samedi 7 juin 2014

Stone

Oliver.

J'ai par le passé aimé Oliver Stone. Pour Platoon surtout. Wall Street et JFK aussi. Avec une trilogie d'intérêt, en général je suis. Mais l'excessif et intense réalisateur, amateur de sujet controversés très très étatsuniens et qui aime donner un angle encore plus scandaleux à des sujets qui le sont déjà m'a un peu perdu avec le temps.

Comme un cocaïnomane perdrait contact avec la réalité.

Stone a été cocaïnomane. Lourd. Il en a encore quelques dommages collatéraux comme une vraie dépendance à l'alcool et une fâcheuse tendance à ressembler à Al Pacino dans Scarface (que Stone a scénarisé) quand celui-ci pète un plomb.

Survol de 23 coups de caméras et de 6 efforts d'écriture qui sont presque autant de coups de gueules de sa part.

Gueule de vétéran cicatrisé du Vietnam.

1974: Stone co-scénarise et réalise l'histoire de trois vilains (dont Hervé Villechaize) qui un à un, tuent tous les amis et l'entourage d'un écrivain de romans d'horreur. Pas vu.

1978: Midnight Express était d'abord un récit de 1977 de Billy Hayes narrant sa propre expérience alors qu'étudiant, il avait été emprisonné en Turquie pour avoir voulu exporter du hashish du pays. Toutefois Hayes dénoncera l'adaptation scénaristique que Stone en fait pour Alan Parker, stipulant que les Turcs n'étaient pas aussi brutaux qu'exposé dans le film. Même Stone regrette cette variation de la vérité, mais pas l'Oscar du meilleur scénario adapté qu'il s'est mérité. Vu. Brutal mais très bien.

1981: Tiré du roman The Lizard's Tail de Marc Brandell, Stone adapte ce drame d'horreur psychologique mettant en vedette Micheal Caine, qui y perd sa main dans un bête accident de voiture. Lorsqu'on ne retrouve plus la main, celle-ci prend vie et se découvre un talent de parfaite meurtrière. Vu. Très amusant.

1982: Stone co-scénarise avec John Milius un amalgame des histoires de Robert E. Howard impliquant son héros Conan The Barbarian. Débuts d'Arnold Schwarzenneger, met aussi en vedette James Earl Jones et est réalisé par Milius. Pas vu.

1983: Stone scénarise pour Brian De Palma une nouvelle version, cubano-étatsunienne cette fois, de Scarface. Seul Steven Bauer sera de réelle origine cubaine dans le film toutefois. Stone s'inspire de sa propre dépendance à la coke. Le film devient culte. Vu. Beaucoup aimé.

1985: Micheal Cimino adapte le roman de Robert Daley The Year of the Dragon. Il n'en est toute fois pas complètement satisfait. Gagnant de l'Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur de 1978, il se rappelle le gagnant du meilleur scénario adapté et le contacte. Stone apporte sa contribution scénaristique à ce film d'action aux airs criminels. Pas vu.

1985: 8 Millions Ways To Die sera le dernier film du réalisateur Hal Ashby. Robert Towne signe l'adaptation des aventures du détective Matthew Scudder (un personnage de l'écrivain Lawrence Block) mais n'assume pas complètement le script. Non seulement se cache-t-il sous le pseudonyme de David Henry Lee mais Oliver Stone vient lui donner quelques coups de crayons aussi. Vu. Bien aimé l'idée de nous
sacrifier quelques personnages inattendus vers la fin, nous désorientant assez solidement.

1986: Stone s'associe au photographe de guerre Richard Boyle pour scénariser Salvador mettant en vedette le toujours excellent James Woods. Stone réalise aussi ce film qui traite du photographe de guerre coincé entre la guerilla de gauche et la branche militaire de droite dans la guerre civile du Salvador. Critique très dure de la participation fantôme des États-Unis.

1986: Premier film, scénarisé et tourné par un vrai vétéran de la guerre du Vietnam, Stone se verra largement récompensé par le public, et par les Oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Il s'inspire de sa propre expérience là-bas et c'est horriblement fameux. Stone est au sommet de la pyramide avec un casting formidable. Et des scènes inoubliables. Vu. Acheté.

1987: Le père d'Oliver Stone était courtier dans la grande dépression à Wall Street, ce film lui sera dédié. Inspiré par Dennis Levine, Ivan Boesky, Carl Icahn, le collectionneur d'art Asher Edelman, Oliver Stone lui-même, Michael Milken et l'agent d'artiste Micheal Ovitz, Stone et Stan Weiser composent le fameux personnage de Gordon Gekko d'abord offert à Warren Beatty, qui refuse, puis à Richard Gere qui refuse aussi (ouf!). Oscar du meilleur acteur pour Micheal Douglas. Vu. Fameux film. Toujours d'actualité.

1988: Stone adapte et réalise pour le ciné la pièce d'Eric Bogosian et de Tad Savinar traitant de la mort de l'animateur radio Alan Berg 4 ans plus tôt et engage Bogosian pour jouer le rôle principal. Vu. Excellent. Paranoiaque. Une version Québécoise devrait mettre en vedette Benoit Dutrizac.

1989: Le second volet de la trilogie Vietnamienne vaut a Stone son second Oscar comme meilleur réalisateur. Cette fois, l'histoire est celle (vraie) de Ron Kovic, vétéran de la guerre du Vietnam, son passage traumatisant la-bas, son retour aux États-Unis, ses désillusions, son amertume et sa culpabilité. Survol difficile de choix étatsuniens. Vu. Très bon. Une scène avec Lily Taylor entre autre. Bouleversante.

1991: La vision d'Oliver Stone de son groupe de musique préféré est toute personnelle et a très peu a voir avec la réalité. Toutefois la musique est toujours excellente. Vu. Aimé. la musique.

1991: L'interprétation de Stone de la mort de JFK est aussi celle de Jim Garrison, mais reste fascinante. Casting de rêve, dépoussiérage de mythe, splendide cinématographie de Robert Richardson et fameux montage de Joe Hutshing et Pietro Scalia tous récompensés d'Oscars. Premier volet de sa trilogie présidentielle. Vu. Acheté.

1993: Dernier volet de la trilogie Vietnamienne, nous suivons cette fois principalement l'histoire (vraie) de Le Ly Hayslip, soit du point de vue d'une jeune femme vietnamienne, amenée en Amérique et qui y découvre un tout nouvel univers, et un mari qu'elle croyait connaître, mais qu'elle connaissait peu finalement. Vu. Beaucoup aimé.

1994: D'une subtilité gauche, son effort suivant, qui partait d'une idée de Quentin Tarantino, et qui est devenue une critique du traitement par les médias de la violence en Amérique est extraordinairement malhabile. Toutefois, visuellement, c'est encore très fort. La violence n'est-elle pas d'abord et avant tout un pêché visuel? Vu. Plus ou moins aimé.

1995: Le deuxième volet de la trilogie présidentielle placera la caméra de Stone sur la vie de Richard Nixon. Paul Sorvino en Henry Kissinger est une erreur grotesque mais bon. Le film n'est pas si mal. Vu. Aimé.

1996: Comédie musicale adaptée d'Andre Lloyd Webber et Tim Rice par Stone & Alan Parker. Ce dernier réalisera le film racontant la vie de la femme du leader argentin Juan Peron. Comédie musicale? Madonna? Pas pour moi. Pas vu. À partir de maintenant, Stone me désinteressera grandement.

1997: Tiré du livre Stray Dogs de John Ridley, Stone tourne un road movie largement anecdotique avec pourtant un excellent casting. Vu. Très déçu.

1999: Croisement entre trois scénarios traitant du football de la NFL, Stone amalgame le tout et nous offre un drame sportif moyen. Vu. Déçu.

2003: Stone interviewe Fidel Castro sur plusieurs sujets pendant trois jours. Documentaire. Pas vu.

2004: Stone tourne un film grand budget d'époque, narrant ce que l'on croit savoir d'Alexandre le Grand. Pas vu. Pas intéressé.

2004: Oliver Stone reprend en partie l'iinterview avec Fidel et le monte cette fois en long-métrage documentaire, juxtaposé à des propos du peuple de Fidel, sur Fidel. Fidel et son peuple, quoi. Pas vu.

2006: Son film de 2006 est tout simplement plate. Le réalisateur qui a quelques fois amené de l'eau au moulin, quelques autres fois jeté de l'huile sur le feu, tourne ici atrocement nonchalamment. Vu. Très, très déçu.

2008: Dernier volet de sa trilogie présidentielle, la vie de George W. Bush relève plus du téléfilm que du film. Vu. Aimé quand même.

2009: Road movie politique documentaire, son projet suivant étudie Hugo Chavez sous l'influence du journaliste britano-pakistanais Tariq Ali. Pas vu.

2010: Son effort de 2010 est comme le retour d"un ancien excellent joueur, sur le déclin, dans l'équipe qui l'avait rendu célèbre. Vu. Plus ou moins réussi à mon avis. Malgré la présence de Carey Mulligan que j'aime beaucoup.

2012: Savages est inspiré du roman du même nom de Don Winslow. L'histoire raconte les aventures d'un trio d'étatsuniens dans le coeur du trafic de drogue au Mexique. Pas vu.

En 2015, Stone prévoit lancer le film qu'il commencera à tourner bientôt sur les révélations d'Edward Snowden.

C'est ce qu'il a annoncé cette semaine.





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