui proposer d'aller le reconduire, car si il était si confus dans une voiture stationnée, je l'imaginais bien être dangereux sur la route devant des codes routiers ou des comportements de 450 au volant, mais n'ai pas eu le temps car son fils, est arrivé à la course en sortant de la pharmacie, lui a parlé dans une langue étrangère, et m'a remercié de m'être occupé de son père, mentalement perdu en s'escusant de l'avoir laissé seul un instant.

Dimanche, la vieille Société mère de Radio-Canada télé était ce vieil homme.

Je cherchais une station qui nous diffuserait en direct la cérémonie de remise de prix du Festival de Cannes, mais n'ai trouvé que RDI, avec Marie-Claude Lavallée et Michel Coulombe assis devant une télé eux aussi, qui nous commentait en direct ce dont ils étaient témoins sur leur téléviseur. Comme en 1952 quand les droits de la Soirée du Hockey ne diffusaient que les images de la seconde et de la troisième période, n'ayant pas les droits (l'intérêt?) de la première période et que les animateurs nous racontaient dès le départ l'histoire du déroulement du match en cours.

Petite parenthèse tout de suite sur le résultat de cette remise de prix: si on disait mon nom dans la même phrase que celui de Jean-Luc Godard quelques cinquante fois dans la même journée, et ce partout à travers le monde et dans toutes les langues, je serais assurément l'homme le plus fier sur terre. Et j'aurais le sentiment d'être nettement accompli dans mon métier.

58 ans de différence entre le prix du Jury de Cannes 2014 Québécois et le géant avec lequel il partage la récompense.

Revenons justement à cette histoire de vieillards.

Je revenais d'une nuit de travail, alors le temps que je me change, me douche et tout, RDI "faisait du temps" en ondes.

Oulàlà...
Oulàlàlà...
Oulàlàlàlà...

Vincent Guzzo? Vraiment?
Vous vouliez les impressions de Vincent Guzzo en direct à la télé?
Pourquoi essayez vous de partir la voiture du côté passager?

Il y avait parfum de "Du Talent à Revendre" avec le créateur d'un boys band dans les membres du jury.
Ne lui faites pas parler de musique.
Faites lui parler d'habitudes de consommation, ça il connaît.
C'est ça sa matière première.
Pas la couleur de l'art en question.
Il vous dira vert pia$$e.

Si un pâtissier de chez-nous faisait un gâteau extraordinaire qui remportait un prix à l'international, vous voudriez parler au directeur de la campagne marketing des gâteaux Vachon? Attention, ces gens font un travail respectable et nécessaire, mais leur lien avec le produit est 100% d'intérêt financier. Vincent Guzzo s'intéressent aux films, seulement si ils peuvent aussi vendre du pop corn et boucher le stationnement. Xavier Dolan ne fait pas du cinéma grand public. Il ne fait même pas du cinéma petit public. Il fait du cinéma de tempérament. Comme il le sent. Et c'est souvent déconcalisse.

Ce n'est pas une raison pour que les réalisateurs télé de chez nous virent molasse toutefois..

Guzzo avait peu à dire sur le cinéma de Xavier Dolan. Il avait aussi, comme toujours, très peu à dire, sur le cinéma tout court. Lui ce qu'il connait, je le répète, ce sont les habitudes de consommation de sa clientèle.

Ziront pas voir le film de Xavier. Trop excentrique.
Guzzo c'est l'amour, réel ou suggéré, du plus grand nombre.
Dolan filme les fantasmes des amours imaginaires, principalement les siennes.

Son succès à l'étranger est plus rassembleur virtuellement que ses films ne le seront jamais.

Parce que quand Dolan fera des films pour le plus grand nombre, il cessera probablement.

On ne peut pas en vouloir à Guzzo d'avoir été sollicité pour quelques commentaires sur cette rare (deuxième après Arcand en 1989) récompense Québécoise en direct à la télé.
Mais on peut se poser la question pourquoi avoir demandé l'avis du marchand de tapis, alors qu'on s'intéressait à la confection du tapis. Et comment il se comportait selon la la lumière du jour.

Pas dans les coffres de l'entreprise qui les distribue.

Le réalisateur de Radio-Can, à cette heure-là, tentait de partir la voiture, assis du côté du passager...


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